Algérie
Poste apprécie sûrement le signe astrologique du lion, c'est une ardente
défenseuse des espèces animales en voie d'extinction, et pour cela, elle vient
d'émettre durant ce mois courant un timbre-poste d'une valeur de 50,00 dinars
dans la catégorie faune, imagé par le '' Lion de l'Atlas ?'ou Lion de Barbarie.
Un beau et majestueux spécimen avec une crinière très fournie. Une espèce
animale unique qui a peuplé les montagnes de l'Atlas il était une fois, et qui
s'est éteinte à l'état sauvage depuis bien longtemps. Fort heureusement,
quelques lions de cette espèce sont toujours de ce monde. Ils étaient élevés et
conservés dans des ménageries de l'époque, et ils ont été sauvés in extremis
grâce à des zoos du monde. Le dernier lion de l'Atlas a été tué en 1943,
croit-on savoir. Ce lion racé, qui faisait partie du décor des massifs
montagneux de l'Afrique du nord, a été victime de la folie meurtrière des
colons tueurs de lions, qui ont occupé le Maghreb dans le passé. Selon des
témoignages de l'époque, il paraît que le dernier lion de l'Atlas a été vu dans
la région de Khenchela dans les années 50. Dans le
parler algérien, quand on admire quelqu'un pour son courage et sa force, on dit
de lui ; « Radjel ke s'baa » (un homme tel un lion). Le lion est considéré comme
le symbole de la puissance et de la suprématie. Tartarin de Tarascon le
chasseur de lions, est le héros et le personnage principal du roman d'Alphonse
Daudet paru en 1872.
L'auteur
de cette histoire de l'époque s'était inspiré des voyages funestes de son
cousin qui effectuait des allers et retours réguliers en Algérie pour venir
chasser le lion et s'offrir un beau trophée pour l'accrocher au mur de son
salon. Dans le livre, Tartarin de Tarascon se rend dans la ville d'Orléansville (Chlef) en diligence
à partir d'Alger, descend à l'hôtel d'Europe de l'époque et erra pendant des
mois de douar en douar dans l'immense plaine du Chélif à la recherche des lions
pour les tuer. Dans son récit, il évoque le photographe d'Orléansville
Cixous cité dans le récit, et qui a éternisé sur les
pages de l'histoire des photos inédites de cette fabuleuse région. Cette triste
et burlesque histoire de l'époque ou l'Algérie était française, illustre bien
cette drôle histoire et l'extinction de la race sauvage du lion de l'Atlas en
Afrique du nord. Et depuis, l'extinction de la race animale sauvage continue en
Algérie malgré les lois qui protègent les espèces en voies de disparitions. La
presse nationale rapporte régulièrement les « exploits » des braconniers qui
n'hésitent pas à braver les interdictions pour chasser et exterminer les
espèces fragiles qui peuplent notre environnement. Dans le Sud algérien, c'est
toute la faune, dont les gazelles qui paient le prix fort de ce massacre avec
d'autres espèces endémiques. Dans le Nord, ce sont les passereaux et plus
précisément les chardonnerets qui sont pourchassés et poursuivis jusqu'aux fins
confins du pays pour les attraper et les mettre en cages. Les souks hebdomadaires
sont les lieux privilégiés pour écouler ces volatiles victimes de ces graves
délits, sans inquiétudes. Les cigognes blanches n'échappent pas à ce triste
constat. Leurs nids qui sont souvent construits sur des poteaux électriques ou
dans des endroits publics du centre urbain, sont détruits par la main de
l'homme. Aujourd'hui, dans la nature sauvage du pays, il n'y a plus de lions,
ni de léopards, et si cette frénésie d'exterminer n'est pas freinée, d'autres
espèces aussi menacées subiront le même sort. Peut-être que plus tard, il n'y
aura plus d'oiseaux, plus de papillons, plus d'abeilles, et plus de vies
animales sur terre. Il était une fois, le rugissement du roi lion, dans les
monts de l'Atlas Tellien, et qui s'est tu depuis belle lurette. Le lion de
l'Atlas n'est plus qu'un mythe. Il n'est visible, dans le présent, que dans
quelques zoos à l'étranger ou sur des timbres ou des photos souvenirs d'époque.
La prestance du lion nous manque beaucoup dans ces moments mélancoliques. Le
comble, c'est l'hyène rayée, l'ennemi du lion, qui a fait son apparition depuis
quelques temps dans le pays et l'a remplacé. C'est dommage pour l'histoire qui
n'a pas eu sa part du lion?