Annoncé
et attendu, l'arrêté interministériel du 14 juin 2016 fixant les conditions et
les modalités d'apposition de la mention «halal» pour les denrées alimentaires
concernées vient d'être publié dans le Journal officiel n°70 du 8 décembre
2016. Si l'article 2 du présent arrêté définit le «halal» comme une marque
collective, les caractéristiques de son identification ainsi que les conditions
de son octroi sont déterminées par l'organisme national chargé de la
normalisation, conformément aux lois en vigueur, après avis du comité national
de suivi de la certification et du marquage «halal» des denrées alimentaires
concernées. Ce comité a pour mission, notamment, d'examiner et de donner un
avis sur les procédures de certification «halal» ainsi qu'à la réglementation
applicable en question. Il devra aussi examiner les demandes de reconnaissance
des certificats «halal» délivrés par des organismes certificateurs étrangers et
également celles de reconnaissance mutuelle avec les organismes certificateurs
«halal» étrangers. En clair, l'Algérie exige une réciprocité dans la
reconnaissance de ces organismes. «Si nous reconnaissons un organisme de
certification d'un pays, ce dernier doit également reconnaître son homologue
algérien», avait précisé une source du ministère du Commerce, citée par l'APS,
en août dernier. L'arrêté prévoit également la mise en place d'un comité
national chargé du suivi du processus de certification et surtout de
l'apposition de la mention « halal » sur les produits qui seront définis par
une liste. Le «halal», n'est de ce fait autorisé que pour les denrées
alimentaires répondant aux cahiers de charges fixés par la réglementation en
vigueur. Cet étiquetage devra impérativement être justifié par un certificat de
conformité délivré par l'organisme national chargé de la normalisation. Si le
décret renvoie la liste de ces produits alimentaires concernés par cette
apposition aux sites web officiels des ministères chargés de la protection du
consommateur et de la répression des fraudes, des affaires religieuses, de
l'industrie, de l'agriculture, et de la santé, pour l'instant elles n'y sont
pas publiées. Une liste théoriquement disponible aux niveaux du Haut conseil
islamique, de l'organisme d'accréditation ou encore de l'Institut national de
la propriété industrielle et du Centre du contrôle de la qualité et de
l'emballage, entre autres organismes. Par ailleurs, la certification «halal»
des produits alimentaires importés doit être délivrée par des organismes
habilités dans leurs pays d'origine et reconnue par le comité mentionné
ci-dessus. L'Algérie a dû, par le passé, faire face à des incursions de son marché
par des produits de consommation non conformes avec ses préceptes religieux.
Déjà en 2010, le ministre du Commerce de l'époque n'avait pas caché son
appréhension devant des informations rapportées par la presse nationale sur des
produits «non halal» vendus sur les marchés. A Oran, des bonbons contenant de
la gélatine à base de graisse de porc étaient mis sur le marché. En août
dernier, un représentant du ministère du Commerce avait annoncé que le
gouvernement était en phase de finaliser un texte réglementaire pour la
certification des produits alimentaires estampillés halal et exportables vers
l'étranger. A travers ces textes, l'Algérie se place sur le marché du «halal»,
un véritable business estimé à 670 milliards de dollars dans le monde.
L'Algérie se dote ainsi d'un certificat officiel qui devra être reconnu à
l'international et satisfaire aux exigences de ses clients étrangers. Si le
pays est loin de concurrencer la Malaisie, véritable poids lourd du business
halal, il pourra toujours se faire une petite place en direction des pays à
forte concentration émigrée comme la France, la Belgique ou le Canada. Outre
les produits alimentaires «halal», dont les viandes et les produits dérivés,
les produits de la pêche, les boissons non alcoolisées, le marché halal
comprend également le tourisme, l'artisanat et même les produits cosmétiques et
pharmaceutiques. Un marché mondial de plusieurs milliards de dollars et qui
pèse plus de 5,5 milliards d'euros en France qui peut constituer une réelle
aubaine pour les produits algériens certifiés «halal» dans la mesure où il peut
jouer sur les doutes qui entourent ces produits et leurs origines en Hexagone
et en Europe. En août 2011, le marché du halal était au centre d'un scandale
divulgué après la diffusion d'un reportage de la chaîne cryptée française
«Canal+ ». Réalisé par Feurat Alani et Florent Chevollau, ce reportage de 52 minutes sur le business du
halal et sa face cachée avait provoqué la réaction de la communauté musulmane
en France et huit élus locaux musulmans avaient alors demandé la mise en place
d'une commission d'enquête parlementaire sur ce marché pour faire toute la
lumière sur certaines pratiques commerciales qui «peuvent s'apparenter à de
l'escroquerie publique, faute d'une législation claire et précise». Ainsi, les
musulmans français découvriront avec stupéfaction et indignation un véritable
scandale lié au marché halal qui, de l'avis du réalisateur, engage la
responsabilité de certains organismes de certification et à la malveillance,
volontaire ou accidentelle, de certains industriels qui se sont lancés dans le
halal. «A vrai dire, il y a une véritable impunité dans le milieu du halal»,
assènera-t-il.