|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Comment t'as fait ya siel ma, dans tout ce cilima pour
changer subitement de nom, sans que tu changes d'aspect ou de couleur ?
S'interroge Otchimine, en portant de lourds jerricans
sur ses frêles épaules. Les épaules qui ont porté la pierre du Murdjadjo pour construire El-Bahia et son port. «Y'a, dans
nos têtes, quelque chose qui ne tourne pas rond», ronronne le vieux guerrier,
qui rêve des cascades et de l'Ourit. Otchimine perd la boule quand il voit un nouveau commerce
qui a pris naissance dans nos villes. Jadis, on l'appelait tout simplement «El-Ma» et elle était toute délicieuse et «potable» à boire.
Par quel miracle, lui a-t-on attribué un adjectif alors qu'elle se fait de plus
en plus rare ? Et comment, surtout, en est-on parvenu à l'appeler «El-Ma H'lou». De par ce
qualificatif, l'eau est devenue synonyme de canne à sucre. Et pourtant,
aujourd'hui, cette eau, on la boit amère. Quand «El-ma»
est sans goût, c'est la facture qui est salée. Dire que le slogan de la société
des eaux est : »une eau propre pour une meilleure vie». Manquait plus qu'elle
nous serve de l'eau sale.
Chez ceux qui gèrent notre eau et bas salaires, on se base sur un principe : «moins on consomme cette denrée vitale, plus ça chiffre dans les factures». Ce principe constitue un tour de passe-passe qui rend tout objet transparent mais pas l'eau, ni la facture, d'ailleurs. Seor de prix. Toute cette pénurie d'eau, c'est la faute aux précipitations qui ne viennent plus. Mais quand elles tombent, ces pluies font des catastrophes monstres. Conclusion, trop d'eau coulina, sans eau coulina quand même ! |
|