La
récente admission du Maroc au sein de l'Union africaine cache des objectifs
politiques inavoués. Et serait une manœuvre des alliés occidentaux
traditionnels du royaume chérifien. C'est l'analyse faite par Abderrezak Makri, leader du parti
Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui a estimé sur sa page Facebook,
hier samedi, que le retour du Maroc au sein de l'Organisation panafricaine a
été fait sur ?'conseils'' de ses alliés occidentaux, dont la France et les
Etats-Unis. Il écrit notamment que ?'certaines lectures superficielles
présentent l'adhésion du Maroc à l'Union africaine comme une déroute et une
reconnaissance humiliante du Sahara occidental''. Mais, prévient-il, ?'ce n'est
pas le cas'', car Rabat a adhéré à l'UA pour ?'pouvoir agir de l'intérieur,
après avoir étendu son influence en Afrique par le biais de relations
bilatérales''. Il argumente en indiquant que le roi du Maroc a effectué ?'46
visites dans 25 États africains''. Il est évident, dès lors, estime Makri, qu'''il n'est pas possible d'imaginer que le Maroc a
décidé de retourner à l'UA après 32 ans d'absence sans aucune consultation et
coordination avec ses alliés occidentaux, en France et aux États-Unis''. Il va
jusqu'à cibler le lobbying marocain auprès de responsables américains, parlant
des relations très ?'intimes'' de l'adjoint du secrétaire d'État américain aux
affaires africaines John-Peter Pham, qui a été désigné par Donald Trump, avec le Maroc''. Selon Makri,
le nouveau Monsieur Afrique du département d'Etat est en fait ?'un ami du
Maroc''. Celui-ci ?'entretient des relations exceptionnelles avec les ministres
marocains de l'Industrie et de l'Economie'', explique encore le leader du MSP,
selon lequel le Maroc va être très actif et aura un rôle très important au sein
de l'UA. Le ministre marocain de l'Industrie sortant, Moulay Hafidh El Aalamy, a fait des
études et est diplômé en systèmes d'information de l'Université de Sherbrooke
(Canada), dont il fut également gouverneur de la faculté d'administration. Il a
débuté sa carrière professionnelle au Canada en tant que conseiller senior
auprès du ministère des Finances du Québec, avant d'occuper le poste de
directeur de systèmes d'information au sein d'une compagnie d'assurance
canadienne. Après son retour en 1995 au Maroc, il a notamment dirigé le
patronat marocain, le CGEM. Le leader du MSP poursuit:
?'Nous allons voir que le Maroc va jouer un rôle important au sein de l'Union
africaine pour ses intérêts et pour les intérêts de ceux qui lui ont conseillé
d'y revenir''. ?'Si nous avions réalisé l'unité de l'Afrique du Nord, comme le
stipule la déclaration du 1er Novembre, on aurait pris la tête de l'Afrique
tout entière'', ajoute énigmatique Makri. Les
avertissements du N°1 du MSP s'ajoutent aux appréhensions de plusieurs
analystes sur cette soudaine envie du Maroc de revenir au sein de
l'organisation panafricaine, 32 ans après avoir claqué la porte de son ancêtre,
l'OUA, après l'admission de la RASD en 1982 lors du sommet de Nairobi. Makri parle en vérité du rôle et du nouvel habit que va
revêtir le Maroc au sein de l'UA, une organisation qui est restée loin de
l'influence autant américaine que française dans la région. Le Maroc en
trouble-fête ? Ou va-t-il devenir le porte-parole
autant des intérêts de la France comme des Etats-Unis en Afrique, devenue un
terrain de chasse digne de l'époque des empires coloniaux, avec le Japon et la
Chine qui, eux, ont déjà pris une avance sur le plan économique ? L'infâme
accord de Madrid, qui a livré le Sahara occidental aux appétits territoriaux de
Rabat, avait comme substrat la présence de bases US au sud de l'Espagne.
C'est
de là qu'est partie toute cette histoire d'envahissement du Sahara occidental
par le Maroc, après le départ des Espagnols. Et ce deal entre le Maroc, la
France et les Etats-Unis est en train de se redessiner avec cette présence
encombrante, gênante, du Maroc au sein de l'UA. Car aujourd'hui, selon des
analystes, il s'agit de livrer toute l'Afrique aux alliés occidentaux du Maroc,
qui, lui, n'a qu'une seule idée en tête: évincer la
RASD de l'UA, diviser l'Afrique en deux grands blocs antagoniques, Est et
Ouest, et en prendre le leadership avec le conseil de ses alliés, dont la
France, les Etats-Unis n'étant intéressés que par rapport à l'influence de plus
en plus forte de la Chine sur le continent.