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La
question des mères célibataires est un sujet tabou dans la société algérienne,
a estimé la ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la
femme, Mounia Meslem, qui a appelé à revoir certains
articles du code de la famille. Elle a relevé dans un entretien à la radio
nationale que «ces femmes subissent une marginalisation terrible, elles ont
subi des violences et vivent dans la détresse et dans une situation terrible».
«L'Etat doit les aider et les accompagner», a-t-elle souligné. Globalement, il
y a hausse des enfants nés hors mariage dont le nombre est de 1.237, et près de
363 mères célibataires qui ont décidé de garder leurs enfants biologiques,
a-t-elle confirmé. Ces mères célibataires «sont victimes d'une situation
sociale très difficile, elles sont très vulnérables», a relevé la ministre qui
a souligné l'existence de centres pour la prise en charge de ces femmes. Elles
doivent en outre être «indépendantes financièrement, car elles sont pauvres et
passent des moments difficiles», explique encore la ministre.
Elle a reconnu par ailleurs qu' «il y a des mentalités qui n'ont pas changé, mais on doit travailler pour changer ces mentalités et sensibiliser sur ces cas sociaux». Pour la ministre de la Solidarité, la société algérienne doit «parler et dire que ce sont des cas qui existent, on doit être responsable et on doit travailler pour changer les mentalités et ne pas stigmatiser ces femmes. Il s'agit de cas sociaux difficiles». La ministre a indiqué, d'autre part, que l'Etat a mis en place un programme spécial «pour aider et accompagner toutes les couches sociales vulnérables, dont les mères célibataires». Même si ces cas sociaux ne peuvent mobiliser un programme spécifique, car, estime la ministre, «on ne va pas mettre en place un programme spécial pour cette couche sociale, mais pour toutes les couches vulnérables». Pour elle, «tout le monde doit réfléchir et discuter de ces cas, de ces problèmes de la société et de la famille algériennes». «Il y a le cas de mariages coutumiers (par la Fatiha), alors que le mariage n'a pas été officialisé par un acte d'état civil. Il faut casser les tabous de ce phénomène et mettre en place des lois et un programme social», explique Mounia Meslem. «Les imams doivent consolider un mariage par la Fatiha avec l'acte d'état civil, car le mariage par la Fatiha est reconnu dans la société algérienne». «La loi algérienne reconnaît le mariage par la Fatiha, mais ce sont les maris qui sont irresponsables, qui fuient leurs responsabilités», précise-t-elle à la question si le mariage par la Fatiha est reconnu officiellement. Elle a ainsi indiqué qu'en 2015, «le président nous a demandé de revoir certains aspects du code de la famille ; en faire une autre lecture». Mais, c'est le ministère de la Justice qui est concerné, a-t-elle dit, avant d'expliquer qu' «il doit y avoir un groupe de travail pour cela, mais à ma connaissance, le ministère (de la Justice, Ndlr) n'a pas mis en place ce groupe». Sur certains articles, «le code de la famille doit être amendé à mon avis», a relevé la ministre, notamment sur les aspects sociaux liés à la «Hadhana», ou «les mères célibataires victimes des mariages par la Fatiha. «Il faut revoir cela, il faut revoir tout cela, car la société est en train de changer et va de l'avant», estime-t-elle. «Quand je dis qu'il faut avoir le courage d'en parler, je vise surtout les politiques et la société civile. Il faut parler des droits de la femme pour qu'au fin fond de l'Algérie, les femmes connaissent leurs droits». Enfin, la ministre de la Solidarité estime «insuffisant» l'accès de la femme aux postes de responsabilité en Algérie. |
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