La panique s'est emparée mercredi
des opérateurs du commerce extérieur après la suspension des domiciliations
bancaires pour tous les produits destinés à la revente en l'état ou produits
finis, conformément à une note du ministère du Commerce et qui stipule que
toutes les demandes de domiciliations pour tous les produits destinés à la
consommation finale sont gelées à partir du 21 mars 2017 jusqu'à présentation
des nouvelles licences d'importations. La note précise que seuls «les produits
pharmaceutiques pour lesquels un plan d'importation «visas d'importation»
dûment visé par le ministère de la Santé a été présenté, les opérations
d'importation RMI (remise documentaire) et TL engagées antérieurement au 21
mars 2017, document de transport faisant foi, et les opérations en LC (ligne de
crédit) ayant fait l'objet de domiciliation antérieur au 21 mars, swift d'ouverture faisant foi, sont exceptés des nouvelles
dispositions. Un autre communiqué de la direction du Commerce
extérieur relevant du ministère du Commerce, dont nous avons obtenu une copie,
souligne que «l'ensemble des opérateurs activant dans le domaine de
l'importation des produits destinés à la consommation finale sont désormais
soumis au régime des licences d'importation (?) tout opérateur remplissant les
conditions exigées par la législation et la réglementation en vigueur, peut
introduire une demande de licence d'importation du produit ciblé, en déposant
auprès de la direction du Commerce de wilaya territorialement compétente sa
demande dans un délai de 20 jours à compter de la date de la première parution
de cet avis par voie de presse écrite». La demande doit être accompagnée
d'une copie du registre de commerce, un document prouvant l'ancienneté ou
l'expérience de l'opérateur, une facture pro forma, un extrait de rôle apuré,
une attestation de mise à jour CNAS et CASNOS, une copie de la carte
d'identification fiscale, un questionnaire d'identification, les bilans fiscaux
des trois dernières années et les documents justifiant les capacités
financières et les moyens de stockage sous forme de titres de propriété ou de
location. Un opérateur du commerce extérieur, que nous avons contacté, a révélé
que cette décision prise apparemment hâtivement par les pouvoirs publics dans
le seul but de réduire la facture des importations pourra si elle est maintenue
avoir des répercussions néfastes sur le marché national. Il avertit que le
marché pourra connaitre dans les prochaines semaines des ruptures de stocks et
des pénuries de nombreux produits importés ce qui va se traduire par des
flambées spectaculaires des prix des marchandises importées et dont certains
sont vitales pour le fonctionnement du tissu économique national à l'exemple
des pièces de rechanges, la quincaillerie et autres produits manufacturiers.
«Le ministère du Commerce devait accorder un sursis aux opérateurs du commerce
extérieur pour l'application de ces nouvelles mesures. Pourquoi le ministère
n'a pas attendu jusqu'à fin avril 2017, date du dépôt des bilans annuels, pour
la mise en application de ces mesures contraignantes pour les opérateurs du
secteur?», s'interroge notre source. Et d'ajouter : «L'onde de choc de ces
nouvelles mesures sera ressenti dès cette semaine (lundi ou mardi) avec l'accostage
des navires venus de l'Union européenne dans les ports algériens. Il faut
savoir que l'appareillage des navires de marchandise se fait généralement le
vendredi dans les ports européens, c'est-à-dire le 24 de ce mois et ils devront
accoster le 27 ou 28 du mois en cours dans les ports algériens. Nous ne
pourrons pas ainsi avoir les domiciliations bancaires pour le débarquement des
navires qui seront laissés en rade ce qui causera de grosses pertes financières
pour les opérateurs du commerce extérieur. Nos fournisseurs étrangers
s'inquiètent aussi de cette situation et les jours à venir seront difficiles
pour tout le monde», regrette notre source. Le maintien du gel des
domiciliations bancaires risque ainsi de causer des pénuries sur le marché local
et le consommateur final devra ainsi payer plus chers de nombreux produits
importés. Il faut savoir que dès la circulation de l'information mercredi sur
le gel des importations des produits destinés à la revente en l'état, les
opérateurs du commerce extérieur se sont précipités aux banques et aux
directions de wilayas du commerce pour avoir des explications sur ces nouvelles
mesures. Certaines sources confient que des grandes pressions sont exercées sur
les services du ministère du Commerce pour l'annulation de cette mesure
contestée. Les mêmes sources avancent même que les services concernés
pourraient faire marche arrière dans les jours à venir en faisant certaines
concessions pour certains produits finis et certains opérateurs influents.
Et si cela se confirme, il ne
s'agira pas d'un fait nouveau vu que les pouvoirs publics ont pris l'habitude
de prendre une décision puis de l'annuler quelques jours après sous la pression
des lobbies ou d'une population en colère. Le gouvernement essaye en tâtonnant
de réduire la facture des importations de moitié dans un secteur qui est
contrôlé depuis plusieurs années par des lobbies très bien initiés et qui
disposent d'une grande capacité de nuire. La bataille du commerce extérieur ne
fait ainsi que commencer.