L'ombre
de Donald Trump a plané sur le Sommet de La Valette
consacré, en grande partie, à la question migratoire. L'Europe construit des
murs barrages jusqu'en dehors de ses frontières et dénonce le «mur» de Trump. Hallucinant.
A la
lecture du communiqué final du Sommet européen tenu à La Valette (Malte),
consacré essentiellement à la question migratoire, on ne peut éviter de faire
le parallèle avec le «phénomène» Trump aux USA. Si ce
dernier ambitionne de construire un mur à la frontière mexicaine pour freiner
l'immigration en provenance de toute l'Amérique centrale et du Sud, les
Européens font mieux: ils ambitionnent de construire
des «centres d'enfermement et de rétention» carrément dans les pays
sud-méditerranéens. La différence ? les 28 chefs
d'Etat et de gouvernement de l'UE affirment qu'ils mèneront leur projet en
«respectant les conventions internationales de protection des droits de
l'homme» et en concertation avec le Haut Commissariat
aux réfugiés des Nations unies (HCR). Ca fait une «belle jambe» aux réfugiés
alors même que le HCR «s'inquiète des décisions prises lors de ce Sommet
européen». Et tout en exhibant cette idée géniale de bloquer les migrants
au-delà des rives sud et orientale de la Méditerranée, certains leaders de
l'Union européenne n'ont pas manqué de toupet pour fustiger la politique
migratoire de l'Américain Donald Trump. «Trump n'a pas à se mêler des affaires européennes» a
déclaré le président sortant français François Hollande. «Trump
est une menace» a ajouté le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk. Pourquoi ces attaques contre Trump
? Parce que ce dernier s'est réjoui de la décision de l'Europe de bloquer les
migrants hors de ses frontières. Allez comprendre le raisonnement européen: «Nous, nous bloquons les migrants africains
notamment loin de nos frontières pour les aider, mais vous, M. Trump, vous êtes inhumain en bloquant les migrants
sud-américains à vos frontières», estiment les responsables européens. C'est à
se demander si ce n'est pas l'Europe et ses médias qui «gonflent» et poussent
le président américain dans ses extrêmes en se mêlant, eux, dans les affaires
internes des USA. Il ne faut pas être stratège politique pour comprendre que le
monde aura affaire à plus d'un risque sur la paix dans le monde durant les
prochaines quatre années du mandat de Trump. Est- ce
une raison suffisante pour l'Europe d'ouvrir les hostilités «verbales» et
entrer en confrontation avec les USA de Trump ? C'est
ce que, seule la chancelière allemande, Mme Angela Merkel,
a compris puisqu'elle a déclaré, en substance, lors de ce Sommet:
«il y aura des domaines d'accord avec M. Trump et
certainement aussi des désaccords». Mme Merkel joue
la prudence et privilégie une diplomatie préventive, elle qui pourtant a été
«moquée» par le président américain sur sa politique migratoire. Mais Hollande
n'est pas Merkel. Comme d'ailleurs les pays de l'Est,
Hongrie en tête, qui revendiquent zéro immigration et accueil de réfugiés,
c'est-à-dire une politique migratoire plus radicale que celle de Donald Trump. La différence, car il y en une de taille, est que la
justice américaine est indépendante et le prouve: elle
vient de suspendre ce samedi le décret Trump
anti-immigration. Ce n'est pas le cas de l'Europe qui se glose d'être une
démocratie exemplaire. Oser proposer la construction de
centres de rétention en Libye en débloquant le montant d'un bateau de plaisance
pour croisiéristes, soit la somme de 200 millions d'euros, à la Libye que cette
même Europe a ruinée dans une guerre commandée par d'obscurs intérêts, frôle le
cynisme de cette Europe qui reconstruit des frontières entre ses propres
membres et qui ne semble pas lui suffire: élever d'autres barrages loin de chez
elle, au-delà de la Méditerranée pour, estime-t-elle, protéger les migrants
africains contre les périls de la migration, comme si les guerres et les
misères qui les poussent à chercher asile ailleurs ne pèsent d'aucun péril sur
leur pauvre vie.