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La presse
algérienne a fêté hier son anniversaire. Dans la morosité et l'inquiétude. Le
responsable étant le climat d'incertitude qui entoure de plus en plus le
travail des journalistes. Victimes collatérales de la crise économique,
beaucoup de périodiques, régionaux surtout, ont cessé de paraître et licencié
cavalièrement leurs personnels.
Hormis les classiques injonctions et menaces des pouvoirs publics, la presse se débat dans d'inextricables difficultés financières induites par une publicité réduite à sa plus simple expression. Le constat est aussi vrai pour la presse indépendante, privée pour certains, que publique asphyxiée par le recul des recettes publicitaires aussi bien chez les annonceurs étatiques que les entreprises privées. Le gel des projets, le peu de perspective qu'offre désormais le marché algérien et l'absence de prévisions optimistes pour la relance de l'économie nationale ont conduit à la désaffection d'un monopole sur la publicité qui gardait en vie la majorité des titres du paysage médiatique national sous perfusion. Evoquer la presse, c'est aussi parler des conditions de précarité de ses employés. Excepté quelques logos à fort tirage, la plupart des journaux sous-payent leurs personnels, les exploitent et les font travailler dans des conditions souvent déplorables. Le droit d'informer passe alors par le souci de survivre et certaines gens de la presse en oublient presque les fondamentaux de la profession. Lorsque Ouyahia, méprisant, affirmait qu'on pouvait acheter un correspondant de presse avec un bon d'essence, il n'était pas loin de la réalité, fût-elle aussi caricaturale. La vérité, c'est que, loin de la sécurité des rédactions centrales, le journaliste est livré à lui-même, obligé de se débrouiller par ses propres moyens et de faire face à la notabilité de la région. Sans aucune couverture, il se retrouve otage de sa propre condition sociale précaire, prêt à sacrifier un ou deux principes presque inutiles sur le moment. Le but n'étant pas de faire le procès de la presse ou d'une certaine presse mais d'un système qui est arrivé à corrompre une profession à force de BRQ et d'offres de service. Si l'Etat a permis à des journaux de vivre au biberon de l'Anep, c'est simplement pour donner l'illusion d'une presse multiple et indépendante, une image à exporter et noyer les titres prêtés à l'opposition sous le poids du nombre. Evoquer le 3 Mai, c'est parler inévitablement de la liberté d'expression qui trouve un autre terrain pour s'illustrer. Les blogueurs ou journalistes citoyens sont devenus, à force, une voix de substitution à une presse trop tournée vers son nombril quitte à risquer de disparaître. Mais là aussi la censure est présente et la répression de la liberté de parole trouve son relais dans les procès intentés contre les blogueurs. |
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