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A
Paris de 1960, l'OAS multiplie les attentats contre tous ceux qui soutiennent
les indépendantistes algériens et ceux qui lassés par la guerre, critiquent la
politique coloniale française. Dès lors, les offensives de l'OAS s'intensifient
contre les intellectuels français, considérés de gauche. Jusque-là les
manifestations contre la politique guerrière de l'Etat français en Algérie, ne
rassemblaient que quelques centaines de personnes, à Paris, mais la violence de
l'OAS contribue à une prise de conscience, dans l'opinion publique, en métropole.
Le massacre du 17 octobre 1961, soulève une indignation unanime, dans les
milieux de la gauche française qui qualifie les exactions de crime d'Etat. Les
syndicats CGT et CFTC, l'Union des étudiants UNEF, et le Parti communiste
prennent position pour l'indépendance et l'arrêt de la guerre en Algérie.
Janvier et début février 1962 sont marqués par un regain de violence de la part
de l'OAS. La CGT et le Parti communiste appellent à manifester, le 8 février,
dans la capitale, Maurice Papon, alors préfet de Paris, interdit la
manifestation, mais les délégués l'informent qu'ils maintiennent l'appel à
manifester. La préfecture prévoit entre 10.000 et 15.000 manifestants, et met
en place une offensive de dispersion sur le parcours des manifestants.
Le 8 février, les cortèges ont du mal à se constituer autour des bouches de métro, à cause de la forte présence policière, mais la préfecture a sous-estimé les chiffres, les manifestants sont beaucoup plus nombreux que prévu, et prennent plusieurs points de départ pour contrer la police. Un gros cortège se dirigeait vers l'est de Paris, lorsque l'ordre de dispersion est donné, à quelques rues de là, mais la police charge les manifestants se trouvant au métro ?Charonne'. A coups de matraque, de lancers de tables de bistrots et de grilles d'arbres, la police poursuit les gens à l'intérieur du métro Charonne. La violence policière provoque la mort de 9 personnes : Jean-Pierre Bernard, Fanny Dewerpe, Daniel Féry, Anne-Claude Godeau, Edouard Lemarchand, Suzanne Martorell, Hyppolyte Pina, Raymond Wingens et Maurice Pochard. Les victimes étaient toutes syndiqués à la CGT et presque toutes membres du PCF. La commémoration 2017: A l'initiative du Comité ?Vérité et Justice', un rassemblement a été organisé, ce 8 février 2017, à la station de métro Charonne, puis au cimetière du Père Lachaise. Plus tard dans la soirée la maire de Paris, Anne Hidalgo et le Comité ?Vérité et Justice' ont programmé, la projection du film émouvant d'Olivier Doat ?Charonne, 8 février 1962' avec des témoignages sur les violences policières contre l'indépendance de l'Algérie. Lors du débat qui a suivi la projection, les participants ont appelé à continuer la lutte pour la liberté, et pour que l'Etat reconnaisse les massacres du 17 Octobre 1961 et du 8 février 1962 comme crimes d'Etat. Certaines personnes présentes, ayant vécu ces événements, soulignent que ni Maurice Papon, préfet de Paris à cette période, ni Roger Frey ministre de l'Intérieur, ni Michel Debré Premier ministre n'ont été inquiété pour les crimes commis contre les Algériens, le 17 octobre et contre les syndicalistes le 8 février. La soirée se termine par une note d'espoir envers les jeunes générations vers lesquelles un devoir de mémoire est indispensable. Reste à déplorer l'absence très remarquée de la Communauté algérienne à cette commémoration, certainement due à un manque d'information et de couverture médiatique en France, le sujet de la guerre d'Algérie reste très sensible, presque tabou, certains veulent réviser l'histoire, ou peut-être même effacer des faits entiers de la mémoire collective. |
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