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«Il
apparait que les malheurs des Rohingyas sont
exploités pour approfondir l'influence de l'Occident sur le gouvernement actuel
de Myanmar. Alors que les violations des droits de l'homme, qu'elles fussent
imaginaires ou réelles, ont été utilisées pour justifier ailleurs des guerres
totales menées par les armées occidentales, de réelles violations sont
camouflées avec soin pour protéger le gouvernement birman et sa base coupables
de leur perpétration. » (Joseph Thomas, éditeur en chef de « New Eastern Outlook, » Bangkok, Thailand.
www.globalresearch.ca)
Il y aura toujours des intellectuels « négationnistes, » qui utiliseront leur aura et leur expertise pour défendre des causes indéfendables et justifier des politiques contraires à tous les principes humanistes modernes, et perpétrées en violation des lois internationales. Chaque génocide «civilisé » doit avoir son idéologue ; Hitler avait Goebbels Le gouvernement actuel de Myanmar a trouvé, parmi les érudits spécialisés dans l'histoire de ce pays, un ardent défenseur. Il s'agit de Jacques Leider, de nationalité luxembourgeoise, éminent « birmalogue » et ancien membre prolifique de l'Institut Français des Etudes Asiatiques à Yangoon, qui a apporté de l'eau «historico-ethnique, » au moulin de la politique génocidaire menée par la junte militaire -encore au pouvoir , malgré la mince couverture «démocratique» derrière laquelle elle se cache depuis 2011,- contre le peuple Rohingya. Leider a écrit notamment dans un article intitulé : «Les Rohingya, Le Nom, Le Mouvement, la Quête Indentitaire,» non sans verser quelques larmes de crocodiles sur le sort de ces damnés de la terre voués à la disparition forcée, ce qui suit : «En restreignant le débat autour des Rohingyas sur les aspects légaux, les journalistes à travers le monde ont pris une approche facile envers un problème compliqué?alors que les problèmes, comme l'ethnicité, l'histoire et l'identité culturelle sont les ingrédients clefs de la légitimité.» Traduite en langage plus terre-à-terre, cette terrible analyse dit simplement que ce n'est pas parce que les Rohingyas se sont vus non seulement privés de leurs droits humains les plus élémentaires et de leur citoyenneté, et qu'ils sont massacrés de manière routinière par l'armée comme par la population birmane, qu'ils constituent une minorité ethnique digne d'être reconnue, même si l'histoire de leur présence sur le territoire birman n'est pas contestable. En bref, les autorités birmanes ne commettraient aucun crime contre l'humanité et ne violeraient aucun droit humain ou politique en maltraitant les Rohingya, car ceux-ci n'existeraient pas réellement en tant que minorité ayant ses propres caractéristiques la distinguant du reste des minorités habitant au Myanmar, comme de la majorité bouddhiste. Ce qui ferait exister les Rohingya ce serait la couverture « biaisée, » que feraient de leur sort les médias étrangers ! Ils n'existeraient que parcequ'ils sont présentés comme des victimes. La version sioniste de la non-existence du peuple palestinien simplement translatée vers les Rohingyas On peut légitimement se demander si Leider ne serait pas un crypto-doctrinaire sioniste qui tenterait d'étendre aux Rohingyas le même argumentaire utilisé par les politiciens israéliens pour nier l'existence des Palestiniens, et donc leur génocide au nom de Johovah. Le fait certain est que, - et quoiqu'affirme Leider du haut de son expertise dans le domaine de l'histoire de Myanmar et de la connaissance de la langue birmane,- la trace des Rohingya dans l'histoire de la région où ils vivent, a été reconnue par maints chercheurs et bien avant l'occupation de ce territoire par la couronne britannique à compter de 1824. Ainsi, un médecin anglais , Buchanan -que cite d'ailleurs Leider, quand ça l'arrange, et pour prouver qu'il ne parlait pas des habitants musulmans du royaume de Rakhin, partie de la Birmanie moderne depuis 1785-, a publié, après une enquête faite sur le terrain, et dans le périodique scientifique : « Asiatic Research, » une longue étude sur les langues de l'empire birman intitulée : «Vocabulaire comparatif de certaines langues parlées dans l'empire birman ,» (pp. 219-240) La longue présence historique des Rohingyas, comme peuple distinct avec une langue écrite distincte Il affirme notamment dans cet article que parmi les langues de la Birmanie il y avait : « la langue parlée par les Musulmans , qui se sont installés depuis longtemps dans l'Arakan( nom donné au royaume de Rakhin par les pirates portugais présents dans la région du golfe du Bengale entre le début du 16ème siècle et le milieu du 17ème siècle, ndt) et qui s'appellent eux-même Rooinga, ou natifs de l'Arakan? » (Asiatic Research, Londres 1799, p. 237). De même, un ouvrage encyclopédique allemand, intitulé : « Littérature, Grammaires, Lexiques et Compendium de Toutes Les Langues du Monde, Classées par Ordre Alphabétique,» et comportant une traduction parallèle en latin, publié en 1814, et qui présente par ordre alphabétique toutes les langues du monde connues à l'époque, confirme les découvertes linguistiques de Buchanan, sous la rubrique «Rooinga.» Il décrit ainsi cette langue, écrite en caractères arabes : « Dans la région trans-Granges, à l'Est de l'Inde, en Arakan, il y a deux langues parlées , qui constituent un mélange de langues : le Rooinga, qu'utilisent Les Mahommetans, (sic) et qui est un mélange d'Hindoustani , d'Arabe et du dialecte birman local?etc. » (p. 200). Les Rohingyas ont été officiellement reconnus comme collectivité ethnique par les autorités birmanes Plus encore, ce qui rend nulles les affirmations de Leider sur la non-existence d'une minorité ethnique Rohyngia, celle-ci a été reconnue officiellement en 1954 par U-Nu, le premier ministre birman de l'époque. Voici ce que rappelle une étude, et, bien que longue, la citation en sera donnée dans son entier, vu son importance pour l'affirmation de la légitimité de la présence de la minorité Rohingya sur le territoire birman : « Le Premier Ministre U-Nu a fait, le 25 Septembre 1954, une déclaration radiodiffusée, dans laquelle il a confirmé que les Rohingyas constituent une communauté ethnique indigène, et il a repris cette déclaration lors de rallies politiques à Buthindaung et Maungdaw en 1959. Les Rohingyas furent alors considérés comme communauté ethnique indigène, et il leur fut garanti les mêmes droits de citoyenneté que le reste des citoyens de la Birmanie (Parti National Démocratique Pour le Développement, 2012). « A la suite de ces changements positifs, les Rohingyas furent admis à participer à beaucoup d'activités sociales, et, le 15 Mars 1961, un programme de langue Rohingya fut ajouté au service des langues locales par la radio diffusion birmane. »(Dans : Dr Trevor Gibson : « Insécurité et Citoyenneté en Myanmar, Presses de l'Université de Thaksin, Thailande, 2016, pp 79-80). A la suite du coup d'Etat militaire perpétré en 1962, le général U Ne Win, chef de la junte au pouvoir, adopta une politique de répression des minorités ethniques en Birmanie, sous le prétexte que la diversité ethnique était un facteur d'insécurité et d'instabilité politique qui menaçait l'existence de la majorité ethnique birmane de religion bouddhiste. Les chefs militaires qui se succédèrent à la tête du pays à partir de 1962 menèrent une politique systématique de répression violente, et non provoquée, contre la minorité Rohynga, afin de l'éliminer, sous le prétexte qu'en fait, elle aurait constitué, non une ethnie authentique de la Birmanie, mais la descendance d'émigrés illégaux qui, à partir de 1824, auraient profité de l'occupation britannique pour s'installer clandestinement en territoire birman. L'histoire comme la reconnaissance officielle des Rohingyas comme minorité indigène par un gouvernement de la Birmanie indépendante, s'inscrivent en faux contre cette thèse actuellement brandie par les autorités birmanes pour justifier leur politique de nettoyage ethnique, et défendue également par Leider, pourtant universitaire censé être guidé par la recherche exclusive de la vérité objective, et sans prise de position prédéterminée. Les Rohingyas, apatrides dans leur propre pays Peu à peu, les Rohingyas furent privés de leurs droits civiques, et forcés de fuir la répression de l'armée birmane, -aidée par des milices bouddhistes équipées et encadrées par elle,- et transformés en apatrides. Sans aucun doute, la violence totale qui vise cette minorité a beaucoup plus à voir avec leur religion qu'avec leurs particularités ethniques ou la longueur de leur lien historique avec le sol birman. La vague d'islamophobie que a envahi une partie du monde joue un rôle dans cette violence, le gouvernement birman se sachant à l'abri de toutes réactions violentes de la part des « maitres de ce monde, » lorsqu'il réprime une minorité musulmanes et fait tout pour l'anéantir, tout en prenant soin de ne pas trop forcer sur la répression des quelques 16 autres minorités ethniques qui ont pris les armes pour se défendre, et qui ont derrière elles des groupes missionnaires chrétiens puissants et ayant pignon sur rue dans les principales capitales du monde. Le gouvernement birman a même diffusé, le 16 juin 2016, une note interdisant l'usage du terme « Rohingya, » tentant une fois pour toute d'effacer le nom de ce groupe ethnique de la surface de la terre. Un génocide en phase finale Le génocide du peuple Rohingya, que nie le professeur Leider, a fait l'objet de suffisamment de rapports par des organisations internationales, comme par des groupes de recherche universitaires, pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en rappeler le déroulement impitoyable. Il faut, cependant, au moins renvoyer, en appui à cette grave qualification de la politique birmane contre les Rohingyas, à un rapport exhaustif établi par le groupe d'universitaires britanniques connu sous le nom de «International State Crime Initiative, »- installé à l'Université Queen Mary de Londres,- et publié en 2015 dans sa version anglaise.(voir statecrime.org pour le texte complet). Il est vivement conseillé à l'orientaliste Leider et à ses sympathisants et employeurs de lire ce rapport de haut niveau académique, et qui ne fait qu'analyser, à la lumière de la convention internationale de lutte et de répression contre le génocide, les faits constituant de génocide contre le peuple Rohingya. A souligner que ce rapport a été rédigé par Le Professeur Perry Green, le Docteur Thomas Mc Vanus et Alicia De la Cour Vennig, tous en activité dans cette université londonienne. Le titre sinistre de cette étude est : « Compte à rebours vers l'annihilation : Le génocide à Myanmar. » Une accélération barbare de L'annihilation du peuple rohingya D'ailleurs, la politique de nettoyage ethnique a pris ces derniers temps un tournant décisif, comme le rappelle une lettre signée le 26 Décembre 2016 par treize titulaires du Prix Nobel, un ancien premier ministre italien, le Fondateur de la société « Virgin, » active dans l'aviation, la recherche spatiale et la téléphonie mobile, et adressée au Conseil de Sécurité au début de ce mois de Mars. Voici ce qu'affirme cette lettre : « Au cours de ces deux derniers mois, une offensive de l'Arméee de Myanmar dans l'Etat de Rakhine(où habitent les Rohingyas, ndt) a entrainé la mort de centaines de Rohingyas. Plus de 30.000 personnes ont été déplacées. Des maisons ont été brulées, des femmes violées, de nombreux civils ont été arbitrairement arrêtés, et des enfants tués?Certains experts internationaux ont avertis qu'il y avait là un potentiel de génocide. Cela a tous les indices des récentes tragédies passées: Rwanda, Darfur, Bosnie, Kosovo? En dépit d'appels répétés à Daw Aung San Suu Kyl ; nous sommes frustrées qu'elle n'ait pris aucune initiative pour assurer aux Rohingyas une pleine et entière citoyenneté. » En appui aux affirmations contenues dans cette lettre, un tout récent rapport d'urgence établi par le Haut Commissaire aux Droits de l'Homme, sous l'égide de l'ONU,( daté du 3 Février 2017) révèle, entre autres, un acte de barbarie particulièrement odieux commis récemment par les forces de sécurité birmanes contre les Rohingyas au cours de cette nouvelle campagne de nettoyage ethnique. Voici ce qu'écrivent ses auteurs : « Une fille de 14 ans originaire de Yae Khat Chaung Gwa Son, qui avait été déjà violée par les soldats birmans, a vu sa mère battue à mort, et ses deux sœurs tuées à coup de couteau. Elle a déclaré:» Alors que mes deux soeurs, âgées respectivement de 8 et 10 ans, se sont enfuies de la maison quand elles ont vue les militaires arriver, elles ont été tuées. Elles n'ont pas été abattues par balles, mais égorgées.»( Rapport, 3 Février 2017, http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=21107& LangID=E#sthash.J1x915MH.dpuf) Une prix Nobel de la Paix prise de Fou rire à l'évocation du dernier massacre des Rohingyas Suivant Maug Zarni, militant des droits de l'homme birman, et Gregory Stanton, professeur à l'Université George Mason (Virginie, USA), interrogée sur ces derniers massacres , lors d'une visite à Singapour, non seulement Sun Kyi, la titulaire du Prix Nobel de la Paix, et, qui, malgré son titre modeste de conseillère, est la première ministre de fait de Myanmar, en a nié l'existence, et a qualifié les informations diffusés sur eux de mensongères, mais , pire encore, elle a également éclaté de rire à l'évocation des actes de barbarie commis par l'armée birmane contre les civils désarmés. Selon ces deux auteurs, la junte militaire, présidée par le Général Thein Sein, et le gouvernement présidé par Sun Kyi veut faire croire au monde qu'il combat les extrémistes musulmans Rohingya, qui répandent le « terrorisme islamique. Cette thèse a été acceptée par les gouvernements occidentaux, qui ont levé les sanctions économiques contre le Myanmar et normalisé leurs relations diplomatique avec ce pays, en dépit des rapports de différence sources internationales et de chercheurs indépendants qui prouvent que le Rohingyas sont loin d'être mus par des sentiments de fanatisme religieux, et qu'ils sont les victimes d'une politique de génocide délibérée et murement réfléchie, à laquelle Suu Kyi, avec son titre de prix Nobel de la Paix, sert de paravent. D'ailleurs, ces deux auteurs, en conclusion de leur article, affirment que cette dame doit être poursuivie pour complicité dans la perpétration d'un crime contre l'humanité. (voir site www.thewire.in du 6 Décembre 2016) En conclusion, on citera un ancien ambassadeur américain auprès de la Commission des Droit de l'Homme auprès de l'Onu, qui écrit ce qui suit : « Malheureusement, ce qui est devenu de plus en clair depuis ces derniers mois, c'est que, tandis que Daw Su Kyi cueillait confortablement les bénéfices de son statut d'icône des droits de l'homme pour son propre combat en faveur de la démocratie, elle n'est pas prête à faire preuve du courage politique nécessaire pour prendre position en faveur des membres d'une minorité musulmane et d'empêcher les violations graves et systématiques de leurs droits humains? Pour beaucoup de monde, son statut d'icône d'une croisade pro-démocratie rend difficile de dénoncer la responsabilité du gouvernement conduit par Suu Kyi, quelque bien documentées que soient les violations des droits de l'homme que ce gouvernement perpètre? Le Prix Nobel de la Paix est devenu une forme terrible de bouclier contre un examen approfondi de cette politique (de nettoyage ethnique, ndt).. Même si on accepte le fait que Suu Kyi n'ait pas suffisamment de contrôle sur les militaires, elle a failli en n'utilisant pas sa capacité de parler haut et fort qui aurait sans doute eu un impact. » (Keith Harper, ancien ambassadeur des USA auprès du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU, Déclaration faite le 27 Février 2017, reproduire dans site internet : www.thediplomat.com). |
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