Les
transferts de fonds vers l'Algérie par la diaspora établie à l'étranger ont
atteint deux milliards de dollars en 2015, selon une vaste enquête de la Banque
mondiale (BM) sur la diaspora dans la région Mena, publiée hier à Washington.
Ce montant représente 0,9% du PIB de l'Algérie en 2014, selon cette analyse
conçue pour examiner la nature de l'engagement des professionnels de la
diaspora de l'Afrique du Nord et du Moyen Orient dans le développement de leurs
pays d'origine. Les envois de fonds par la diaspora algérienne restent,
cependant, moins importants comparés à ceux drainés par d'autres pays de la
région. L'Egypte tient le haut du pavé avec 19,7 mds de dollars transférés en
2015, suivi du Liban (7,2 mds de dollars), le Maroc (6,4 mds de dollars) et la
Jordanie (3,8 mds de dollars), selon cette enquête qui met l'accent sur
l'intérêt manifesté par les membres de la diaspora à contribuer à l'intégration
économique de leur pays d'origine par trois moyens principaux :
l'investissement, le commerce et le transfert des compétences. Les pays du Maghreb
central (Algérie, Maroc et Tunisie) possèdent un réseau d'environ 100
associations totalisant plus de 200.000 membres, dont 28 en Algérie, 26 au
Maroc, 30 en Tunisie et 10 couvrant la région du Maghreb tout entière. Selon la
BM, plus de la moitié de ces associations sont des réseaux d'entreprises,
composés d'étudiants et de diplômés issus d'écoles prestigieuses.
«Contrairement aux réseaux marocains et tunisiens, les réseaux de
professionnels de la diaspora algérienne paraissent moins bien organisés», constate
l'enquête qui souligne la nécessité de rallier les professionnels de la
diaspora dans la région Mena. L'étude met en exergue l'importance de
l'initiative lancée par des chercheurs et des dirigeants algériens de haut
niveau, dont l'ancien directeur du prestigieux «U.S. National Institutes of Health», Ilias Zerhouni, qui ont mis sur pied aux Etats-Unis «l'Algerian
American Foundation» pour assurer des services de
formation et d'assistance technique aux nouveaux centres de recherche médicale
en Algérie. Elle cite à ce titre les mécanismes mis en place par l'Algérie pour
renforcer le rôle de la diaspora dans le développement économique du pays tels
que le portail électronique algérien dédié aux compétences nationales à
l'étranger ainsi que les 14 engagements pris par les pouvoirs publics en 2014
en vue de fournir des services à la communauté algérienne à l'étranger. Ce
programme porte, entre autres, sur l'ouverture de succursales de banques
publiques algériennes dans des pays accueillant d'importantes communautés
d'Algériens, comme la France, et la simplification de l'accès aux marchés
publics en Algérie en favorisant les transferts de savoir-faire et financiers,
indique cette étude qui s'est attardée sur les envois de fonds dans la région
Mena. Par ailleurs, l'analyse de la BM prévoit que les fonds envoyés dans la
région Mena augmenteraient au cours des trois prochaines années, quoiqu'à un
rythme moins soutenu, mais estime qu'ils ont subi une baisse de 0,9% en 2015.
Cette révision à la baisse est principalement due à un ralentissement de la
croissance des fonds transférés en Egypte, le plus important bénéficiaire
d'envois de fonds de la région, alors que les envois de fonds à destination de
l'Arabie saoudite ont continué d'afficher une croissance de 7% jusqu'au
troisième trimestre de 2015, selon les résultats de cette enquête. La hausse
estimée des envois de fonds au Liban est peut-être attribuable en partie aux
fonds acheminés aux réfugiés syriens qui se trouvent dans ce pays, ainsi qu'à
l'amélioration de la situation économique de pays d'accueil comme les
Etats-Unis, explique la BM. Les envois de fonds des travailleurs émigrés
représentaient au moins 5% du PIB des pays de la région Mena importateurs de
pétrole et du Yémen en 2013. L'enquête précise que «peu de pays de la région
Mena ont songé à tirer parti de leur diaspora de professionnels et de
travailleurs qualifiés, et peu de mécanismes sont en place pour faciliter le
vaste rôle que peut jouer la diaspora «. Selon les données officielles des
Nations Unies, environ 20 millions de ressortissants de la région Mena résident
à l'étranger, ce qui représente 5% de la population totale de la région.