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La Fondation de
l'islam de France, la grande idée de Valls pour «apprivoiser» la religion,
connaît ses premiers couacs. En effet, la Fédération nationale de la Grande
Mosquée de Paris (FNGMP) a annoncé son intention de ne pas participer aux
travaux de sa mise en place pour ne pas cautionner «toute forme d'ingérence»
dans la gestion du culte musulman en France. Le communiqué de la FNGMP précise
qu'après concertation entre ses membres, elle a décidé «de ne pas participer
aux travaux de mise en place de la Fondation de l'islam de France et de son
Conseil d'orientation ainsi qu'à ceux de la mise en place de l'Association
culturelle». Selon la même source d'informations, la FNGMP, présidée par Dalil Boubakeur, dénonce
l'ingérence française dans la gestion du culte musulman et de sa
représentation, «d'autant que l'élaboration desdites structures n'a jamais fait
l'objet d'une large concertation avec les musulmans de France», explique le
document. De ce fait, la Fondation refuse «toute tentative» de mise sous
tutelle de l'exercice de leur religion et appelle toutes les fédérations et
associations musulmanes gestionnaires de lieux de culte, ainsi que tous les
musulmans de France, à rejeter l'initiative de l'ex-Premier ministre français.
Rappelons que le ministère de l'Intérieur a lancé, en décembre dernier, la Fondation de l'islam de France pour gérer et organiser le culte musulman en France. Dirigé par Jean-Pierre Chevènement, le conseil d'administration de la Fondation de l'islam de France, qui succède à la Fondation des œuvres de l'islam de France, créée en 2005 sous l'impulsion de Sarkozy alors ministre de l'Intérieur, compte cinq personnalités qualifiées, trois représentants de l'Etat, deux représentants des donateurs, ainsi que le président du CFCM. Le Conseil d'orientation, placé sous la houlette du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, est composé de six représentants du CFCM et 24 personnalités du monde scientifique, philanthropique, social et culturel. Le choix même de Chevènement a été remis en cause puisque sa nomination a soulevé nombre d'incompréhensions. Une source proche de la FNGMP a indiqué, à l'APS, que les membres n'acceptent pas d'abord qu'une institution censée gérer les affaires du culte musulman soit présidée par un «non musulman», en plus du fait que la Mosquée de Paris, principale institution du culte musulman en France, se trouve «minorée» dans cette fondation. Lors d'une journée de formation à Alger, le représentant du Bureau central des cultes du ministère français de l'Intérieur, Arnaud Schaumasse, interrogé sur le choix contesté de Jean-Pierre Chevènement pour gérer la Fondation pour l'islam de France, a expliqué que celle-ci est d'utilité publique et qu'elle a un rôle «éducatif, cultuel», sous la couverture de la République pour «faire rentrer l'islamologie de nouveau à l'université», une forme pour contrer la formation des imams à l'étranger. La Fondation pour l'islam de France doit permettre de lever des financements pour des projets en matière profane (thèses de recherche sur l'islam, bourses d'études?). Par contre, le volet religieux (formation théologique des imams, construction de mosquées?) sera entre les mains d'une association cultuelle administrée par des musulmans. Pourtant, le sujet de l'islam restera toujours au centre des enchères des politiciens qui n'hésitent plus à faire de la guerre contre la religion musulmane un véritable programme électoral. |
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