Des dizaines
d'agriculteurs des communes de Besbès, Dréan, Chébaita Mokhtar, Chihani, Ben M'hidi et Zérizer, en tracteurs et pick-up, ont convergé, dans la
matinée de dimanche dernier, vers la conserverie «Les Aurès», sise à Denden, dans la comune de Besbès, pour exprimer leur mécontentement, sur la 2ème
tranche de leurs créances non encore perçue auprès de cette conserverie. Sur place, M. Azeddine Aberkane, président de la filière tomate industrielle de la
wilaya d'El Tarf et membre du Conseil national
interprofessionnel, qu'entouraient les agriculteurs, dira « qu'après le retour
en force de cette filière ces trois dernières années, avec des rendements
jamais égalés, l'on cherche à anéantir cette filière dont la production cette
année, à l'échelle nationale, a atteint 130 000 tonnes alors que les besoins du
pays, en concentré de tomate, sont estimés à 90 000 tonnes, en se demandant
pourquoi, à moins de deux mois de la prochaine campagne, l'on tarde à payer les
agriculteurs. Et c'est la raison pour laquelle on est venu demander des
explications sur ce retard dans les paiements.» Rien que pour la wilaya d'El Tarf, poursuivra notre interlocuteur, plus de 5 000
hectares ont été consacrés à cette culture dont 2 275 ha en ?'goutte à goutte''
ayant atteint des rendements de l'ordre de 700 q/ha. Des agriculteurs
enchaineront pour soulever l'étrange importation de triple concentré de tomate,
soit 41 000 tonnes et 9 000 tonnes de double concentré en 2016, « une manière
de duper l'Etat dans les aides octroyées à cette filière puisque ce stratagème,
connu, consiste à mélanger le triple concentré de piètre qualité ramené à coup
de devises de l'étranger, le mélanger avec la production locale puis profiter
des aides. Un simple jeu d'écriture sur les contrats auquel s'adonnent quelques
conserveurs. Chose qui constitue un risque sur des profits non mérités et saper
cette filière et leur objectif majeur, dans la mesure ou
beaucoup de conserveries peinent à écouler leurs stock. Chose qui leur permet
de payer les agriculteurs sans passer par les crédits de la banque ». Les
agriculteurs frustrés, au plus haut point, au regard chargé, nous ont déclaré
qu'ils ne comptent plus travailler la tomate pour ne plus revivre le cauchemar
du passé, et tenaient aussi à parler au gérant de cette conserverie. Ce
dernier, M. Fawzi Hanafi,
gérant de cette conserverie, de loin la plus importante dans la wilaya d'El Tarf sur les six existantes, produit 100 tonnes/ jour et
emploie 50 travailleurs permanents et 300 saisonniers, s'est adressé aux
agriculteurs et la presse pour clarifier et expliquer les choses sur le
déroulement de la précédente campagne. D'abord, dira le gérant de cette
conserverie, ce sont 14 milliards de cts, en semences, engrais et produits
phytosanitaires, qui ont été octroyés aux agriculteurs au nombre de 369 ayant
passé des contrats. Parmi ces agriculteurs, 58 comptant parmi les petits
agriculteurs ont été payés et 184 restés en instance et auxquels il doit
presque 09 milliards de cts.
Quant à M. Mansouri de l'entreprise MMB qui n'aurait encore rien reçu,
la conserverie lui doit 27 milliards pour l'emballage. « Le mal et le malaise,
à l'origine de ces problèmes, dira le gérant, c'est la BADR, au niveau central,
qui n'a pas satisfait son crédit de campagne, ce qui a engendré tous ces
dysfonctionnements ». Pour ces éclaircissements, nous n'avons pu avoir les
responsables de la BADR. En ce sens, dira encore notre interlocuteur, « de
nombreuses correspondances ont été adressées à cette banque et sont restées
sans réponses. La demande de crédit de campagne pour un montant de 133
milliards de cts adressé le 31/1/2015, a reçu le quart du montant demandé soit
25 miliards cts, bien après la fin de la campagne,
soit le mois de septembre passé ». Et notre interlocuteur de se demander «
pourquoi des conserveries qui ont produit à peine 200 T/J, soit le 1/8 de la
conserverie les Aurès, ont reçu 50 milliards de crédits ? Rencontré, il y a de
cela un mois, le PDG de la BADR qui s'est montré compréhensif face à cette
épineuse situation envers laquelle la conserverie s'est acquittée de sa
dernière tranche, et a dépêché une commission qui a eu à constater au niveau de
la conserverie, un important stock en concentré de tomate. Mais, depuis plus
rien », dira ce même gérant. « Même le crédit RFIG de l'Etat de 18 milliards de
cts, que normalement la conserverie aurait du
percevoir, a été exigé par l'ENILEV, organisme chargé des aides de différentes
cultures, alors que c'est anormal », selon le responsable de cette conserverie.