Le maître du
malouf, Hadj Mohamed-Tahar Fergani, décédé mercredi,
en début de soirée, à l'âge de 88 ans dans un hôpital à Paris (France), des
suites d'une longue maladie, a été enterré, au cimetière central de
Constantine, hier (vendredi 9 décembre), en présence du Premier ministre,
Abdelmalek Sellal, du ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, qui a lu
l'oraison funèbre, ainsi que les autorités locales, des artistes venus de
toutes les régions du pays et une foule nombreuse de citoyens. Quoique le
cachet officiel, imprimé à l'enterrement, à cause de la présence du Premier
ministre et du dispositif sécuritaire installé, dans le périmètre du cimetière,
dont les portes ont été gardées fermées devant de nombreux citoyens «anonymes»,
n'a pas permis de donner au défunt un enterrement populaire comme l'aurait
souhaité la population. La dépouille du défunt Hadj Mohamed Tahar Fergani est arrivée, dans la matinée, à l'aéroport ?Mohamed
Boudiaf' de Constantine, puis directement transféré vers le domicile familial,
à Sidi Mabrouk, avant de l'exposer au palais de la Culture ?Malek Haddad', pour
un dernier hommage qui lui a été rendu par ses amis et les citoyens. Hadj
Mohamed-Tahar Fergani était un des monuments de la
musique malouf de Constantine. Né le 9 mai 1928, à Constantine, dans une
famille de musiciens, dont le père, Cheikh Hamou Fergani était un chanteur et compositeur réputé du genre hawzi, Hadj Mohamed Tahar Fergani
a débuté sa carrière artistique dans le genre oriental égyptien, évoluant dans
une troupe musicale, avant de changer de registre et de s'orienter vers le
malouf, propre à Constantine, sous l'influence de ses Cheikh Hassouna Ali Khodja et Baba Abid.
Et c'est en 1951, à Annaba, où il se fait remarquer à un concours musical, dont
il remporte le 1er prix, et il enregistrera dans ce sillage un premier album
qui l'impose, à la fois, comme chanteur populaire et maître du malouf. Au
contact des grands maîtres de l'arabo-andalou algérien, tels Dahmane Ben Achour ou Abdelkrim Dali, il perfectionne son
art. Sa voix exceptionnelle et son coup d'archet inégalable ont fait de Hadj
Mohamed Tahar le maître incontesté de l'école du malouf constantinois. Il
compte à son actif des centaines d'enregistrements de chansons malouf mais
également dans les genres musicaux, le mahjouz, le zjoul et le Hawzi. Des
enregistrements, de l'avis des musicologues, qui ont amplement contribué à
préserver le patrimoine musical de Constantine. Pour rappel, sa dernière
apparition en public remonte au mois de juillet 2015, à l'occasion d'un hommage
rendu à son père Hamou Fergani
et son frère Mohamed- Seddik dit Zouaoui,
dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la Culture arabe».
Et, comme le soulignera un artiste, ami du défunt, en l'occurrence Hamdi Benani, «Mohamed Tahar Fergani restera vivant à travers son legs musical».