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Dans le noir des
ténèbres de l'ignorance, il n'existe de ligne droite que celle habilement
tracée par la répercussion savante de la lumière de la grande culture de l'être
humain. Plus sa culture est prolifique, et surtout très dense, plus le chemin à
parcourir est, lui, si bien éclairé pour être visible à l'œil nu.
A mesure que le Savoir le conquiert, il le bonifie, l'amplifie ou plutôt le simplifie et certifie. Les hommes éclairés font office de vraies bougies au profit de l'humanité. Ils en constituent leur seul fanal en haute mer, mais aussi leur unique référence dans leurs choix décisifs quant au chemin à emprunter et à l'analyse utile à adopter. Bien souvent, on y déniche ce génie qui les différencie du reste des humains pour les classer parmi ces êtres si vénérés et très bien considérés. Tous véhiculent ce statut de surhumain qui les distingue de leurs pairs et adversaires. Cependant, faut-il encore rappeler que les génies meurent tous jeunes, très tôt. Même précocement ! Bien avant même que leur réputation ne soit encore faite ou totalement établie au travers de notre vaste univers. C'est surtout le propre de ces âmes habitées par cette flamme qui entretient et couve dans ses tripes l'espoir de pousser vers l'avant de nouvelles générations, lesquelles tirent grand profit de la parfois fabuleuse histoire de leur pays ou nation. La crème des intellects en fait partie. A l'origine, elle en est la toute désignée. Mais en cours de route, elle en laisse des plumes ou en est carrément détournée. La politique tout comme l'appétit du pouvoir insatiable la corrompt et l'éloigne de son idéal et de ce chemin éclairé auquel elle à l'origine toute destinée. Leur proximité avec la haute sphère du pouvoir les rend bien souvent aveugles pour les éloigner de leur but, devenant otages de ceux qui lui tiennent ses véritables reines. Séduits par le koursi, ils s'y installent confortablement oubliant aussitôt leur pourtant fort utile mission au profit de l'humanité et au sein de la société. Aussitôt après, il y a donc ?la ruse aidant et l'opportunisme faisant tout le reste- comme une sorte de fascination (attraction ? répulsion) entre le pouvoir et les intellectuels qui rend la contribution de ces derniers à l'évolution du degré de conscience de la société très lente et presque nulle. Telles des pièces usées ou des composants arrivés au terme de leur durée de vie, ils seront soustraits de leur milieu naturel pour venir garnir avec ces grandes vitrines du pouvoir, à l'effet de miroiter leur semblant de génie tiré de leur histoire de gloire d'antan. Mais presque tous finiront par être plutôt de simples têtus, de vrais abrutis ou encore persécutés sur l'autel des caprices d'un pouvoir dictateur et autocratique. Ils vivront donc tout le reste de leur vie en de véritables intellects faussaires, car ils auront entre-temps bel et bien trahi la science et surtout leur propre conscience ! Athènes où s'écrivaient les belles pages de la philosophie n'a-t-elle pas persécuté les plus grands de ses philosophes ? Et tant que l'histoire se répète, il n'y a aucun mal à perpétuer une si ancienne tradition, encore valide dans les temps présents. A tour de rôle ou selon l'occasion et les évènements de l'histoire, ils joueront à ce fou du roi, agissant en diagonale, surtout à celui expressément chargé des basses besognes ! Des cupides servitudes ! Cependant ce poste stratégique n'est pas confié à n'importe quel luron de la cour. Il est attribué à celui qui est plutôt prêt à exécuter toutes les missions confiées par le Prince. L'atmosphère y était fort purulente et très fétide, d'où son refus d'assumer ses propres turpitudes. Il passera pour un docile commis d'état d'un puissant potentat, un vil ou servile valet en perte de vrais repères et de culture de son douar, un soumis à caution qui se travestit pour obtenir la moindre promotion ? C'est d'ailleurs de cette façon-là que le système s'installe durablement dans le confort du déni. Il lui suffit pour se donner des illusions sur sa pérennité, de complètement nier l'existence d'une impasse tout comme l'existence d'une crise. Le déni peut être confortable, mais les faits sont souvent bien têtus. Sur le court terme, la situation restera encore très difficile. L'impasse est trop grande et la crise est trop profonde. Plus l'on tardera à trouver une issue à l'impasse et une solution à la crise, plus la situation se dégradera. Notre pays ne peut plus se permettre un autre rendez-vous manqué ou ces nombreuses aubaines malencontreusement ratées. L'hypothèse de gouverner le pays de cette manière pour le moins très confuse ne manquait pourtant pas de finesse et de ruse diabolique. Mais pour garder le pouvoir, on ne mesure pas l'étendue des compromissions. Quant à l'intellect désormais complètement désarmé, celui à qui est confiée cette mission d'anesthésier les douleurs citoyennes, notons tout de même qu'il avait le choix entre se taire ou se battre. Au final, Il n'a fait ni l'un ni l'autre. Il a brisé un long silence, éloquent, pour un tout bref moment de rodomontade. Entre le statut d'un quelconque sbire et celui de grand vizir, l'intellect « de service » est autorisé à tout tenter sauf à prétendre commettre un crime de lèse-majesté qui risquera de l'envoyer aux gémonies de l'enfer, les fers aux pieds. Il en est très conscient et a très bien appris la leçon. Mais avec autant de candidats qui ont travesti leur probité intellectuelle pour finalement basculer corps et âme dans cet opportunisme de vil métier, l'Algérie est-elle devenue un état d'échec, pour ne pas dire de déshérence ? N'est-elle pas ce pays qui enfante le génie pour le tuer de misère plus tard ? En reprogrammant à chaque déconvenue de nouveau l'échec, le pouvoir ne vient-il pas de prendre un pari déraisonnable ? Comme une feuille morte dans l'air mouvant de l'histoire, on est souvent la cible de ce tourbillon qui n'en finit plus. Notre gouvernance est-elle prise de panique devant tant de changements auxquels nous tournons volontairement le dos ? Juge mémorial et implacable, s'il en est, l'histoire le dira le moment venu, et le consignera dans les pages soigneusement archivées des ouvrages essentiellement destinés aux futures générations. A l'évidence, la vie de l'être humain n'est pas seulement assimilée à une simple proie qui se résout à accepter fatalement la mort. Aussi, il n'y a que le poisson mort qui suit le courant du torrent. A force de gérer l'urgence, n'a-t-on pas justement oublié l'essentiel : le peuple algérien ? Le pouvoir salit, surtout lorsqu'on ne le détient pas totalement. Ceux qui auront de leur propre gré choisi de fuir le résultat de leur propre raisonnement sont à ranger dans cette mesquine catégorie qui portera le chapeau sans avoir à vraiment compter dans la prise de décision à un très haut niveau de la hiérarchie du pouvoir. Désormais le mensonge politique gagne de l'espace pour prendre l'allure d'un véritable programme. Il est déclamé par parcimonie, grande stratégie et conviction solidement affichée, comme s'il s'agissait d'un ordre qui découle d'une véritable science laquelle détermine l'avenir de la nation et ses administrés. Et les premiers à s'en servir sont ceux-là mêmes qui ne croient plus qu'à sa seule option. Qu'à son seul miracle, puisque tout est rapporté à son unique thérapie ou très prisé tremplin. Ont-ils vraiment oublié qu'« Il peut arriver aux aigles de descendre aussi bas que les poules, mais jamais aux poules de monter aussi haut que les aigles »? Peut-être ont-ils été un peu trop aveuglés par les grâces d'un pouvoir qui veut les compter parmi son monde privilégié ? Sinon doivent-ils encore se fier à ce remède-miracle du mensonge qui leur fait constamment changer de comportement ? Quand on s'arrange toujours par faire de faux diagnostic à la crise, la thérapie proposée ne peut être que plus fatale au pays que le mal lui-même. Il est donc question d'un autre fiasco. D'une impasse qui n'en finit désormais plus ! Les hommes n'ont pas inventé le meilleur ; raison pour laquelle les plus érudits d'entre eux courent longtemps après, alors que le reste du peuple tentera toute sa vie de fuir le pire. La politique n'est pas l'art de flatter le peuple ou celui de critiquer le pouvoir. Il en est parfois cet utile médicament que seules les idées géniales peuvent produire. A-t-on à ce point-là vraiment oublié que ce sont les nations qui confient leurs destinées aux principes et aux lois qui perdurent ? Avec nos atermoiements du moment, on n'est pas encore sorti de l'auberge. A-t-on vraiment perdu le sens de notre raisonnement ? S'agissait-il de spéculations irritantes ou de supputations irrespectueuses ? Dans l'habit de rapaces plutôt discrets, les dictateurs commencent toujours par être de bons empereurs et finissent souvent par devenir d'horribles tyrans en fin de carrière. De simples soldats qu'ils fussent, ils désirent régner sur le monde et territoire en éternels gouvernants, ne concédant ou juste cédant le moindre pouce de ce qu'ils pensent détenir comme réelle force de pouvoir à exercer et de justice à imposer à leur peuple. Tels des sanguinaires, l'odeur du sang ou du vice renforce leur ivresse du pouvoir et leur puissance. Ils poussent leur narcissisme pathologique jusqu'à confondre leur personne avec leur pays. Nul besoin donc de s'étonner plus tard que ces indécrottables despotes traitent leurs jeunes citoyens de misérables ratons et leurs ainés de ces ramassis de petites souris. Ils finiront tous par insulter l'intelligence humaine et honteusement dénigrer souvent publiquement le haut niveau atteint par la science au lendemain de leur accès à ce huppé pupitre qui leur donnera des ailes et changera tout dans leur quotidien. « Au printemps, on a tous vingt ans », semblent nous indiquer de leur voix ou de leur doigt ces intellects faussaires qui meublent la haute cour des régimes totalitaires ou très dictateurs. Et mêmes à la brunante de leur vie, ils se sentent toujours aptes à accomplir ces basses besognes ou missions corvéables pour leur âge avancé et stature plus ou moins distinguée. Mais dès qu'un quelconque empêchement les cloue pour longtemps à la maison pour les garder immobile à leur lit, ils soliloquent ces quelques vérités, en prenant le soin de ne jamais élever leur voix afin que ce qu'ils déballent en intimité ne les trahisse de quelque manière : « De quelque pouvoir et fortune aurions-nous longtemps rêvés et surtout profités, nous repartirons le jour venu ou convenu, les mains vides ou bien nues ! De quelque bien avions-nous tout le temps usé ou abusé ?croyant pour toujours le posséder- nous le quitterons un jour en partant pour l'au-delà les mains vides ou sans le moindre sou, puisque c'est à Dieu que nous avions ?à plus forte raison- nous-mêmes toujours appartenus. De quelque société ou monde des humains avions-nous ou même aurions-nous voulu nous identifier, pour quelques heures seulement ou des décennies durant, nous lui cèderons, en dernier lieu, tout ce que nous possédons comme fortune mais aussi tous nos nombreux enfants et très chers objets. Et le meilleur des trésors que nous aurions laissé sur place ou légué à l'humanité n'est autre que celui qui survivra à tout ce que nous avions nous-mêmes bien vécu. Il sera ce seul survivant de tout ce que nous avions réellement vécu, juste une empreinte forgée dans le temps qui colle à notre peau lorsque notre corps se résumera à quelques menus et fragiles os sous terre cachés »! Dans l'autre monde, celui dit évolué, l'on sait désormais gouverner avec le verbe sans jamais avoir à toucher au gourdin. On s'efforce de livrer à son monde des rations de fantasme, des bribes d'espoir... Un intellect, autrefois jaloux de son indépendance et liberté, disait un jour : « Je n'ai jamais accepté le jeu des grands compromis pour longtemps vivre après sous la foudre de la contrainte du chantage et de l'humiliation. J'ai toujours usé du bon sens, sans oublier pour autant l'apport souvent conséquent du hasard et de la providence. Et si je me suis souvent tiré à bon compte, ce n'est nullement dû à un quelconque exploit que produit mon intelligence. J'ai toujours vécu modestement et je m'y plais. Je ne rêve pas de transgresser des valeurs humaines pour devenir un jour esclave d'un quelconque pouvoir. Je veux tout juste prendre une part active à ce Savoir à travers lequel passe impérativement notre futur ». Même si rien ne nous incite à l'optimisme, on ne doit jamais insulter l'avenir. S'aventurer à donner réponse à une question aussi récurrente, répétée à satiété par tout le monde équivaudrait à rejoindre sur le même palier ceux qui ne tiennent pas compte de la complexité d'une société indéfinie, malmenée depuis son indépendance par des vérités et leurs contraires jusqu'à perdre l'espoir de trouver le chemin qui mène vers le progrès. C'est comme dans un défilé : un faux-pas peut complètement fausser toute une parade ! Et lorsqu'on a déjà perdu la face, rien ne sert de tenter d'épargner le reste. |
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