L'heure est à la raillerie et aux accusations de
sorcellerie. Les patrons-charlatans posent des devinettes aux présents, et ce
sont eux-mêmes qui répondent à l'énigme. Il fait beau au pays de la magie.
C'est le grand bonheur chez les grands chefs, qui profitent du calme pour
taquiner les rivaux. On prend du bon temps pour se marrer et déclencher le rire
de la galerie. La recette pour se défouler dans un pays fermé, on s'enferme à
double tour dans une salle transparente et démocratique et on fait son show
politique devant des «cautionneurs» obéissants. Au
pays de la liberté d'expression, on le dit avec le rire dans tous ses sens de
«t'manchir», et de «t'ferâin».
On nous le dit, «França el ghadara»
est toujours aux commandes du pays. «Hay âlina !»
nous les niais, on pensait qu'elle avait fait ses valises en 1962. Mais
attention, il ne faut pas trop tirer sur la corde. A ce titre, il y a une
expression populaire relative et bien claire qui dit : «La déchirée rit de la
fragmentée et la décousue a éclaté de rire». Dans la vie, il y a des malheurs
qui font rire et d'autres qui font pleurer. Ceux qui affichent la banane jaune
sur le visage aujourd'hui font de l'ombre à la vérité et ils mentent comme des
arracheurs de dents. Le rire jaune cache toujours un esprit traître et
maléfique. C'est drôle, il y a des individus qui ont le fou rire à tout moment
sans être chatouillés. L'heure est au rire sordide et aux applaudissements des
aplatis. Les acteurs et les spectateurs du rire devraient, au contraire, se
lacérer le visage avec une cardeuse. L'humour noir nous fait plier d'un rire
cynique. Faut-il rire du ridicule ou simplement l'ignorer. Le temps est riant
et apitoyant pour le plaignant et ses assistants. Dans ces moments de frasques
et d'impertinence, seul le rire fait le plein chez le cœur froid. La raison
hurle, à haute voix sur tous les toits, que le pays va droit dans le mur.
«Assez rigolé !» répondent les raisonnables, et il est temps d'introduire le
FLN au musée d'histoire comme patrimoine de tous les Algériens. «Oublie-la !»
répondent les rigolos qui veulent continuer à cultiver le rire. La santé du rire
se porte comme le charme rythmique d'une derbouka. Elle a un bel avenir grâce
aux discours vides produits par la caste qui nous surveille de près. Les
pathétiques attisent la causerie avec des stupidités. Si ce n'est pas la
rumeur, c'est untel qui alimente les secrets de coulisses qui sont les sujets
récurrents du bêtisier politique qui nous divertit. Au lieu d'ouvrir un débat
sérieux avec de nouvelles démarches pour amortir le choc pétrolier et sortir
avec un consensus national pour l'intérêt du pays, on se détourne de la réalité
et on minimise les dangers qui guettent notre avenir et celui de nos enfants.
Les adversaires politiques s'affrontent comme des charlatans dans un souk pour
gagner la meilleure place, pour faire avaler des couleuvres à ceux qui les
écoutent. En attendant, la fête du rire forcé se poursuit, sans le rire de bon
cœur?