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AU FIL? DES JOURS : COMMUNICATION POLITIQUE : NOUVELLES DU FRONT ! (Suite et fin)

par Belkacem Ahcène-Djaballah

Dimanche 27 novembre 2016:

- Omar Ghrib fait encore des siennes... avec des déclarations tonitruantes via la presse. Il s'entête à nier à Sonatrach, le généreux financier du MCA, le droit de regard sur la gestion du club... Un ego surdimensionné ? Un marchandage politique ? En fait, le nœud de la problématique de la «faillite» (un mot trop fort) du professionnalisme dans le foot national. L'idée est certes bonne et procède de l'intention louable d'ouvrir le pays sur le monde et le sport modernes mais, hélas, elle se heurte à des pratiques de gestion obsolètes car trop politiciennes, trop liées aux manipulations populistes des foules, qui sont devenues, peu à peu, de véritables «donneuses d'ordres», et pratiques en total déphasage avec les réalités marchandes. Le MCA et Omar Ghrib ne sont pas un cas à part et bien d'autres exemples peuvent être cités. Une gangrène qui ne dit pas son nom, soutenue par une «certaine presse» à la recherche du sensationnel, et qui touche bien d'autres secteurs.

Mardi 29 novembre 2016:

- L'«expertologie», un «métier» (ou une maladie) nouveau dans notre paysage médiatique, fait actuellement des ravages en Algérie, et ce dans tous les domaines: économie, finances, énergie, commerce, sports, religion, communication... Là où il y a crise réelle ou supposée, là où il y a malaise, les «experts» - «doktours» ou formés sur le «tas» - reviennent plus sévères que jamais, encouragés par la floraison de plateaux de télévision et de journaux (ceci en dehors de leurs blogs et de leurs contributions sur les sites d'information électronique), et la masse de journalistes et animateurs soucieux (et/ou obligés) de remplir des pages et des temps d'antenne. Le nombre élevé de sollicitations, l'urgence des interventions demandées, l'absence minimum du «contrôle de qualité», indispensable dans un organe de presse digne de ce nom, font qu'aujourd'hui et depuis un bon bout de temps, n'importe qui peut dire n'importe quoi (après avoir «fait» n'importe quoi !)... La palme revient à des «revenants» ayant échoué dans leur mission (de ministre, de gestionnaire, de chercheur-enseignant, d'entraîneur, de joueur, de syndicaliste,...) par le passé lointain ou proche.

Si le citoyen lambda est pardonnable dans ses jugements sur (toutes) les situations économiques, politiques, sociales, sportives, l'autorisant même à une certaine (et seule violence verbale), la chose est inacceptable de la part d'un «responsable», ancien ou nouveau. Bien sûr, il ne peut être question d'interdire ou de sanctionner, mais de répondre et de dénoncer... et surtout de rappeler, à chaque fois, les erreurs et les échecs des uns et des autres. Pour que le grand public sache toute la vérité... sur les «experts». Ainsi, l'ARAV vient de le faire en matière d'information religieuse... sans nommer, mais c'est déjà un grand pas de fait.

Mercredi 30 novembre 2016:

- Climat de tension caractérisé par des «prises de bec» entre députés du FLN au sein de l'hémicycle (APN). Entre autres, pour une simple histoire de voyage... en Chine, semble-t-il. Deux représentants du peuple ont même failli en venir aux mains après avoir échangé des insultes... ce qui a hérissé les députés des autres formations qui ne «veulent pas subir les déboires du FLN». Une fin de règne qui s'annonce assez heurtée, pas seulement au sein de l'APN mais aussi sur le terrain, à l'approche du choix des futurs candidats aux prochaines élections législatives. Décidément, les passages au secrétariat général du parti de certaines personnalités ont causé bien des blessures qui n'arrivent pas à se cicatriser... Des inimitiés et des cassures annonçant une fin de cycle ?

Jeudi 1er décembre 2016:

- Extrait d'une contribution parue ce jour dans Le Quotidien d'Oran (Abdelhak et Yacine Benelhadj): «Le pire destin qui guette cette île (Cuba) serait de voir son puissant voisin devenir intelligent, lever son blocus, ouvrir les portes aux millions de touristes armés de leurs appareils photographiques et de leurs dollars pour acheter des breloques aux effigies de Fidel et du Che et batifoler dans l'eau translucide de la mer des Caraïbes. Que restera-t-il alors des souvenirs de Los Barbudos ?». Jusqu'ici, on n'a jamais rencontré un milliardaire américain (ou autre) faire preuve d'inintelligence face aux gains. Parions que Trump va bientôt changer d'avis plus vite qu'on ne le croit !

Vendredi 2 décembre 2016:

- Le 2 décembre 1766 , il y a donc 250 ans, et dix ans avant la Constitution américaine de 1776, le parlement suédois adoptait la première loi constitutionnelle du monde pour la protection de la liberté de la presse, abolissant la censure qui, à l'époque, frappait les œuvres imprimées et garantissant au public un droit d'accès aux documents officiels et le droit de participer aux débats politiques. Une loi qui a joué un rôle décisif pour l'émergence en Suède d'un Etat-providence moderne.

Leçons importantes tirées aujourd'hui: la transparence contribue à un niveau de corruption faible, la confiance dans les institutions démocratiques est présente et la libre circulation des informations, des biens et des idées favorise l'innovation...

Samedi 3 décembre 2016:

- Les services de renseignement britanniques ont désormais un pouvoir de surveillance élargi qui leur permet d'avoir un accès direct à la vie privée des citoyens, dont celle des journalistes. Une loi controversée, votée le 17 novembre (le projet de loi a été lancé par la Première ministre Theresa May à l'époque où elle était ministre de l'Intérieur) permet la surveillance à grande échelle des données personnelles des Britanniques en pénétrant dans leurs appareils, leurs réseaux de communication et leurs services de télécommunications.

Malgré les contestations, la loi sur le renseignement (Investigatory Powers Bill), rebaptisée «Snooper's Charter» (la «Charte des fouineurs»), a finalement été adoptée sans trop de difficulté par le Parlement britannique.

Elle oblige les fournisseurs d'internet à garder l'historique de navigation de tous les Britanniques pendant un an. Les services de renseignement pourront avoir accès aux noms des sites internet visités, aux appels passés, aux messages envoyés, aux dates et même à la durée. Elle crée un cadre légal qui force également les entreprises à déchiffrer des données cryptées à la demande.

Selon le Guardian, le Royaume-Uni détient désormais, avec cette loi, «les plus vastes pouvoirs de surveillance du réseau social internet».

- La numéro 3 du gouvernement français, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, salue à Santiago de Cuba la mémoire de Fidel Castro, «un monument de l'histoire», rejetant les accusations de violations des droits de l'homme à son encontre. «C'est un monument de l'histoire, d'abord, Fidel Castro»

 «Écoutez, il y a beaucoup de désinformation. ...Il y a toujours du positif et du négatif dans les histoires, mais certains ne vont pas se rhabiller à bon compte au nom des droits de l'homme alors qu'on sait qu'ici, quand on demande des listes de prisonniers politiques, on n'en a pas. Eh bien, fournissez-moi des listes de prisonniers politiques. A ce moment-là, on pourra faire quelque chose», a-t-elle ajouté.

Ségolène Royal est le seul membre d'un gouvernement européen, avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à avoir fait le déplacement à Cuba à l'occasion de la semaine de deuil national consacrée à l'ex-président cubain, décédé le 25 novembre à 90 ans. «Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin. Ils se sont inspirés de la Révolution française sans pour autant connaître la Terreur qu'il y a eu pendant la Révolution française», a-t-elle estimé.

«Il faut savoir regarder les choses positivement, même si ça dérange», a-t-elle ajouté, estimant que «la France n'a pas à donner de leçons» à Cuba. «Je sais que ça dérange parce que justement voilà un pays insulaire qui protège son patrimoine, interdit les prédateurs, qui a réussi aussi à faire en sorte qu'il y ait une propreté et une sécurité vraiment remarquables, que l'on n'atteint pas dans beaucoup de pays qui donnent aujourd'hui des leçons de droits de l'homme», a-t-elle conclu. Bien sûr, Les propos de la ministre de l'Écologie sur les droits de l'homme à Cuba ont soulevé un tollé... tout particulièrement de la droite française qui a trouvé là, le croit-elle, un argument électoral.

Dimanche 4 décembre 2016:

- Une grosse erreur de protocole ou de modération ou une bonne dose d'amateurisme des organisateurs (un «jeune et grosse agence de communication privée algérienne», dit-on) ou un impair prémédité (par qui ?) a quelque peu gâché l'ouverture des travaux du Forum africain d'investissements et d'affaires, ouvert hier sous le «haut patronage» du président Bouteflika. On donc vu un départ «groupé» du Premier ministre et de membres du gouvernement au moment où le président du FCE entamait son discours... car il aurait «zappé», dit-on, les interventions du MAE et du ministre du Commerce. La presse présente en force n'a pas manqué de noter ce fait plus qu'inhabituel. Autre mesure de «rétorsion» relevé. Au journal de 20 heures de l'ENTV, l'événement a été relégué au second plan, après un sujet de plus de 8 minutes sur A. Ben Bella (journée d'études à Tlemcen). Le Forum africain d'investissements et d'affaires n'a eu droit qu'à une petite minute d'antenne dont une partie a été consacrée au passage du discours de A. Sellal évoquant le rôle de A. Bouteflika en Afrique. Rien sur le discours de Haddad ni sur les grandes ambitions du Forum et encore moins sur le FCE et les chefs d'entreprise, censés être en première ligne.

Même tonalité dans la presse écrite. El Moudjahid consacre certes sa une à l'événement. Mais c'est uniquement pour parler du discours de Sellal. Dans un éditorial, le journal souligne: «Le Forum africain de l'investissement et des affaires, qui se tient à Alger depuis hier, a pour ambition de consolider la position diplomatique de notre pays par une présence économique sur le continent». De l'eau dans le gaz ?

- Comment aider l'Algérie à faire face à la chute des prix du pétrole qui plombe dangereusement ses comptes publics ? Mounia Meslem, la ministre algérienne de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, a eu une idée: les femmes mariées cadres de la fonction publique devraient céder leurs salaires à l'Etat? puisqu'elles ont un mari pour les entretenir.

En poste depuis 2013, la ministre l'a expliqué très sérieusement, mercredi 30 novembre, devant les caméras de la chaîne de télévision privée El Bilad (tendance Hamas). Alors que le journaliste interrogeait des responsables politiques pour savoir s'ils étaient prêts à céder une partie de leurs émoluments dans le contexte actuel d'austérité, celle-ci a répondu: «J'ai dit que s'il fallait que l'on donne tout notre salaire mensuel, et j'ai parlé spécialement des femmes cadres de l'Etat qui sont mariées, ce serait avec plaisir. Il est clair que ce n'est pas ce salaire qui nous fait vivre. Il y a nos maris qui s'occupent de nous».

Les déclarations de Mme Meslem ont été vertement reçues sur les réseaux sociaux et, paraît-il, par le Premier ministre. Les commentaires oscillant entre incrédulité devant de tels propos et colère d'entendre une ministre méconnaître la réalité sociale qui veut que nombre de femmes font vivre leur famille. Ces propos ne rendent pas justice au combat pour les droits des femmes mené depuis 1962.

Lundi 5 décembre 2016:

- Le Forum africain d'investissements et d'affaires s'est achevé, ce lundi 5 décembre, comme il a commencé: dans un malaise que les organisateurs avaient beaucoup de mal à camoufler. Peu avant la cérémonie de clôture prévue vers 13 heures à l'auditorium du Centre international des conférences près du Club des Pins, le ministère des Affaires étrangères organisait sa propre conférence avec des investisseurs africains. Elle est modérée par le porte-parole Abdelaziz Benali-Cherif. Ce dernier est assailli par les journalistes à la fin de la rencontre. Aux interrogations sur le retrait du Premier ministre et du gouvernement, il rassure: «Il n'y a aucun problème. Essayez de positiver».

Dans l'auditorium, Ali Haddad est appelé à monter sur scène pour prononcer le discours de clôture. Le patron du FCE commence par une allusion à l'incident de samedi. «Quand on commet des erreurs, il faut le dire et apprendre. Il faut les corriger et les assumer. Il n'y a que Dieu qui ne fait pas d'erreurs», explique-t-il avant de pointer encore une fois d'un doigt accusateur l'animatrice désignée par le ministère des Affaires étrangères qui aurait, selon Haddad, omis d'annoncer le retrait du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, après son allocution.

 Ali Haddad se dirige vers la salle Aurès où il est attendu par les journalistes pour un point de presse autour du bilan du Forum.

Dans ce face-à-face avec la presse, Ali Haddad est accompagné notamment par Amor Benamor, PDG du groupe Benamor, Omar Ramdane, ancien président du FCE, et... un invité «surprise», Constant Nemale, le patron d'Africa 24.

Le patron du FCE accable une nouvelle fois l'animatrice désignée par le département de Ramtane Lamamra. C'est son ministère qui a géré, selon lui, «tout le protocole». «Ce qu'il faut savoir, c'est que j'ai fait mon travail», ajoute-t-il.

Ali Haddad donne ensuite la parole... au patron d'Africa 24. Ce dernier commence par donner des leçons aux journalistes et à la presse algérienne sur le traitement médiatique réservé au Forum.

Pour lui, le retrait du Premier ministre «n'est pas d'un incident». Constant Nemale décrit par la suite de manière complètement indécente l'animatrice qui est cadre au ministère des Affaires étrangères. Une jeune fille qui «tremblait» et avec qui il a passé «30 minutes» pour la «déstresser». «Je lui ai même promis de lui trouver un mari !», lâche-t-il, provoquant un certain malaise dans la salle.

«Ne ramenez pas Ali Haddad au centre de cette histoire. C'est moi qui étais à côté de la jeune fille. Tu n'as pas à présenter tes excuses», insiste-t-il en s'adressant au patron du FCE. A la fin de son intervention, la parole est redonnée aux journalistes.