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Les douaniers s'expliquent: Les sentiers obscurs des pétards

par Yazid Alilat

Les Algériens ont fêté le Mawlid Ennabaoui dans la nuit de dimanche à lundi comme de tradition: plats traditionnels et feux de Bengale, pétards et autres produits pyrotechniques. En dépit d'une campagne de lutte très médiatisée, les produits pyrotechniques ne manquaient pas en fait sur les étals des petits et grands revendeurs, et les adeptes de ce type de produits s'y sont largement approvisionnés à la veille de la célébration de cette fête du Mawlid Ennabaoui.

La nuit de dimanche a été cauchemardesque pour les Algériens, du fait du bruit des explosions de pétards encore plus puissants d'année en année. Pour autant, Rezki Hennad, contrôleur général et sous-directeur à la direction des Douanes, estime que cette année, il y a moins de produits pyrotechniques qui ont été introduits frauduleusement sur le territoire national. Il a souligné hier lundi à la radio nationale que «la prévalence (des produits pyrotechniques) a beaucoup diminué cette année, par rapport aux années précédentes. La preuve en est que l'offre a été beaucoup réduite par rapport à l'année passée», a-t-il précisé. M. Hennad a confirmé ainsi que 70 millions de produits pyrotechniques ont été saisis en quelques jours, alors qu'en 2015, les saisies ont été de 100 millions de ce type de produits dangereux. «Il y a une baisse. Nous considérons que nos méthodes d'intervention ont été efficaces», estime-t-il. Interrogé sur les raisons de la présence de ces produits sur le marché algérien, il a estimé que le dispositif de lutte «n'est pas défaillant, mais que les contrebandiers ont recours à des subterfuges pour contourner le dispositif de surveillance, quel qu'il soit». «Il y a des contrôles sur le terrain en collaboration avec les autres services de sécurité dans les ports et zones frontalières, en plus des comités locaux de lutte contre les produits de contrebande», explique M. Hennad, selon lequel les contrebandiers ont changé de «mode opératoire. Il n'y a plus de containers de produits pyrotechniques.» Mais, comme «la demande est présente à longueur d'année notamment avec les fumigènes utilisés dans les stades, les contrebandiers se sont adaptés et importent de petites quantités dans des containers de 30 pieds, et il y a des importations à toutes les périodes de l'année avec de petites quantités», indique-t-il. Sur la question de quelques complicités pour l'introduction de ces produits prohibés sur le territoire national, il a répondu que «nous n'avons pas relevé pour le moment de complicité de quelque service que ce soit, et s'il y a des cas, nous invitons les personnes qui ont des informations à nous donner des cas de contrebande, ou autres informations.» Par ailleurs, M. Hennad a rappelé que la lutte contre les produits pyrotechniques a été renforcée «par la présence sur le terrain, aux frontières et les points de contrôle douaniers aux frontières.

Il y a aussi une plus grande coopération entre les services de sécurité, et il faut travailler beaucoup sur les points d'entrée officiels avec la gestion des risques, opérer par ciblage pour repérer les éventuelles infractions.» Pour les autres produits saisis, il a indiqué que les contrebandiers introduisent sur le territoire national de la drogue, des produits pyrotechniques et des cigarettes notamment, et expédient tous les produits subventionnés, carburants et produits alimentaires. En 2015, 20 tonnes de résine de cannabis ont été saisies, selon la même source, qui explique que pour 2016, c'est à peu près les mêmes quantités qui ont été saisies, alors qu'en 2013, la quantité variait entre 60 et 63 tonnes, puis une baisse substantielle à 14 tonnes de drogue saisies en 2014. «Il y a une tendance à la diminution de la drogue, qui vient de la frontière ouest. Depuis 2013, le dispositif a été renforcé entre les brigades mixtes contre la drogue et le trafic de carburant», souligne M. Hennad. Quant aux infractions liées à la fuite de capitaux, il a indiqué qu'en 2015, les services des Douanes ont constaté 711 infractions, et les pénalités encourues sont de 92 milliards de dinars.

Il s'agit en particulier des fausses déclarations, de fausses facturations pour le transfert illicite de devises à l'étranger ou des produits fictifs importés. L'Europe, les pays voisins et du Moyen-Orient sont les principales destinations de ces transferts de capitaux illicites, a-t-il dit.