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La
mise en place d'une industrie de la pièce de rechange, en général, et de la
sous-traitance, en particulier, est un passage obligé pour la création d'une
industrie de l'automobile, en Algérie.
D'autant que les importations de pièces détachées se sont établies, en 2016, à plus de 1 milliard de dollars. C'est ce qu'a affirmé, hier, mercredi, à la radio nationale M. Mourad El Eulmi, vice-président de l'Association des concessionnaires automobiles. «L'élaboration d'un nouveau cahier de charges pour la pièce de rechange, montre que pour la première fois, le gouvernement a une stratégie très claire sur l'industrie automobile, et conforme à la loi de 2014, pour l'organisation d'un marché de l'industrie automobile neuf», a-t-il dit. Avec la mise en place d'une industrie de la pièce détachée, de l'automobile, ce sont des «projets qui convergent vers la création d'une base industrielle qui pourrait être un relais de croissance pour l'Algérie», estime M. El Eulmi. Il a expliqué que le marché de la pièce détachée échappe, en fait, à tout contrôle de l'Etat, avec l'importation de la pièce détachée contrefaite. Ce marché pèse, selon M. El Eulmi, 1,2 milliard de dollars, et «sur ce montant, les concessionnaires importent pour seulement 200 millions de dollars, et donc le reste, soit 1 milliard de dollars, provient des autres importateurs.» Pour autant, il relève qu'on ne sait «pas d'où vient la pièce de rechange de ce milliard de dollars, qui importe ces pièces de rechange ? Tout le monde, et n'importe qui peut importer de la pièce de rechange contrefaite, il y a de la surfacturation, et donc il faut mettre de l'ordre dans ce marché.» Pour le vice- président de l'Association des concessionnaires automobiles, le marché de la pièce de rechange peut être régulé et assaini, et «on peut aller jusqu'à 500 millions de dollars, et pas plus» dans l'importation de la pièce détachée, explique t-il. «Le cahier des charges a été fait, en 2016, pour les concessionnaires automobiles qui peuvent s'inspirer de ce cahier des charges pour éviter la surfacturation et exiger que la pièce de rechange soit achetée, exclusivement chez le constructeur», plaide M. El Eulmi qui précise qu' «il y a les équipementiers, et que les concessionnaires comme les importateurs de pièces détachées, peuvent acheter chez ces équipementiers». Car, selon lui, «des pièces de rechange viennent de paradis fiscaux où on ne construit pas de voitures, des Emirats arabes Unis où on ne construit pas de voitures, etc. On connaît les lieux de fabrication de la pièce de rechange, et de là on peut remonter vers les filières et combattre le mal», estime M. El Eulmi. Il est vital qu'aujourd'hui, «on doit aller vers la fabrication de pièces de rechange, localement, et faire de l'exportation de pièces de rechange, et avoir une vraie industrie automobile.» Il faut, par ailleurs, passer par la sous-traitance dans la mise en place d'une industrie automobile. «Il faut passer par cette phase, par contre, il y a une industrie de pièces de rechange locale nettement concurrentielle de la pièce de rechange de contrefaçon importée», relève t-il, avant de souligner qu' «il faut protéger cette industrie, en limitant l'importation de pièces de rechange.» En fait, «il s'agit de savoir quoi importer et quoi exporter, dans le cas de développement de cette filière», explique M. El Eumi, pour qui «l'Algérie a des avantages comparatifs importants dont la proximité du marché européen.» D'autre part, le vice-président de l'Association des concessionnaires automobiles estime qu'il faut interdire l'importation de pièces de rechange qui ne soient pas celles du constructeur ou des équipementiers certifiés par les constructeurs. «Les autres, il faut les interdire, il faut être rigoureux et impliquer le constructeur, et autoriser les pièces de rechange qui répondent aux normes algériennes», ajoute-t-il. En 2016, les importations de pièces détachées, selon le Centre d'information de la Douane, se sont établies à 1,23 milliard de dollars. Les importations de Chine se sont établies à 222 millions de dollars, à 144,7 millions de dollars d'Italie, à 141,6 de France ou 113,2 millions de dollars d'Allemagne et même 72 millions de dollars du Maroc et d'Egypte. M. El Eulmi plaide, ainsi, pour la mise en place, en Algérie, d'une industrie de la pièce détachée, avec la proximité du marché de la construction de voitures en Europe (France, Allemagne, Italie), d'autant que les pays du voisinage ont réussi à faire émerger une industrie de la pièce détachée qui rapporte à la Tunisie 5 milliards de dollars par an et 7 milliards de dollars au Maroc. Par contre, il est favorable à l'interdiction de l'importation de pièces de rechange contrefaite, qui est la source de beaucoup d'accidents de la circulation. Pour cela, «il faut impliquer les importateurs de pièces de rechange et il faut qu'ils aient, aussi, un cahier de charges pour fabriquer, localement, la pièce détachée et l'exporter», mais, «il faut du temps, au moins une dizaine d'années». Par ailleurs, sur le marché de la voiture d'occasion, il estime qu'il représente une importante niche fiscale, et a annoncé qu'il y a, actuellement, un cahier de charges en cours d'élaboration, pour ce type de marchés de voitures, qui draine selon lui 700.000 voitures par an, et donc pèse près de 700 milliards de DA, soit environ 7 milliards de dollars. «Il faut un cahier de charges pour le marché de la voiture d'occasion pour capter le flux financier et organiser la filière, et créer des milliers d'emplois en régularisant cette profession.» |
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