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Prenant
prétexte que l'Iran a procédé au tir expérimental de missile à moyenne portée,
Washington a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour en
discuter. L'initiative américaine ne surprend pas car avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche il était attendu qu'il donne le
coup d'arrêt à la normalisation des relations irano-américaines enclenchée par
l'accord nucléaire de juillet 2015 conclu par l'Iran avec les puissances du
groupe dit des « cinq+un ».
Cet accord signé durant l'ère Obama, le candidat Trump avait fait de sa remise en cause son cheval de campagne ce qui n'a que peu contribué à lui procurer des ralliements qui paraissaient improbables. S'il était certain que le président élu allait tôt ou tard remettre sur la table le dossier de l'accord du nucléaire iranien qu'il estime n'avoir pas été négocié au mieux des intérêts de l'Amérique et surtout de ceux d'Israël, la question se posait de savoir comment il s'y prendrait pour que sa décision ne soit pas dénoncée en tant que reniement d'un engagement souscrit au nom de l'Amérique par son prédécesseur. Trump a dû se convaincre que c'est en provoquant l'Iran par le biais d'affaires apparemment sans rapport avec le dossier du nucléaire qu'il susciterait des réactions chez ses dirigeants qui justifieraient la remise sur le tapis de l'accord qu'il a promis de dénoncer. D'où la manœuvre tortueuse ayant consisté à inclure l'Iran dans la liste des sept Etats dont Trump a pris décision d'interdire à leurs ressortissants l'entrée aux Etats-Unis, ce qui revient à faire comprendre que Washington considère toujours l'Iran comme un pays à risque terroriste pour l'Amérique. Laquelle manœuvre a été aussitôt suivie par une autre visant à faire accroire que le tir de missile que l'Iran vient d'expérimenter constitue tout à la fois une violation de l'accord sur le nucléaire conclu avec les « cinq+1 » et celle de la résolution 2331 du Conseil de sécurité qui l'a entériné. En provoquant de la sorte l'Iran, ce qui remet sous tension les relations américano-iraniennes, Trump tente de susciter matière à éteindre la contestation que son élection a fait naître en Amérique et qui a spectaculairement enflé suite aux controversées décisions qu'il a signées aussitôt investi. Il est vrai que l'accord sur le nucléaire iranien a été désapprouvé et dénoncé en Amérique au-delà des milieux ayant contribué à l'élection de Donald Trump et que sa dénonciation vaudra à ce dernier leur approbation. Mais ce faisant, le président américain prendra le risque de relancer une crise internationale aux conséquences aussi imprévisibles qu'incalculables, dans laquelle l'Amérique s'engagerait sans coopération et soutien des autres puissances membres du groupe des « 5+1 ». Toutes en effet désapprouvent l'intention de Trump de dénoncer l'accord sur le nucléaire iranien et si certaines d'entre elles estiment que le tir de missile effectué par l'Iran accroît naturellement « la méfiance » de Washington, elles n'en soutiennent pas moins qu'il ne constitue pas une violation de l'accord de 2015 et que Téhéran a jusque-là respecté ses clauses. Ce n'est en tout cas pas l'Iran qui pliera devant les provocations dont il est la cible de la part d'un président américain qui le désigne à son opinion nationale comme l'épouvantail contre lequel elle doit faire bloc derrière lui. |
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