Le
vrai prix de la pomme de terre est de 45 dinars le kilogramme, a affirmé, hier,
le ministre du Commerce par intérim. Abdelmadjid Tebboune
a mis sur le compte des spéculateurs les prix actuels des produits
agroalimentaires, ces derniers temps, sur les marchés au détail et surtout de
la patate vendue jusqu'à 120 DA. A titre indicatif, il révélera la saisie de
21.000 tonnes de pommes de terre stockées à Aïn Defla, déclarant que cette pratique fait partie de
l'arsenal d'un réseau spécialisé dans la spéculation et le monopole,
responsable de l'inflation de la mercuriale. Le ministre a réitéré ses menaces
quant à l'implacabilité de l'Etat devant tous ceux qui osent toucher aux
besoins alimentaires de base du citoyen.
A ce
propos, Tebboune avait derechef annoncé sa volonté de
faire la guerre aux spéculateurs, promettant des mesures répressives
«rigoureuses» contre les commerçants en infraction durant le Ramadhan. Le
ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville a précisé que ces
dispositions réglementaires concerneront les spéculateurs sur les produits de
large consommation. Ce n'est pas la première fois que le ministre s'attaque à
cette pratique commerciale à l'origine de la flambée des prix et des ruptures
de stock contrôlées, puisqu'en février dernier, il les avait mis en garde, les
menaçant de «sanctions maximales». Tebboune avait
tout simplement assimilé les infractions liées au non-respect des prix des
produits subventionnés à un détournement de deniers publics et celui illicite
de ses aides. Par ailleurs, et concernant le chapitre des licences
d'importation de divers produits, qui sont soumis à des quotas, il a annoncé
qu'elles seront délivrées à partir d'aujourd'hui, en soulignant que le
processus sera progressif. Dans le verbe du ministre, l'Etat veut en finir avec
les pseudo-importateurs qui n'ont d'autres objectifs que d'engranger des
bénéfices immédiats au détriment de la santé publique. Il a également déclaré
que le gouvernement n'a pas l'intention d'empêcher l'importation, à la fois des
produits essentiels ou de luxe, mais il fait de la nécessité d'identifier les
besoins et d'arrêter le gaspillage, une des conditions d'octroi de ces
licences. A titre illustratif, il s'étonnera que l'Etat finance encore
l'importation de la mayonnaise, du ketchup ou encore de la moutarde à hauteur
de 200 millions de dollars ainsi que des véhicules ne répondant à aucune norme
internationale de sécurité. Il a suggéré que ces fonds servent plutôt à
financer des projets de développement et la construction de logements, d'écoles
et de polycliniques. A propos de l'importation des bananes, devenue un sujet de
priorité nationale à force de médiatisation, il a expliqué que la quantité à
importer a été estimée à 90.000 tonnes pour le premier semestre 2017. «S'il est
nécessaire d'augmenter le quota, nous le ferons en déduisant une partie du second
semestre», a-t-il encore précisé. Il a indiqué, par ailleurs, que les
importateurs de bananes qui possèdent les installations nécessaires pour le
stockage et le refroidissement sont encouragés par l'Etat parce qu'ils créent
des emplois. Tebboune a tenu à faire la différence
entre importateurs agréés et les opportunistes «qui vendent les conteneurs de
bananes à même le port». Selon le ministre, le processus de réglementation des
importations en cours, sous la supervision du Premier ministre, vise principalement
à mettre fin au chaos prévalant dans ce secteur et qui a causé une hémorragie
de l'économie nationale, en soulignant que les mesures prises visent la
protection du produit national et des producteurs locaux. A cet égard, le
ministre a indiqué que de grandes quantités de produits électroménagers «non
conformes» sont importées, menaçant la santé publique et tuant dans de nombreux
cas. Il soulignera que le nouveau cahier des charges définit les produits
d'importation qui devront être conformes aux normes européennes.