L'Etat a trouvé
une solution alternative à la crise financière qui frappe, de plein fouet,
depuis plusieurs années, les entreprises du BTPH, dont la plupart, et en
particulier celles étrangères, ont gelé leurs chantiers, ou réduit le rythme
des travaux de réalisation, faute de règlement de leurs factures. Une situation
qui affecte, beaucoup, de projets d'habitat, dont ceux de l'AADL, l'ENPI, et
qui explique les retards à répétitions des projets de logements, des
différentes formules. On estime officiellement, les créances de l'Etat,
vis-à-vis de ces entreprises du BTPH à environ 130 milliards de dinars. En
fait, les retards énormes, parfois de plus d'une année, du paiement des entreprises
réalisatrices, des projets d'habitat, autant ceux des programmes LPP ou AADL,
ainsi que le logement social, dure depuis le début des années 2010. Mais, la
crise s'est exacerbée, avec la baisse des recettes pétrolières, ce qui a,
directement, impacté le rythme de réalisation des différents projets d'habitat,
en dépit des assurances du gouvernement, à travers le ministre de l'Habitat.
Des entreprises turques et chinoises ont, même, gelé depuis quelques mois,
leurs chantiers. Une situation critique, d'autant que les représentants des
entreprises du BTPH algériennes harcèlent, depuis un mois, le ministère de
l'Habitat pour le paiement de leurs créances. Mais, des avancées sont annoncées
par des sources proches du gouvernement pour le paiement des créances des
entreprises du BTPH. Une source proche du ministère de l'Habitat a indiqué
qu'une partie des 130 milliards de DA de dettes au profit des entreprises du
BTPH sera payée, après que les banques, notamment le CPA et la CNEP, aient
refusé de leur accorder des financements, en raison de problèmes de liquidités.
« L'argent sera
débloqué ,dans les prochaines 48 heures. Les
promoteurs seront payés, avant le début du mois de Ramadhan », précisent les
mêmes sources au ministère de l'Habitat, où une délégation des entreprises du
BTPH avait été reçue, à plusieurs reprises. En visite, à la fin du mois
d'avril, à Médéa, le Premier ministre Abdelmalek Sella avait lancé des signaux
rassurants, soulignant, d'abord, que le paiement des entreprises du BTPH sera
réglé, ensuite la mise en place de mesures fiscales, en faveur de ces mêmes
entreprises du BTPH. Pour autant, il a reconnu que, face aux projets
actuellement en cours et ceux programmés, ?'le budget des États-Unis ne nous
suffira pas pour poursuivre la réalisation de logements au rythme actuel. »
Après une rencontre avec le président du FCE, le Premier ministre a pris une
série de mesures de facilitations fiscales et parafiscales pour les entreprises
du BTPH. Jeudi, à la radio nationale, le vice-président de l'Association
nationale des sociétés algériennes (ANSA), Nabil Hedjazi
a, en effet, annoncé qu' « une instruction a été donnée par la Premier
ministre, aux ministres des Finances et celui du Travail, permettant
l'établissement d'un échéancier, en faveur des entreprises, activant dans le
domaine du BTPH, pour le paiement de leurs arriérés fiscaux et ceux des
cotisations de la sécurité sociale ». Cette décision a été prise, a-t-il
affirmé, à l'issue d'une rencontre entre les représentants de ces entreprises
avec M. Sellal, le 26 avril dernier. Au cours de
cette rencontre, une liste de propositions a été remise, aux pouvoirs publics,
pour prendre en charges les problèmes et les préoccupations des opérateurs dans
ce domaine. Selon M. Hedjazi, au moins 60% des 3.500
entreprises du BTPH, en Algérie, soit près de 2.100 sociétés, ont un « sérieux
problème » de financement. Pour contourner le problème de retard des paiements
des entreprises, un « deal » a été trouvé, entre les entreprises et les walis,pour l'annulation des pénalités de retard des projets
et la prorogation des délais de réalisation pour « améliorer les conditions de
travail des entreprises et la sauvegarde d'un million d'emplois qui sont
menacés », explique M. Hedjazi, selon lequel le
montant de la dette fiscale de ces entreprises, à l'égard du Trésor public,
s'élève à 1,5 milliard de DA. Des versements ont déjà été effectués, et
d'autres devraient se faire dans les jours à venir, permettant aux entreprises
de poursuivre leurs activités et la réalisation des projets, a-t-il dit. Parmi
les autres mesures prises en faveur de ces entreprises, il y a, également, une
baisse des taux d'intérêts des crédits bancaires, allant de 4 à 5% contre 7 et
8%, actuellement, en matière d'accompagnement bancaire des
ces entreprises de BTPH. Ce qui devrait les encourager à financer les projets
et les achever, dans les délais impartis, indique-t-on de même source. Mais,
globalement, ces problèmes financiers auxquels sont confrontées les entreprises
du BTPH devraient s'estomper lorsque leurs créances qu'ils détiennent auprès
des maîtres d'ouvrages, c'est-à-dire les institutions et entreprises publiques
(ministère, OPGI, ENPI, etc.) seront payées. Des soupapes de sécurité devraient
être mises en œuvre, en attendant le paiement des entreprises du BTPH, à
travers une plus grande ouverture pour ces entreprises, à la promotion
immobilière et des investissements dans cette filière, à raison de 40% des
réalisations pour location et 60% à la vente, ainsi que la création
d'entreprises de gestion immobilière, ce qui devrait améliorer leur trésorerie.
C'est là une des propositions soumises au Premier ministre pour « éviter la
faillite de plusieurs entreprises sans, toutefois, exclure les sociétés
étrangères qui demeurent un partenaire indispensable », a précisé M. Hedjazi. Il a préconisé la création d'un observatoire
national, pour les métiers du BTPH, troisième pourvoyeur d'emplois dans le
pays.