De
nouveau, la folie des prix. Des prix des fruits et légumes qui semblent
échapper à tout contrôle étatique. A un peu plus d'une semaine après l'alerte
donnée par l'association nationale des grossistes en fruits et légumes sur les
réseaux réels qui contrôlent la production agricole, les prix ont rebondi vers
de nouveaux sommets. Si, au moment du communiqué de cette association de
marchands de fruits et légumes en gros, la pomme de terre était cédée à 70 DA,
ce samedi dans les marchés de détail du centre du pays, dans le grand Alger, le
prix de ce tubercule a atteint les 100 DA/Kg. C'est à Blida, au centre de la
Mitidja que la pomme de terre est vendue entre 85-90 et 100 DA/Kg. La tomate
fraîche, un moment broyée, est remontée à plus de 140 DA/kg, tout comme les
haricots verts à 260 DA/kg, le poivron à 160 DA/kg. En fait, tous les produits
maraichers enregistrent une seconde hausse en moins de deux semaines, et les
prix restent hauts pour tous les produits agricoles, y compris les salades et
les ?'herbes'' aromatiques comme le persil, coriandre, menthe sauvage, épinards
et céleri vendus en moyenne entre 20 et 25 DA. Le concombre, les artichauts, la
carotte restent dans une moyenne de 80DA/kg alors que la courgette a regagné de
la hauteur à plus de 100 DA/kg. Cette nouvelle flambée des prix des produits
agricoles, y compris le peu de fruits mis en vente comme l'orange de mauvaise
qualité à plus de 200 DA/kg, est un signe évident que la filière commerciale
des produits agricoles, complètement désorganisée, reste en dehors des centres
de contrôle étatiques. Sinon comment expliquer cette brusque et soudaine explosion
des prix de produits de saison? Même les petits pois
sont à des niveaux au dessus de la moyenne avec des
prix de plus de 100 DA/kg, alors que la fève est entre 70 et 90 DA/kg.
A la
mi-mars dernier, le président de la Fédération
nationale des marchés de gros de fruits et légumes, Mustapha Achour, avait
lancé un pavé dans la mare, sans que cela ait pu provoquer, à l'évidence, une
réaction positive du ministère du Commerce. Selon Mustapha Achour, entre 60% à
70% de la production agricole nationale n'entrent pas dans les marchés de gros
des fruits et légumes. Ce qui a entraîné, selon lui, ?'un manque
d'approvisionnement et une hausse des prix des produits agricoles.'' Il va plus
loin en dénonçant ?'la spéculation, qui a pris de l'ampleur dans les zones de
production'', soulignant que certains agriculteurs sont complices avec des
réseaux spécialisés dans le monopole et la spéculation sur les produits
agricoles. Ces graves accusations ne semblent pas avoir été suivies de mesures
fermes des pouvoirs publics. Et, si des mesures ont été prises pour lutter
contre ce nouveau type de contrebande, leurs effets ne semblent pas avoir
atteint les marchés au détail puisque les prix sont de nouveau repartis à la
hausse. Fatalement, l'indice des prix des produits agricoles est à la hausse.
Quant à l'inflation, elle s'est établie au mois de février dernier à 7%, dans
le sillage d'une augmentation généralisée des indices des prix, dont celui des
produits agricoles frais. Selon une note de l'Office national des statistiques
(ONS), l'évolution des prix à la consommation en rythme annuel s'est située à
7% jusqu'à fin février.