Deux
semaines seulement après la décision de la Cour de justice de l'Union
européenne (CJUE) affirmant que les ressources naturelles du Sahara occidental
ne font pas partie de l'accord liant Rabat à Bruxelles, l'Europe continue
d'ignorer ses propres lois quand il s'agit d'intérêts économiques.
L'Observatoire
des ressources naturelles du Sahara occidental (WSRW), un réseau international
d'organismes et de militants qui recherchent et interviennent auprès des
compagnies travaillant pour des intérêts marocains au Sahara occidental occupé,
a été le premier à médiatiser ces dépassements, en dénonçant, samedi, le
transport par un navire européen de l'huile de poisson pêché dans les eaux
territoriales sahraouies dont la destination n'est pas une surprise. La
cargaison est acheminée vers la France, croit savoir l'ONG, Paris étant le
premier défenseur de la marocanité du Sahara. Ce cas de figure illustre
parfaitement le double langage de l'Europe, prête à toutes les compromissions
pour ses intérêts commerciaux, quitte à piétiner le droit international et la
décision même de sa Cour de justice. WSRW n'en est pas à sa première
condamnation puisque le territoire sahraoui, recelant de nombreuses richesses
souterraines, est l'objet de tous les appétits. L'ONG avait déjà attiré
l'attention de Siemens sur son projet de fournir des éoliennes et de
l'assistance technique pour la construction du parc éolien de Foum el Oued au Sahara occidental occupé. Elle a expliqué
que le projet en question «touche la question de la participation d'entreprises
qui vont enraciner la présence du Maroc au Sahara occidental, faire durer le
conflit sur le territoire et retarder encore davantage l'exercice par le peuple
sahraoui de son droit à l'autodétermination». La multinationale se défendra
comme elle peut, préférant botter en touche. Mais le danger ne vient pas
uniquement de l'Europe, il est à l'intérieur même de la citadelle africaine.
L'un des plus sérieux relais du Polisario au sein de l'Union africaine, le
Nigeria, est en passe de signer un accord pour la construction d'un gazoduc
reliant le Nigeria au Maroc pour acheminer son gaz à l'Europe en passant par le
territoire sahraoui. Des hommes de loi nigérians ont averti leur gouvernement
de la dangerosité de cette démarche lui demandant de négocier avec les
Sahraouis à la lumière de la décision de la CJUE. La stratégie marocaine est
claire, privilégiant les concessions économiques pour asseoir sa «légitimité»
supposée sur les territoires occupés, après avoir perdu la bataille
diplomatique.