Au marché couvert, principal pôle de l'ouest du pays de vente des
produits relatifs à la fête de Yennayer (Ennayer pour la population de l'extrême ouest), ce n'est
désormais plus la ruée habituelle et les étals ne sont pas aussi achalandés que
les années précédentes.
La flambée générale des prix en est la cause et ceci risque de
peser sur la pérennité de cette fête. Un septuagénaire se souvient:
«Cette fête était une occasion pour que la grande famille se retrouve autour de
friandises et plats typiques et caractéristiques. Beignets, petits pains décorés
de bonbons qui faisaient la joie des enfants, cacahuètes, noix, amendes,
bonbons, figues sèches et dattes, grenades que les mamans et grand-mères
conservaient pour l'occasion, cherchèm (plat à basse
de céréales) sont les délices qui ornent la table en cette occasion».
Actuellement, ajoute notre interlocuteur, «cette fête est en passe de perdre de
son authenticité à cause du tiraillement entre la tradition et la modernité.
C'est désormais à coup de produits exotiques, de chocolats et de boissons de
grandes marques que Ennayer est célébré». Selon cet
enseignant chercheur, Ennayer est à la croisée des
chemins. «Cette saison, la flambée des prix a eu un effet de choc sur cette
fête traditionnelle laquelle vivrait, en conséquence, une période de transition
durant laquelle elle connaîtrait un sérieux déclin avant de rebondir plus
originale et authentique», prédit cet enseignant chercheur. Pour le moment les
prix excessifs des produits caractéristiques de cette fête ne favorisent pas
l'engouement et découragent les bourses moyennes, et pour cause. Les prix (au
kg) des produits tels la figue sèche (1400 DA), noix (2400 DA), dattes (jusqu'à
1000 DA), cacahuètes (450 DA), sont tout simplement hors de portée pour une
grande majorité. C'est dire que les considérations économiques influent
énormément sur la célébration des fêtes traditionnelles.