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Les efforts
déployés par l'Algérie pour persuader toutes les parties prenantes à la crise
libyenne à reprendre le dialogue pour mettre un terme à celle-ci semblaient en
voie d'aboutir au vu du défilé dans la capitale de tout ce que le conflit
libyen compte de protagonistes agissants. Cela apparaissait même certain
puisque l'on a annoncé l'imminence d'une rencontre au sommet entre les deux
camps antagonistes qui se disputent le pouvoir qui y seront représentés par
leurs chefs de file respectifs, en l'occurrence Faïez Sarraj pour le
gouvernement d'union nationale (GNA) dont il préside aux destinées et le
maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'opposition à ce dernier regroupée
autour du parlement siégeant à Tobrouk. Après moultes dérobades, ces deux
personnalités avaient en effet convenu de se rencontrer pour tenter d'aplanir
les divergences pendantes entre leurs deux camps en recherchant un compromis
qui permettrait l'application de l'accord de Skhirat négocié sous l'égide des
Nations unies.
Le coup de force opéré la semaine dernière par la « brigade de défense de Benghazi » ayant consisté en un assaut qui a permis à ses combattants de déloger les forces loyales au maréchal Haftar des ports pétroliers de Ras Lanouf et de Sidra qu'elles occupaient depuis quelques mois, a pour le moins mis un coup de frein à la dynamique dialoguiste que les bons offices algériens et autres ont paru avoir amorcée. Il a même enclenché un revirement de la part du parlement de Tobrouk dont se réclament les forces fidèles au maréchal Haftar consistant à déclarer caduc l'accord de Skhirat et donc à ne plus le considérer comme la base de négociation pour une solution à la crise libyenne. L'étonnant dans la position adoptée par le parlement de Tobrouk est qu'elle a rendu responsable du coup de force opéré par la BDB contre les partisans de Haftar le gouvernement d'union nationale présidé par Faïez Sarraj qui a pourtant condamné l'opération. Les observateurs ont eu quelque raison de décrypter l'initiative par la BDB de relancer la confrontation avec les forces du maréchal Haftar comme visant à saper les efforts algériens couplés à ceux des Etats du voisinage qui sont parvenus à établir un consensus sur le principe de la solution politique à la crise libyenne. Et raison aussi de considérer que cette initiative a pour promoteurs des parties étrangères qui bien que dans leurs propos publics déclarent soutenir les efforts de l'Algérie et autres médiateurs jouent en réalité leur propre partition dans le conflit libyen en fonction de leurs réseaux et intérêts dans l'ex-Jamahiriya. Le coup de force qui a opposé les combattants de la BDB agissant prétendument pour le compte du GNA reconnu par la communauté internationale et ceux de l'armée nationale libyenne que commande le maréchal Haftar radicalise incontestablement le conflit opposant les deux camps et permet à leurs extrêmes d'étouffer toute velléité conciliatrice et favorable au dialogue interlibyen prôné par l'Algérie, les Etats du voisinage et l'ONU. Un prétexte dont les puissances jouant leur propre partition se prévaudront pour poursuivre leur ingérence avec pour objectif de faire triompher le protagoniste libyen du conflit dont le triomphe sera gage de la préservation de leurs intérêts. Pour être au fait que ses efforts sont en réalité malvenus pour ces puissances, l'Algérie a durci ses condamnations contre l'ingérence étrangère qui prend partie pour un camp libyen contre un autre et averti ceux qui la pratiquent qu'il en découlera une catastrophe dont eux aussi en payeront le prix. |
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