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Dimanche, il
est environ 19h30, quand deux hommes cagoulés font irruption dans l'enceinte du
centre culturel islamique de Québec, à la fin de la prière d'El Isha. Ils ouvrent le feu sur la cinquantaine de fidèles
présents dans la mosquée de Sainte Foy, l'une des dix mosquées de la province
canadienne, sise dans un quartier résidentiel bordant une vaste zone de bureaux
et de commerces, à une dizaine de kilomètres à l'ouest du centre historique de
la ville de Québec. Bilan : six morts et huit blessés.
Deux Algériens figureraient parmi les victimes de l'attentat, a indiqué hier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif. «Selon les informations préliminaires recueillies par notre Consulat général à Montréal auprès des membres de la communauté algérienne, deux citoyens algériens figureraient parmi les victimes de l'attaque perpétrée hier soir contre le Centre culturel islamique de Québec», a déclaré à l'APS le porte-parole du MAE. «Notre ambassadeur à Ottawa et notre Consul général à Montréal sont en contact permanent respectivement avec les autorités fédérales canadiennes et les autorités québécoises pour la confirmation de ces informations et pour recueillir des précisions sur l'identité des blessés, dont cinq se trouveraient dans un étant grave», a-t-il ajouté. Selon Christine Coulombe, porte-parole de la sûreté du Québec, «deux personnes ont été arrêtées» et placées en garde à vue. L'une «à proximité des lieux et un autre suspect» près de l'île d'Orléans, à une vingtaine de kilomètres des lieux de la fusillade, a encore précisé Christine Coulombe qui affirme que «pour le moment, rien ne nous porte à croire qu'il y aurait d'autres suspects reliés à l'événement». Quelques heures après l'attentat, la police cherchait à reconstituer le scénario de l'attaque sur fond d'interrogatoire des témoins rescapés de la fusillade, rassemblés dans un centre sportif proche de la mosquée. «Les deux hommes portaient une cagoule noire» et l'un d'eux avait «un fort accent québécois», a déclaré un témoin interrogé par Radio-Canada. Quand les tirs ont commencé «les hommes se sont jetés à terre», a-t-il ajouté. Les témoins avouaient leur incompréhension après cette fusillade. «Je ne comprends pas pourquoi ici ; c'est une petite mosquée et Québec ce n'est ni Montréal ni Toronto», a déclaré un homme qui se trouvait à l'intérieur du centre au moment de l'attaque. Quelques minutes après les tirs, un important dispositif policier a été déployé et les premiers blessés ont été soignés dans des ambulances sur place. Pour rappel, la même mosquée avait été ciblée, l'été dernier, par un acte islamophobe, quand une tête de porc avait été déposée devant l'une de ses portes. Plusieurs autres mosquées avaient également été l'objet à travers le Canada de dégradations au cours des deux dernières années après les vagues d'attentats qui ont touché la France. Les premières réactions étaient celles du gouvernement canadien et de son Premier ministre, Justin Trudeau qui a déclaré que l'attaque est un «acte terroriste» et que «les musulmans canadiens constituent un élément important de notre tissu national ; des gestes insensés comme celui-là n'ont pas leur place dans nos communautés, nos villes et notre pays». Pour sa part, Philippe Couillard, chef du gouvernement de la province francophone, a assuré que «comme ailleurs dans le monde, Québec est frappé par le terrorisme. Nous allons y faire face ensemble avec courage et avec solidarité». Le maire de la ville, Régis Labeaume, les larmes aux yeux, affirmait qu'il a «l'impression de rêver» et que Québec «est en deuil et vit un drame sans nom». François Hollande a dénoncé, quant à lui, «avec la plus grande fermeté l'odieux attentat». Le Premier ministre belge, Charles Michel, a condamné sur son compte Twitter alors que pour la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, «l'Union européenne est avec le Canada et avec tous les Canadiens en ce jour triste». Si c'est la première fois qu'une attaque de ce genre vise une mosquée au Canada où la population musulmane est estimée à environ 1,1 million, le Canada avait déjà fait face à des attaques terroristes menées par des djihadistes radicalisés. En octobre 2014, deux attaques sont imputées à des jeunes hommes radicalisés. En août 2016, un Canadien de 24 ans avait été tué par la police juste avant de perpétrer un attentat-suicide, après avoir prêté allégeance à Daech dans une vidéo. En juin 2006, la police perquisitionne dans des résidences de Toronto et de Mississauga et arrête 17 personnes en lien avec deux complots terroristes en sol ontarien. Un autre homme avait aussi été arrêté deux mois plus tard. Le groupe avait été baptisé le Toronto 18 et avait projeté de faire exploser une bombe à la Bourse de Toronto et dans des tours importantes de la province et créer une cellule d'Al-Qaïda à Toronto pour que le Canada retire ses troupes d'Afghanistan. En décembre 2009, le FBI met au jour un projet d'attentat «aux sous-vêtements piégés» et arrête le Nigérien Omar Farouk Abdulmutallah à bord d'un avion de Delta Air Lines. Avril 2013, un autre projet d'attentat associé à Al-Qaïda contre un train dans le sud de l'Ontario mène à l'arrestation de deux individus. Les présumés terroristes prévoyaient de faire dérailler un train de passagers de VIA Rail dans la grande région de Toronto en direction de New York. Près de 60 djihadistes canadiens sont rentrés au pays alors que 180 autres sont toujours engagés auprès d'organisations jugées comme terroristes. |
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