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Abdelmadjid Tebboune a de nouveau annoncé sa volonté de faire la guerre
aux spéculateurs, promettant, jeudi, des mesures répressives «rigoureuses»
contre les commerçants en infraction durant le Ramadhan. Le ministre de
l'Habitat, de l'Urbanisme, de la Ville et ministre du Commerce par intérim, a
précisé que ces dispositions réglementaires concerneront les spéculateurs sur
les produits de large consommation. Ce n'est pas la première fois que le
ministre s'attaque à cette pratique commerciale à l'origine de la flambée des
prix et des ruptures de stock contrôlées, puisqu'en février dernier, il les
avait mis en garde, les menaçant de «sanctions maximales». Tebboune
avait tout simplement assimilé les infractions liées au non-respect des prix
des produits subventionnés à un détournement de deniers publics et celui
illicite de ses aides. C'est dire l'inquiétude des pouvoirs publics face à une
faune prédatrice spéculative qui exerce un monopole de fait sur des produits
subventionnés, favorisant la pénurie à l'origine même de l'augmentation de ces
marchandises dont les prix sont codifiés par l'Etat.
Le ministre a également indiqué que son département avait en charge les mesures d'approvisionnement et de contrôle du marché alors que «la disponibilité des produits» est du ressort du ministère de l'Agriculture. Et que l'intervention du gouvernement ne pourrait se faire que pour régler des «problèmes liés à un déséquilibre entre l'offre et la demande». Pourtant, et malgré toutes les menaces officielles, les discours de bonne intention, les prix ne cessent de s'envoler frisant parfois le ridicule. Ainsi, et pour ce week-end, la sardine était à 700 DA le kilo, et la pomme de terre, véritable baromètre de la mercuriale nationale, était à 90 DA le kilo. C'est dire si le secteur informel pèse de tout son poids sur le marché jusqu'à le déréguler. Et c'est dans l'optique de cerner les contours de cette économie informelle qui fait tant de tort aux canaux du commerce codifié que le ministère du Commerce a lancé une étude globale sur cet aspect en partenariat avec le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) avec l'appui du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Le but étant de dégager une stratégie de combat sur la base des conclusions de cette enquête qui devra définir l'économie informelle dans ses différentes dimensions (financement, production, commercialisation, emploi), de cerner et de quantifier son impact sur l'économie nationale, a-t-on expliqué, ce jeudi, lors de l'atelier consacré au lancement de cette étude. Le secteur informel en Algérie représenterait 45% du Produit national brut (PNB), selon les chiffres du sous-directeur des statistiques et de l'information économique auprès du ministère du Commerce, Abderrahmane Saâdi, qui cite une enquête de l'ONS réalisée en 2012. Toujours selon la même source d'informations, l'économie informelle employait 1,6 million de personnes en 2001 avant d'atteindre les 3,9 millions en 2012 (45,6% de la main d'oeuvre totale non agricole) avec comme premiers employeurs, le commerce et services (45,3%), le BTP (37%) et activités manufacturières (17,7%). Parmi l'arsenal répressif de l'Etat, le démantèlement des marchés informels, le renforcement des infrastructures commerciales et l'assouplissement des conditions d'obtention du registre de commerce. Selon M. Saâdi, 1.035 marchés informels sur les 1.412 recensés ont été éradiqués à fin 2016, dont 216 ont été rasés et réapparus. 21.239 commerçants informels ont été réinsérés dans le circuit classique sur un total de 49.836 personnes recensées. |
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