La direction générale de la Sûreté
nationale (DGSN) tire la sonnette d'alarme et met en garde contre le phénomène
de la contrefaçon qui touche désormais les produits alimentaires de large
consommation. Ce n'est plus quelques «babioles» qui sont dupliquées et
contrefaites, mais se sont des aliments consommés par
des millions d'Algériens qui se retrouvent sur le marché à la barbe des
autorités qui semblent impuissantes, voire incapables de mettre un terme au
phénomène qui touche directement à la santé et à la vie des citoyens. En dépit
de tous les discours rassurants des différents départements ministériels, à
leur tête le ministère du Commerce, la contrefaçon atteint désormais des seuils
dangereux, en témoigne cette réaction d'un corps de sécurité algérien. Selon la
police, le café, les pâtes alimentaires, la margarine, l'eau de fleur
d'oranger, le miel, le sucre vanillé, les tabacs, les détergents, les produits
cosmétiques, les shampoings et les parfums sont parmi les produits fabriqués
localement objets de contrefaçon locale. Les analyses des échantillons des
produits incriminés, révèle la police à l'occasion d'un séminaire organisé
jeudi à Alger, montrent clairement la «présence de germes pathogènes ou germes
de contamination en quantités intolérables, des taux élevés de minéraux et de
métaux lourds et même parfois des produits toxiques et cancérigènes». En 2016,
selon la même source, les services de la DGSN ont transmis à la justice 73
affaires liées à la propriété industrielle avec la présentation de 92
contrefacteurs au parquet contre 65 affaires en 2015.
Tout en relevant les «grands
efforts» engagés par les services de sécurité dans la lutte contre la
contrefaçon, les représentants de la Police nationale ont lancé un appel aux
consommateurs pour être vigilants et de prendre le temps de vérifier ce qu'ils
achètent. Par ailleurs, la PDG du Centre de recherche et de développement de
l'électricité et du gaz (Credeg), Wassila
Salih, rapporte l'APS, a aussi fait part des différents
cas de contrefaçon constatés dans son secteur. «Notre rôle est de vérifier la
conformité du matériel utilisé dans les réseaux de distribution de gaz et
d'électricité. Nous avons constaté beaucoup de cas de contrefaçons dans ce
domaine», a-t-elle déclaré. D'ailleurs, le Credeg a
exposé, lors de cette rencontre, deux produits contrefaits:
un coffret pour compteur individuel (une boite en plastique pour protéger le
compteur) et des connecteurs. «Ce sont des produits pouvant provoquer des
dysfonctionnements sur le réseau», a averti Mme Salih.
Dans son intervention, la représentante du ministère de l'Industrie et des
Mines, Fatma-Zohra Haderdache, a préconisé le
développement des organismes en charge de la lutte contre la contrefaçon, et ce
par le renforcement de leur potentiel humain et la modernisation de leurs
moyens de travail ainsi que le durcissement des peines relatives à ce délit.
Elle a aussi proposé de renforcer la formation en spécialisant les magistrats
et les organes de contrôle dans le domaine de la lutte contre la contrefaçon. A
ce propos, elle a fait savoir que le ministère de l'Industrie a élaboré
récemment deux arrêtés dont l'un porte sur le logo et les caractéristiques
matérialisant le marquage obligatoire de conformité, alors que l'autre fixe les
différents niveaux et procédures d'évaluation de la conformité. Depuis des
années, l'Etat algérien a, certes, multiplié les campagnes de sensibilisation
pour alerter sur les dangers de consommer les produits contrefaits mais il
semble également que les quelques mécanismes mis en place pour lutter contre le
phénomène ont montré leurs limites. D'ailleurs comment peut-il en être
autrement, alors que l'Algérie, avec tous ses moyens, ne dispose pas de
laboratoires de contrôle de la qualité alors que le projet est inscrit sur
l'agenda du ministère du Commerce depuis au moins une quinzaine d'années. Au
lieu de régler les problèmes, certains responsables continuent malheureusement
de «gérer» ces mêmes problèmes, comme n'importe quel dossier, alors que la vie
de millions d'Algériens est menacée. Pourtant, des solutions radicales existent
pour mettre un terme à la contrefaçon et même à son terreau, le marché
informel. C'est du moins ce que propose, lors de ce même séminaire, une société
suisse en partenariat ave le leader algérien de
l'électronique et de l'électroménager, Condor. En effet, SICPA-Condor propose,
grâce à une technologie de marquage électronique des produits, de mettre
définitivement un terme à ce phénomène. «La promotion de l'authentification et de
la traçabilité comme moyen de lutte contre le commerce illicite et la
contrefaçon en Algérie et en Afrique, dans le cadre d'un transfert de
technologie et d'un partenariat dans le domaine de la recherche et
développement», c'est ce que propose cette joint-venture. Il faut savoir que
plus de 220 milliards de billets et produits sont marqués par SICPA chaque
année dans près de 180 pays, selon son vice-président Bruno Frentzel
qui avait annoncé auparavant un investissement de 6 milliards de DA en
partenariat avec Condor pour mettre sur pied l'entreprise de marquage et de
traçabilité.