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Approvisionnement de la France en gaz algérien: «Spéculations», répond Sonatrach

par Moncef Wafi

La polémique autour des livraisons contractuelles du gaz algérien à la France fait toujours rage à en croire les accusations des uns et les explications des autres.

Le dernier épisode de ce feuilleton franco-algérien a tourné autour de la déclaration du P-dg de Sonatrach, Amine Mazouzi, répondant aux accusations de Thierry Trouvé, le directeur général du gestionnaire du réseau de transport français de gaz, GRTgaz, filiale d'Engie, faisant état, lors d'une conférence de presse animée dans la deuxième décade de janvier, d'une rupture dans l'approvisionnement en gaz du Sud-ouest français à partir de l'Algérie. «Spéculations», dira le patron de la compagnie nationale des hydrocarbures pour qui, que ce soit du côté de Sonatrach ou de la maison-mère, il n'a jamais été question de manque d'engagement. «C'est une polémique qui a été créée de toutes pièces et qui ne concerne ni Sonatrach ni Engie», précisera-t-il lors d'une conférence de presse tenue en marge de la signature de deux contrats d'études avec des sociétés italienne et indienne. Amine Mazouzi évoquera des «tiers» derrière ces déclarations et tient à défendre la réputation de l'Algérie en tant que «fournisseur fiable en gaz», expliquant que Sonatrach a honoré tous ses engagements contractuels avec son client français «notamment durant le mois de janvier et même pendant l'arrêt technique de l'unité de liquéfaction Skikda».

A propos de cette dernière, il précisera qu'elle a redémarré ce jeudi après un «arrêt routinier pour raison de maintenance» qui devait durer en théorie jusqu'à février, promettant d'approvisionner avec «davantage de cargaisons» Engie.

Le P-dg de Sonatrach dégagera encore la responsabilité de sa compagnie concernant un quelconque manquement à ses engagements.          L'arrêt technique de l'unité de Skikda n'a été à l'origine d'aucune perturbation d'approvisionnement de la France, insistera-t-il. Les précisions de Mazouzi augurent-elles d'un rab du gaz algérien pour la France d'autant plus qu'une source de Sonatrach avait déjà indiqué que les quantités contractuelles destinées à cette région avaient été «totalement épuisées» par GRTgaz en raison de la hausse de la consommation de l'énergie à cause notamment de la vague de froid persistante en Hexagone. Selon la même source d'informations, la partie française a sollicité Sonatrach pour d'autres quantités de gaz, mais cette dernière «est dans son droit de décliner cette demande en raison de ses engagements avec d'autres clients».

Pourtant, et au cours de cette conférence de presse de jeudi, Mazouni n'a pas évoqué la déclaration de la directrice générale de l'ex- GDF Suez qui avait souligné que Sonatrach a connu des problèmes «non pas dans la production de son gaz mais dans la liquéfaction de son gaz».

Les Algériens ne voulant certainement pas polémiquer davantage avec leur client. Concernant les prix de vente, également évoqués en amont, il est expliqué que la demande des Français répond au retour à la hausse des prix de gaz sur le marché spot puisqu'il est indexé sur les cours du pétrole brut.

La source rappelant que Sonatrach avait subi des pressions de la part des sociétés françaises et européennes pour réviser les prix contractuels de gaz dans le sillage de la chute des prix de pétrole. «Et comme le mauvais temps persiste en Europe alors que les prix du pétrole sont relativement en hausse actuellement, les Français ont besoin de quantités supplémentaires et ont exprimé leurs besoins à la partie algérienne», a-t-elle ajouté. Pour Mazouzi, «ils ne concernent que Engi et Sonatrach» expliquant que «lorsqu'il y a une relation commerciale entre deux sociétés, les prix sont évidemment discutés et révisés annuellement».

Interrogé également sur un éventuel «essoufflement» des réserves gazières du pays durant les dernières années en raison de l'augmentation de la production, le premier responsable de Sonatrach a assuré que le déclin constaté en terme de production ne s'est pas fait au détriment des réserves du pays mais a été généré par une série d'actions d'optimisation.

Selon lui, les réserves de gaz suffiront pour une production de plus d'un siècle alors que celles de pétrole ne s'épuiseront pas avant 2050 ou 2060. En mars dernier, l'Agence américaine d'information en énergie (EIA) annonçait même une hausse de la production gazière de l'Algérie à partir de 2018, après des années de stagnation, grâce à l'entrée en production de plusieurs champs gaziers au sud-ouest du pays. Dans son rapport d'analyse, l'EIA anticipe une augmentation de l'offre en gaz algérien d'un trillion de pieds cube (Tcf) ou plus à partir de 2018. Selon elle, la production du gaz avait progressé à 6,6 Tcf en 2014, en hausse de 4% par rapport à 2013.

La progression a été enregistrée après une série de baisses qui ont suivi le pic de 7,1 Tcf atteint en 2008 et reflète aussi le retour à la production des trains du complexe de Tiguentourine d'In Amenas. Quant aux exportations en gaz naturel et liquéfié, elles devraient passer de 54 milliards de m3 en 2016 à 56 milliards m3 en 2017, a annoncé jeudi un responsable de la commercialisation de Sonatrach. Pour le GNL, les exportations attendues pour 2017 devraient atteindre 17 milliards m3 contre 39 milliards m3 pour le gaz naturel. Pour rappel, les exportations gazières représentaient environ 30% des exportations globales des hydrocarbures du pays.