La décision
de boycotter les prochaines élections adoptée samedi par le comité central du
parti Talai El Houriat n'a pas surpris, car attendue
au décodage des déclarations et communiqués ayant émané de son président, Ali Benflis, ou de son bureau politique lesquels laissaient
clairement entrevoir, au travers de formulations à la critique acerbe contre le
pouvoir et ses intentions, que telle allait être l'option qui s'imposera au
parti. Comme pour toutes les autres formations de l'opposition, la décision à
prendre sur la question de la participation ou non aux prochaines élections
législatives n'a pas été aisée à prendre au parti Talai El Houriat.
Celle qu'a entérinée le comité central de ce parti n'est intervenue qu'après
consultation et débat en interne dont il s'est dégagé l'avis majoritaire en
faveur du boycott. En se décidant pour le boycott, le parti de Benflis se retrouve être seul dans cette situation. L'ensemble
des autres formations locomotives comme lui de la scène partisane ayant opté
pour la participation. Est-ce pour autant qu'il faut lui faire reproche
d'avoir, ce faisant, commis une «erreur» politique en n'ayant pas suivi ces
formations qui ont justifié leur participation par l'argument que la politique
de la «chaise vide» est plus pénalisante qu'elle pour l'opposition. Pour sûr
que l'argument a dû faire débat au sein de Talai El Houriat
mais qu'il lui a été manifestement préféré celui qui soutient qu'un parti ayant
opté pour une ligne politique basée sur la conviction que le pouvoir qui va
organiser les élections à venir n'est ni légitime ni disposé à organiser
celle-ci de façon démocratique et régulière, a encore plus à perdre en prenant
part à ces échéances électorales. Nul ne peut contester à la décision de Talai
El Houriat de sa cohérence avec le discours et les
prises de position du parti depuis sa création. Cette cohérence, le parti de Benflis a choisi à l'évidence d'en faire sa marque
distinctive qui renforcera et élargira la crédibilité qu'il s'est forgée en
campant dans la posture d'opposant sans concession ou compromis. Elle lui
vaudra à n'en point douter de subir quelques remous en interne qui prendront la
forme de dissidences fomentées par ceux qui se sont encartés dans ses rangs
avec le calcul de voir leurs ambitions électorales prises en compte mais déçus
par l'option pour laquelle il a opté. Le nuage qui va planer sur la formation
de Benflis sera en tout cas l'occasion de vérifier la
solidité de l'ancrage populaire dont elle se prévaut.
Le boycott
des élections par Talai El Houriat peut apparaître
comme n'allant avoir aucun impact sur le déroulement du processus électoral
balisé à son profit par le pouvoir du moment que pratiquement l'ensemble des
formations de la scène politique y prendront part. Il en fera néanmoins un
parti d'opposition à qui il sera reconnu de ne pas avoir succombé à l'appât du
quota que le pouvoir octroie aux formations conciliantes. Même s'il s'est
condamné de par sa position à voir sa visibilité momentanément amoindrie du
fait de sa non-participation aux joutes électorales, le parti Talai El Houriat a de toute évidence fait le pari que les élections
annoncées ne règleront en rien la crise politique que vit le pays. Son attitude
en l'occurrence boostera inéluctablement son audience.