|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Graves
accusations que celles rapportées par le Syndicat national autonome des
personnels de l'Administration publique (Snapap) dans
son communiqué, daté d'hier.
Intitulé «Alger lance la plus grande chasse à l'homme noir, depuis l'indépendance», à la veille du Forum Africain d'Investissements qui s'est ouvert, ce samedi, dans la capitale algérienne, le document revient sur la «rafle contre les Noirs» de jeudi dernier qui a débuté aux environs de 20h, dans tout l'Algérois, selon le syndicat. Une opération qui aurait mal tourné, lit-on dans le document signé par le chargé du dossier migration, Fouad Hassam, puisque les migrants subsahariens «ont fait de la résistance», refusant de monter dans la trentaine de bus prévus à cet effet. Le Snapap utilisera des mots forts comme «déportation vers le sud du pays» ou «opération de refoulement» pour commenter cet événement malheureux. Ainsi et contrairement aux précédentes opérations de «rapatriement humanitaire», initiées dans le cadre de la convention signée, entre Alger et Niamey, les ressortissants africains, en situation irrégulière, ont réagi vivement «en signifiant leur total refus de quitter le pays par cette manière musclée et dégradante», explique le communiqué. Le Snapap estime que les Africains ont été ramassés comme «des malfrats», pour ceux qui se trouvaient sur la voie publique. Pour ceux qui se trouvaient dans leurs domiciles, ils ont été carrément arrachés de leurs lits, laissant ainsi leurs biens derrière eux, lit-on encore. «Personne n'a été épargné à la veille de ce jour de prière, ni femme enceinte, ni femme accompagnée de bébé, ni enfants», précise-t-on. Le syndicat adjoint comme pièces à conviction le témoignage de certains migrants à l'image de la Camerounaise Valérie, arrêtée en allant chercher son enfant qui se trouvait dans une école. «Elle n'a aucune nouvelle de son fils» affirme la même source d'informations. Plus grave encore, le cas de sa compatriote Hélène qui aurait été maltraitée à l'est d'Alger «alors qu'elle est enceinte de plusieurs mois». Armondo de nationalité ivoirienne a, quant à lui, été stupéfait des propos tenus par un responsable du Croissant-Rouge algérien (CRA) à l'entrée du centre de ramassage à Zeralda qu'il dirige. Le Snapap croit savoir que du moins jusqu'à 2h du matin de ce samedi, quelque 1.500 Subsahariens se trouvaient toujours à l'intérieur de ce centre placé sous surveillance de la gendarmerie nationale. Le communiqué affirme, aussi, qu'une grande partie des migrants a passé la nuit dehors dans le froid. «Rien à manger depuis leur arrestation du jeudi, jusqu'au soir du vendredi», accusant le CRA de faillir à sa mission en ne distribuant qu'un peu de riz et «juste une seule fois». Les malades doivent faire acheter les médicaments à leur frais, ajoute-t-on. Le document du syndicat revient aussi sur les incidents qui ont éclaté, ce vendredi, vers 23h, quand les gendarmes ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes et à «matraquer les migrants», qui ont refusé de monter dans les autocars. On évoque même un blessé grave qui serait décédé, selon le témoignage téléphonique des migrants. D'autres blessés ont été transférés aux soins. Le Snapap s'interroge sur l'opportunité d'une telle opération «improvisée à la dernière minute» sans «aucune prise en charge sérieuse», au vu de «l'état des lieux du camp». Une rafle qualifiée de «non-sens diplomatique», à la veille de l'ouverture du plus grand Forum Africain d'investissements et d'affaires du Continent «où il est attendu la présence de plus de 800 hommes d'affaires africains et d'une centaine de représentants des gouvernements des Etats d'Afrique». |
|