La
visite de deux jours qu'entame, ce lundi, à Alger, la Chancelière allemande
Angela Merkel sera centrée sur trois grands dossiers: relations bilatérales, économiques et
sécuritaires, et les «sans papiers».
A l'invitation du Président Bouteflika, Angela
Merkel va,ainsi,
discuter du développement des relations politiques, économiques, de questions
de sécurité régionale, et également de la question des ?sans papiers' algériens
que Berlin veut extrader en vertu d'un accord bilatéral s,igné
en 1997, entre les deux pays. Selon un communiqué de la présidence de la
République, les entretiens entre le Président Bouteflika et Mme Merkel « permettront aux deux parties de procéder à un
échange de vues, notamment sur les relations entre l'Algérie et l'Union
européenne, ainsi que la situation au Maghreb, au Sahel et au Moyen-Orient ».
Les relations entre l'Algérie et l'Union européenne, et plus particulièrement
entre Berlin et Alger, seront un des grands thèmes de la visite de la
Chancelière allemande, en Algérie. Ces discussions devront porter autant sur
les aspects politiques et économiques, que ceux relatifs, directement, à la
sécurité et la lutte contre les groupes terroristes. Sur ce point, Alger et
Berlin sont déjà sur la même longueur d'ondes, dont le dossier libyen, que
l'Allemagne voudrait être résolu, au plus vite, car source d'inquiétudes du
côté du Rhur où l'on redoute l'entrée de djihadistes
de Daech, en provenance de Libye via l'Italie. C'est
un dossier, extrêmement, sensible pour Berlin, depuis l'attentat au
camion-bélier de décembre dernier, les services de sécurité allemands estimant
que les djihadistes de Daech peuvent entrer, en
Europe avec les migrants subsahariens, à partir de la Libye, dont la situation
politique est, toujours, instable. D'où cette confiance et le soutien de Berlin
dans les efforts d'Alger de résoudre, au plus vite, la crise politique dans ce
pays. Aux préoccupations sécuritaires et la stabilité politique dans les pays
maghrébins, la Chancelière allemande va axer sa visite sur un sujet sensible: le dossier des ?sans papiers' algériens. Depuis
les événements de fin 2015, à Cologne, dans la foulée d'un rush, sans
précédent, de migrants et de réfugiés d'Irak et de Syrie, fuyant la guerre et
les massacres perpétrés dans ces deux pays, par les djihadistes de l'Etat
islamique, Berlin a pointé du doigt les ressortissants des pays maghrébins,
dont l'Algérie. Pour Merkel, acculée par son propre
parti comme par l'opposition, à l'approche des prochaines législatives, il
s'agit de régler cette question, au plus vite. Elle a déjà trouvé une parade,
d'ailleurs annulée par le Parlement: pour elle et son
gouvernement, les trois pays jouissent, dorénavant, de toutes les conditions de
sécurité, et donc que l'Algérie notamment « est un pays sûr ». Pour le gouvernement
Merkel et son parti, l'Union-chrétienne démocrate, la
solution au problème des ?sans papiers' maghrébins est trouvée, et dès lors
Berlin ne peut plus accorder l'asile politique, et a les coudées franches pour
refouler les ?sans papiers'. Pour autant, le Bundestag (Parlement) a invalidé
la procédure, ce qui a reconduit Merkel, au point de
départ. D'autant que l'Algérie, dans l'accord sur la migration, signé en 1997,
exige expressément que les autorités allemandes puissent établir la nationalité
des ?sans papiers' algériens. Plus facile à dire qu'à faire. Lors de la 5ème
session de la Commission mixte algéro-allemande qui
s'est tenue, à Berlin, en janvier 2016, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait bien fait remarquer à Angela Merkel que les autorités allemandes doivent établir avec
exactitude la nationalité des ?sans papiers' algériens. Bref, à Alger, Merkel va tenter de trouver une solution pour refouler les
plus de 2.000 ressortissants algériens considérés comme ?sans papiers' ou ayant
demandé l'asile politique. L'autre grand dossier qui sera mis sur la table,
lors de cette visite de moins de 48 heures, Merkel
devant s'envoler pour Tunis, en fin de matinée, sera la coopération économique.
Alger et Berlin veulent, en effet, stimuler leurs relations économiques, dans
les domaines particulier de l'Industrie automobile, de l'Energie et du
renouvelable, de l'Agriculture ou les Transports et la Santé. Pour autant, la
partie algérienne est restée « sur sa faim »' quant à la volonté des
entreprises et hommes d'affaires allemands à s'impliquer plus, sur le marché
algérien, même si, en coulisses, ceux-ci parlent des blocages de la règle des
51/49%. A Berlin, en janvier 2016, Abdelmalek Sellal,
dans cette volonté d'Alger de diversifier ses partenaires, et de se soustraire
de la relation française, avait appelé les businessmen allemands à investir
plus, en Algérie. Dans une intervention, lors d'une conférence de presse
conjointe avec la Chancelière Angela Merkel, il avait
rappelé les « grandes » opportunités d'investissement, dans tous les secteurs
dont dispose l'Economie algérienne, qui a bénéficié d'une dynamique forte,
grâce aux programmes de développement » et a invité les investisseurs allemands
à « saisir ces opportunités, notamment dans le domaine des PME. » L'Algérie
compte, en fait, beaucoup sur Berlin, un vieux partenaire, pour relancer en
particulier son Industrie, et surtout, améliorer son environnement de
partenaires dans les domaines de la Santé, l'Agriculture, les Transports, la
Formation professionnelle, l'Energie et le renouvelable. Par ailleurs, cette
visite de travail, en Algérie de Mme Merkel, qui
entre dans le cadre des travaux de la 6ème session de la Commission mixte de
coopération algéro-allemande, « ne manquera pas de
donner, également, un élan supplémentaire, à la coopération, au partenariat et
aux échanges entre l'Algérie et l'Allemagne », estime la présidence de la
République. Un Forum d'affaires entre les entreprises des deux pays est,
également, prévu en marge des travaux de cette 6ème session de la Commission
mixte algéro-allemande. En termes d'échanges
commerciaux, la balance commerciale est favorable à l'Allemagne, qui a exporté,
en 2016, vers l'Algérie pour une valeur de 3 milliards d'euros, et en importe
pour un peu plus de 2 milliards d'euros, notamment des produits hydrocarbures.
Berlin est le 5ème fournisseur de l'Algérie, avant les Etats-Unis et après
l'Espagne. Du reste, Alger compte sur la désormais première puissance
commerciale mondiale, l'Allemagne ayant réalisé, en 2016, le plus fort excédent
des comptes courants avec 297 milliards de dollars (contre 245 Mds de dollars
pour la Chine), pour relancer son Industrie, et se replacer sur l'échiquier
politique Europe-Méditerranée.