On savait que le ministère de
la Jeunesse et des Sports et le Comité olympique algérien gardaient leurs
distances depuis le début du renouvellement des instances fédérales sportives.
La tutelle avait, comme principal prétexte, les mauvais résultats enregistrés
aux derniers jeux Olympiques disputés à Rio de Janeiro, pour justifier sa
démarche consistant à opérer un changement radical dans la composante humaine
des fédérations, et notamment celles dites olympiques. Presque tous les
présidents et leurs bureaux du précédent mandat étaient considérés inéligibles,
même ceux faisant partie des fédérations qui ont réussi quelques prouesses sur
le plan international en matière de résultats, à l'image de celles de la natation
et de la boxe. Le MJS a voulu repartir sur de nouvelles bases et, pour ce
faire, il a estimé que la majeure partie des nouvelles fédérations doivent être
dirigées par une nouvelle composante humaine de cadres sportifs. Les assemblées
générales de chaque fédération ont été instruites dans ce sens pour appliquer
le processus nécessaire. Les décisions de rendre inéligibles les personnes qui
ont postulé pour un nouveau mandat ont été parfois inappropriées, voire
antiréglementaires, et la quasi-totalité des recours présentés par ces derniers
pour faire valoir leur droit de participer à ces élections ont été rejetés ou
même pas traités. Certains observateurs ont donné raison au MJS en raison de la
mauvaise gestion qui a caractérisé le dernier mandat des fédérations, dont
plusieurs d'entre elles n'ont pas atteint les objectifs tracés. En outre, elles
ont connu des tiraillements et des conflits personnels dont les athlètes ont
fait les frais. Les raisons qui ont renforcé la conviction de la tutelle à
opérer coûte que coûte des changements radicaux au sein de ces fédérations ont
trait, sans nul doute, aux manœuvres de certains responsables de fédération
pour s'accaparer un autre mandat au détriment des jeunes cadres sportifs qui
attendaient impatiemment leur tour afin de se mettre au service du sport
algérien. Ces derniers, dont la démarche est légitime, veulent démontrer leur
savoir-faire et prouver qu'ils sont capables de donner à la pratique sportive
de haut niveau un nouvel élan au plan national et international. Quant au
Comité olympique, ses responsables considèrent que le MJS ne doit pas mettre
sur la touche ou d'éliminer définitivement des personnes ayant acquis une
longue expérience, encore aptes à servir le mouvement sportif national, surtout
que ce dernier se trouve en phase de reconstruction. Le COA rejette cette «
politique de coupure » entre les anciens cadres sportifs et les nouveaux, et
souhaite que la tutelle entretienne plutôt l'osmose entre les deux générations,
estimant que cela sera profitable au sport algérien à l'avenir. Le Comité
olympique fera encore remarquer que la cacophonie qui entoure le renouvellement
des instances sportives perturbe la concentration des efforts, et considère que
les dirigeants qui ont été par le passé à l'avant-garde du sport algérien
méritent mieux. Le président sortant du COA, Mustapha Berraf,
lors de sa dernière conférence de presse tenue à la fin des travaux de l'AGO, a
réfuté les critiques de ceux qui, dira-t-il, ont minimisé les résultats des
athlètes algériens aux jeux Olympiques, estimant que n'importe quel athlète,
aussi fort soit-il, reste exposé à la défaite à tout moment. Berraf dira aussi que le COA n'a ménagé aucun effort ces
dernières années pour mettre le sport algérien sur de bons rails. « Nous avons
tout fait pour jeter les bases d'une nouvelle élite du sport algérien, en
encourageant les fédérations sportives à faire confiance aux jeunes talents, à
l'image de ceux lancés lors des jeux Africains de Maputo au Mozambique, et qui
ont pris part à plusieurs manifestations sportives internationales dans le but
de leur permettre d'acquérir l'expérience. Le président sortant du Comité
olympique algérien a indiqué aussi que l'instance sportive qu'il a dirigée
s'est inscrite dans la politique sportive des pouvoirs publics chargés du
sport, en mettant en avant sa contribution dans la mise en place de certaines
infrastructures sportives et l'obtention de l'organisation en Algérie des jeux
de la Jeunesse africaine 2018 ainsi que les jeux Méditerranéens de 2021. Tout
en évitant un conflit ouvert avec le MJS, Berraf a
reconnu que les pouvoirs publics ont toujours apporté l'aide nécessaire au
Comité olympique algérien, mais n'a pas manqué d'émettre des critiques envers
des parties désirant imposer un changement à la tête du COA, estimant qu'il a
toujours servi loyalement le sport algérien. «Personne ne pourra attenter à mon
honneur», a martelé Berraf, qui a affirmé qu'il est
prêt à rendre des comptes au MJS pour prouver sa bonne gestion du COA. Des
propos qui en disent long sur le climat qui existe entre le MJS et le COA. Les
jours qui nous séparent de l'assemblée élective du COA nous renseigneront mieux
sur les relations entre les deux parties.