Le
prestigieux théâtre de verdure, situé dans la localité de Trouville, s'est, en
toute vraisemblance, transformé en un lieu de recasement. En effet, des
familles qui avaient élu domicile dans des constructions illicites, érigées
dans la localité de La Madrague, ayant été ciblées par une opération de démolition
initiée par le wali d'Oran, quelques jours auparavant, ont été recasées dans
les dépendances de ce joyau de la culture, qui tombe en décrépitude au fil des
jours, dans l'indifférence de tout un chacun. L'absence de prise en charge en
matière de réhabilitation, hormis un vulgaire badigeonnage opéré précipitamment
l'été dernier à l'occasion d'une commémoration à laquelle ont assisté les
autorités locales, qui a été qualifié par les défenseurs du patrimoine de
«poudre de perlimpinpin», ce lieu de culture se rétrécit insidieusement comme
une peau de chagrin. Selon le piteux constat, ce joyau culturel où sont
désormais recasées une demi-douzaine de familles sinistrées est fort
malheureusement livré aux mignardises de la nature et aux actes de vandalisme
depuis plusieurs années et semble, à priori, avoir tendance à se transformer en
un bidonville, à l'exemple de tant d'autres biens communaux essaimés à travers
la contrée côtière d'Aïn El-Turck.
«C'est inadmissible de laisser ce beau patrimoine, qui représente tout un pan
de l'histoire contemporaine de cette région, se détériorer ainsi sans susciter
une quelconque réaction de la part des responsables concernés», se sont
insurgés des riverains vivement désappointés de ladite localité, abordés à ce
sujet par Le Quotidien d'Oran avant de renchérir «c'est une structure qui ne
demande pas une opération de restauration de grande envergure. Quelques
retouches seulement, raisonnablement étudiées, suffiraient à lui redorer son
blason, qui n'est pas complètement terni pour le moment. Il peut être
récupérable si l'on daigne se pencher sur la question dans les plus brefs
délais avant qu'il ne soit trop tard». Le même son de cloche s'est fait
entendre à ce propos chez d'autres simples citoyens, jaloux des richesses
culturelles que renferme cette contrée. Il importe de noter que la déplorable
situation de ce théâtre de verdure, bien que laissé en héritage par les
responsables locaux précédents, ne peut nullement constituer aux actuelles
autorités un argument convaincant pour justifier son aggravation, qui va
crescendo à la faveur d'une indifférence manifeste et la flagrante absence, ne
serait-ce que d'un zeste d'acquit de conscience des uns et des autres. Il
importe de rappeler que ce théâtre a abrité jadis le Festival de la chanson
oranaise avec la participation des ténors de la musique du terroir de la région
ouest du pays.