La
valeur de l'euro sur le marché informel a le vent en poupe en cette fin d'année
2016. Départs en vacances, Omra, monnaie refuge,
achat massif de devises par les importateurs sur le marché noir, faiblesse
chronique du dinar? tout concourt à porter l'euro aux cimes. Un euro
s'échangeait, hier, sur le marché noir, contre 186 dinars. «Il y a une baisse
de 3 dinars relativement au taux appliqué il y a quelques jours, au moment du
pic de la demande en devise», nous a expliqué un cambiste. Ajoutant que la
tendance haussière peut redémarrer de nouveau à partir du début 2017,
parallèlement à l'entrée en vigueur des nouvelles taxes, qui vont certainement
doper le marché informel d'une manière générale, et le marché des devises en
particulier, vu que ce dernier à lui seul représente près de la moitié de la
masse monétaire qui circule dans l'informel. «Tant que le dinar reste faible,
tout en gardant la tendance à plus d'affaiblissement dans l'avenir immédiat,
l'euro aura de beaux jours devant lui», ironisent des cambistes qui ne veulent
pas aborder une quelconque autre explication «savante», disent-ils. Pour eux,
donc, tout repose sur la valeur réelle du dinar. Selon
d'autres considérations, l'euro devrait constituer par ces temps de crise
économique, et ce qu'elle provoque sur le plan de la régression du capital confiance vis-à-vis de l'Etat, une valeur refuge
pour les barons de l'informel. Ces derniers avaient par le passé un penchant à
placer leur argent dans des investissements immobiliers, mais depuis
l'instauration du dispositif encadrant les transactions dans ce domaine,
notamment le paiement par chèque au-delà de 100 millions, les spéculateurs
abandonnent peu à peu le créneau, causant déjà un certain ralentissement dans
l'immobilier. Tous ceux qui se trouvent en possession de grosses sommes
d'argent en dinars n'hésitent plus à échanger le maximum au marché noir de la
devise, surtout depuis qu'ils ont pris conscience que «le gouvernement a décidé
de lâcher le dinar dans le but évident de faire fondre comme neige la masse
d'argent en circulation dans le circuit informel», croit-on dur comme fer. Et,
c'est dans cet esprit d'analyse qu'on s'attend à ce que l'euro grimpe au plus haut
en 2017. Toutefois, font remarquer des cambistes, le marché reste très
imprévisible, obéissant toujours à la sacro-sainte loi de l'offre et de la
demande. Selon les cambistes, les petits acheteurs
occasionnels n'influent pas trop sur le taux de changement, poussant tout juste
le marché à des variations infimes de quelques dinars lors leur affluence
temporaire sur les places boursières parallèles de la devise, la flambée des
devises sera plutôt provoquée par les importateurs, qui vont se tourner vers
l'informel avec l'instauration des nouvelles taxes, ainsi que les détenteurs de
grosses sommes d'argent en dinars hors des circuits bancaires qui seront, eux,
dans la contrainte de recourir au marché noir de la devise pour se prémunir de
cette dévaluation ininterrompue de la monnaie nationale. Le marché noir
de la devise évoluera au gré du développement de ces deux derniers facteurs, et
tout laisse à croire que la flambée de la devise sera
historique en 2017. Notons dans ce sillage que le dollar talonne de près l'euro
avec un taux de change sur le marché noir pas très serré. Résultat d'un retour
en force de la monnaie américaine, un dollar s'échangeait sur la place
boursière parallèle, hier, contre 179 dinars, soit à une longueur de 8 dinars
seulement pour atteindre le même taux que l'euro. « Cela n'a pas été vu depuis
de longues années », notent des cambistes.