Voilà une réponse claire et directe de Rabat à tous ceux qui
restaient sceptiques quant aux vraies raisons de son adhésion à l'Union
africaine, la semaine dernière. Une semaine, jour pour jour, après son entrée
au sein de l'organisation africaine, le Maroc dévoile ses objectifs et sa vraie
nature, celle d'un pays prédateur, qui ne veut pas lâcher prise au Sahara
Occidental. La preuve a été donnée par le ministre adjoint des Affaires
étrangères, Nacer Bourita,
dans un entretien à un pure player marocain,
considéré jusque-là comme ?'opposant» au Palais royal. Il y affirme notamment
que l'intrusion de son pays au sein de l'UA n'a d'autres objectifs que
d'évincer la RASD en minant les coulisses de l'organisation, et en divisant ses
rangs. Et il l'explique: ?'non seulement le Maroc ne
reconnaît pas ? et ne reconnaîtra jamais ? cette entité fantoche, mais il
redoublera d'efforts pour que la petite minorité de pays ? notamment africains
? qui la reconnaissent encore, fasse évoluer leur position dans le sens de la
légalité internationale et des réalités géopolitiques. ?' Entendre par réalités
géopolitiques dans la bouche d'un ?'diplomate marocain'' le fait de s'inféoder
aux anciennes puissances coloniales pour en obtenir la bénédiction dans
l'occupation du Sahara Occidental. En fait, Rabat n'a jamais fait mystère de sa
volonté de casser l'UA, de l'intérieur ou de l'extérieur, autant comme facteur
déstabilisateur au service des vrais tenants de la nouvelle géopolitique
internationale, qu'il défend si bien, que comme relais de tous ceux dont
l'action de l'UA dérange, en particulier sur le volet de la protection des
ressources naturelles du continent des appétits insatiables des grandes multinationales,
qu'elles soient minières ou agricoles. Et, si le Maroc, comme
l'affirme le n°2 de sa diplomatie, -qui n'en menait pas large jeudi 29 décembre
à Zouérate lorsqu'il est parti avec son chef de
gouvernement présenter les plates excuses du royaume au président mauritanien
après l'incartade du chef de l'Istiqlal envers ce pays-, ne reconnaît pas la
RASD et veut ratisser large pour évincer la jeune république de l'UA, il y a
cependant la question déprimante de la constance politique de certains pays africains
vis-à-vis de leurs engagements politiques envers la question sahraouie.
Car, si le Maroc est si confiant dans sa stratégie de miner les rangs de l'UA
maintenant qu'il y a mis les deux pieds, c'est qu'il a le soutien de tous les
pays africains qui ne doivent leurs plans de développement qu'aux subventions
de l'AFD (Agence française de développement). En particulier les pays de
l'Afrique de l'Ouest, les pays francophones, et que le Maroc arrose depuis un
peu plus de deux ans, avec des projets financés par les banques appartenant au
holding de la famille royale (SNI), qui se font prêter leur argent par la BAD,
la Banque Mondiale ou des banques européennes partenaires. C'est là un argument
cruel mais bien réel, solide, pour des pays africains, notamment ceux de
l'Ouest, au bord de l'apoplexie financière. Alors, doit-on être étonnés que le
Maroc revendique toujours ses chimères territoriales ? Non. Ce qui est, par
contre, dangereux, c'est, au sens propre comme au figuré, que ?' le loup est
dans la bergerie''. La preuve ? La voilà: ?'le Maroc
fourbit déjà ses armes probablement pour parachever dans ce sens une majorité
des deux-tiers, soit 36 Etats, qui accepteraient d'enclencher une procédure
spécifique à l'encontre de cet intrus (RASD, NDLR) entré par effraction'',
écrit LeDesk, après l'entretien avec le ministre
adjoint marocain des Affaires étrangères.