Difficile
de trouver le pyromane coupable qui a mis le feu aux poudres, enflammant les
prix sur les marchés. Le débat récurrent de la flambée des prix, ressassé à
longueur d'année, avec des pics au mois de ramadhan et à la fin de l'année, a
fait son apparition au mois de novembre dernier et continue de faire des vagues
et des gorges chaudes aux derniers jours de 2016, annonciateurs de lendemains
très durs sur le plan socioéconomique. Qui est responsable de cette hausse des
prix ? Hormis le consommateur, victime d'une grande arnaque manigancée par les
vautours des marchés, tous les autres acteurs se jettent la balle. Les
grossistes jurent qu'ils n'y sont pour rien dans cette augmentation des prix.
Le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, accable les commerçants, les
accusant d'avoir augmenté les prix de leur propre gré sans recommandations
d'aucune partie. Il va jusqu'à menacer de sanctions ces commerçants à travers
le territoire national qui ont augmenté les prix des produits de large consommation
sous prétexte que l'Etat l'avait décrété et imposé des taxes sur des produits
dans la nouvelle loi de finances de 2017, alors que la réalité est autre
puisque cette nouvelle loi n'est pas encore entrée en vigueur. Hélas, on n'est
pas encore sorti de l'auberge et le coupable court toujours. Car, les
commerçants se défendent à leur tour et accusent le dinar. Des représentants de
commerçants apportent un démenti formel aux allégations qui laissent croire que
les augmentations découlent d'une anticipation dans l'application de la loi de
finances, estimant que l'Etat doit plutôt intervenir pour protéger le dinar et
mieux maîtriser la situation afin de freiner l'inflation. Pas de coupable,
toujours rien. Et le dinar semble, finalement, faire figure d'accusé principal
sur lequel pèsent, pour le moment, de lourds soupçons. Depuis quelques
semaines, déjà, les Algériens assistent médusés à une surprenante flambée des
prix. Les spéculateurs, accusés d'être à l'origine de cette envolée des prix
qui met sérieusement à mal le pouvoir d'achat des
Algériens, s'en lavent également les mains, jurant qu'ils n'ont plus rien sur
quoi spéculer. Aucune explication acceptable par les citoyens grillés au feu
partout où il passe sur les marchés. En tout cas, on retient que sitôt la
nouvelle loi de finances de 2017 annoncée, les commerçants sont passés à
l'action, augmentant les prix tous azimuts. Même le minuscule café dans un pot
cancérigène est passé à trente dinars, à peine avons-nous entendu que les prix
du café vont connaître une augmentation de prix. L'augmentation en question n'a
pas eu lieu mais le café est resté quand même à 30 dinars ! Qui est le
coupable, alors ? Tout un système économique basé sur le gain facile et rapide
qui ronge la peau des Algériens. Un système qui a exclu tout élan de solidarité
citoyenne. On se complique l'existence tant qu'on peut. Le coupable, c'est
nous. Nous qui continuons à acheter tout et à n'importe quel prix. Nous qui
flambons des milliards en pétards en une seule nuit. Nous qui ne savons que
parler en petits groupes sans agir collectivement pour nous faciliter la vie,
les uns aux autres. Divisés que nous sommes, nous devenons des proies faciles
pour le plus petit des rapaces.