Plus
que jamais, et à l'approche de l'élection présidentielle en France, la
communauté immigrée est au centre de toutes les attentions. Vivier électoral
non négligeable, elle est, à chaque approche de suffrage universel, courtisée,
sollicitée par les différents acteurs en course pour les élections. Une étude
de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)
indique qu'en 2015, 7,3 millions de personnes nées en France ont, au moins, un
parent immigré, soit 11% de la population française. Selon la même source
d'informations, les descendants d'immigrés représentent une population plus
jeune et plus urbaine que la moyenne, dont près du tiers est originaire des
pays du Maghreb avec une prédominance des Algériens, un peu plus de 14%, suivis
des Marocains (+10%) et des Tunisiens (+4%). Selon l'étude en question, les
fils d'immigrés sont plus nombreux que leur ascendance estimée à 5,9 millions,
soit moins de 9% de la population résidente en France, une particularité déjà
soulignée par l'Insee en 2012.
Par
ailleurs, les descendants d'immigrés sont également issus en majorité d'une
poignée de pays européens, Italie, Portugal et Espagne, représentant à eux
trois 29% ainsi que des anciennes colonies françaises (pays d'Afrique, Vietnam,
Laos, Cambodge). L'étude de l'Insee, mise en ligne mercredi dernier, révèle que
47% de cette population ont moins de 25 ans, contre 30% de la population
française. Pourtant, et au sein des fils de l'immigration, des disparités
existent entre différentes nationalités d'origine. Ainsi, la population la plus
juvénile est à chercher parmi les enfants d'immigrés d'Afrique subsaharienne où
huit sur dix ont moins de 25 ans. 42% sont originaires du Maghreb où 6 sur 10
ont moins de 25 ans dont une partie est issue d'immigrés algériens ou marocains
arrivés jeunes en France dans le cadre du regroupement familial. Ces
différences sont soulignées par les vagues successives d'immigration. Les
Italiens et Espagnols sont arrivés pour la plupart avant la seconde guerre
mondiale, ce qui explique que 57% de leurs enfants ont désormais plus de 50 ans.
Ce pic est moins net pour les Portugais, dont l'immigration s'est poursuivie
jusque dans les années 1990. Le même constat est observé pour les Français
d'origine maghrébine. L'Institut français rappelle que les vagues d'immigration
en provenance du Maghreb ont commencé pour les Algériens à partir de
l'après-guerre et pour les Marocains à la fin des années 1960. A partir du
milieu des années 1970, elle concernera davantage les pays de l'Afrique noire
ou de l'Asie, mais avec des flux moins importants. «Ainsi, en 2015, 11% des
descendants ont au moins un parent né en Afrique subsaharienne et 9% ont au
moins un parent né en Asie», précise l'étude. Elle souligne également une autre
originalité de cette population avec plus des trois quarts des enfants d'immigrés,
âgés entre 18 et 24 ans, qui habitent encore chez leurs parents. Ils sont un
sur cinq entre 25 et 34 ans, des pourcentages considérés comme nettement
supérieurs que la moyenne française. Cette cohabitation familiale est
particulièrement marquée chez les jeunes descendants d'origine africaine (85%)
ou asiatique (83%) davantage confrontés à un chômage endémique ou à la
précarité de l'emploi que la moyenne nationale. 89% des enfants issus de
l'immigration habitent dans des villes, dont 30% dans la seule région
parisienne. L'étude de l'Insee précise que les zones urbaines attirent
davantage les immigrés et même après avoir quitté le foyer parental, leurs
descendants se retrouvent globalement dans les mêmes aires même si leur
répartition est plus proche de l'ensemble de la population. Ils ne sont ainsi
que 11% d'enfants d'immigrés à déclarer vivre dans des communes rurales, contre
27% pour le reste de la population française. Aussi, 3,6 millions de ces
descendants sont issus d'un couple «mixte» avec une proportion plus importante
pour le père immigré (2,1 millions) que l'inverse (1,5 million). L'insee tord également le cou à des idées reçues en
observant que 67% de ces enfants issus de l'immigration vivent en couple mixte
avec une petite minorité qui choisit de se mettre en couple avec un conjoint
immigré (20%) ou enfant d'immigré (13%). Pourtant, ce chiffre reste contrasté
puisque si 78% des descendants d'Européens vivent en couple avec une personne
de la population majoritaire, ce n'est le cas que de 46% des descendants
d'Africains.