Le
niveau actuel des réserves de change, 114,1 milliards de dollars, repose en des
termes crus la question de savoir si vraiment l'Algérie pourra aller jusqu'en
2019 sans descendre du seuil des 100 milliards de dollars. Le gouverneur de la
Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, a en quelque sorte
répondu hier dimanche à cette question. A fin décembre 2016, les réserves de
change de l'Algérie ont donc baissé à 114,1 mds de dollars contre 144,1
milliards de dollars à fin 2015, a-t-il indiqué. Soit une baisse de 30
milliards de dollars en une année. L'annonce de M. Loukal
reprend et détaille en fait les déclarations à la télévision faites le 28
décembre dernier par le Premier ministre Abdelmalek Sellal.
Celui-ci avait notamment indiqué que l'Algérie terminera finalement l'année
2016 avec 114 milliards de dollars de réserves de change. En fait, M. Sellal a estimé, au cours de cette intervention télévisée,
que le montant des réserves de change à la fin de l'année aurait dû être plus
élevé, si ce n'est la hausse du dollar, qui a impacté le matelas de devises.
L'Algérie, depuis quelques années, a placé une partie des réserves de change
dans d'autres devises que le billet vert dont l'euro, qui ont fortement baissé
ces dernières semaines face à la monnaie américaine. Le placement depuis une
dizaine d'années de la moitié des réserves de change en euro, qui a dégringolé
face au billet vert, aura ainsi coûté 2 ou 3 milliards de dollars au montant
des réserves de change à fin 2016, selon des banquiers. Or, les 114,1 mds de
dollars de réserves de change seraient plus bas que prévu par les experts sur
la base des déclarations du gouverneur de la Banque d'Algérie, le 4 décembre
2016, car il prévoyait que ces réserves de change allaient terminer l'année
«entre 117 et 118 milliards de dollars». A fin septembre 2016, le matelas de
devises du pays s'était établi à 121,9 milliards de dollars et à 129 milliards
de dollars à fin juin de la même année. C'est en juin 2014 que les réserves de
change de l'Algérie ont commencé à fondre, au moment où leur niveau atteignait
presque les 200 mds de dollars, puisqu'en mars de cette année, l'Algérie avait
dans ses caisses 195 milliards de dollars. Mais la décrue de la croissance
économique mondiale et la baisse de la demande sur l'or noir ont fait que les
prix ont entamé une lente chute et, donc, une baisse progressive des recettes
d'exportation tirées des hydrocarbures. L'autre boulet pour l'Algérie,
pratiquement mono-exportatrice d'hydrocarbures et dérivés, aura été une
boulimie ruineuse des importations et, fatalement, un déficit budgétaire et
commercial préoccupant. C'est dès lors, le mouvement inverse qui est observé,
concernant les réserves de change: 193,27 mds de
dollars à fin juin 2014, puis 185,27 mds de dollars à fin septembre de la même
année. Un mouvement inverse de celui observé depuis 2006, lorsque les réserves
de change croissaient de 20 milliards de dollars annuellement en s'établissant
à 77,8 mds de dollars en décembre 2006, à 110,2 mds de dollars à fin 2007, à
143,1 mds de dollars à fin 2008 et à 194 milliards de dollars à fin 2013. Dans
la foulée, le baril de brut chutait de 101,45 dollars en 2013 à presque 30
dollars début 2016. L'autre explication de la ?'fonte'' des réserves de change
depuis 2015 est le déficit de la balance des paiements que la Banque d'Algérie estimait
à 27,5 mds de dollars en 2016.