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Constantine - Traitement du diabète: Un complément alimentaire qui fait jaser

par A. Mallem

Depuis que les malades diabétiques ont appris que le produit ?RHB', conçu par un chercheur constantinois comme un complément alimentaire, dans le traitement de la maladie, est en vente dans des pharmacies, à Constantine et El-Khroub, ils se sont rués, en grand nombre, dans les officines pour en acquérir en grandes quantités. Ce produit est vendu à 1.760 DA, la boîte de 56 comprimés, comme nous l'ont appris des malades qui nous ont souligné le grand engouement créé par le nouveau produit auprès des diabétiques. «Mais là n'est pas le fond du problème, ont rétorqué, hier, des pharmaciens constantinois que nous avons reçus, à notre bureau. Ces derniers ont tenu à expliquer que ce nouveau produit fait l'objet d'une grande controverse, dans le milieu médical et de la pharmacie, «parce qu'il pêche vraiment par de nombreux défauts, disent-ils». D'abord au niveau de la composition, ont indiqué nos interlocuteurs, nous remarquons que la matière active SOPEB ne contient que des abréviations et en matière médicamenteuse les abréviations ne sont pas tolérées, lors de l'enregistrement au Laboratoire de contrôle. Il faut que le produit soit détaillé et écrit en toutes lettres. Concernant les complexes vitaminés ensuite, le concepteur a ajouté d'autres compositions : les protides, les oligo-éléments et les Oméga 3 sans aucune dose ou quantité précise. Alors que c'est absolument obligatoire. En troisième lieu, ce produit est recommandé, selon la notice qu'il contient, aux adultes et aux enfants dont l'âge dépasse 8 ans. Et pour ces derniers il recommande la prise d'un demi-comprimé. Or, les comprimés contenus dans la boîte du RHB ne sont pas sécables et si on les coupe la matière essentielle qui le compose est détériorée». Les pharmaciens se sont demandé, avec étonnement, comment, dans ce cas, le produit est passé par un enregistrement de contrôle ou de laboratoire.

«Au ministère de la Santé, on nous a dit que cela ne relève pas de la compétence de ce département mais de celle du ministère du Commerce. Mais il reste, tout à fait clair, que si les doses prescrites, dans un médicament ne sont pas connues le médicament devient dangereux pour la santé du malade. Et cela implique que si le malade prend, régulièrement, ce produit, il sera soumis aux risques d'infarctus du myocarde, des problèmes rénaux et même le cancer, en cas d'hypervitaminence. M.A. Bouherid, pharmacien à Constantine qui a occupé, il n'y a pas longtemps, le poste de président du Syndical local des pharmaciens d'officines (Snapo), a révélé que le Syndicat national a recommandé aux pharmaciens d'officine d'être très prudents dans la commercialisation de ce nouveau produit, «et qu'il faut avoir toutes les informations nécessaires le concernant», a-t-il ajouté. Malheureusement, nous n'avons aucune information précise puisque le concepteur de ce produit n'a pas cru nécessaire d'organiser des rencontres avec les pharmaciens et les médecins. Il n'a pas investi dans l'information médicale dans les pharmacies afin de pouvoir donner des gages sur son produit, en fournissant des prospectus pour les orienter». Et de nous montrer, ensuite, la copie d'une note de rappel émanant du ministère de la Santé, direction générale de la Pharmacie et des Equipements de santé, qui affirme que «seuls les médicaments enregistrés à la nomenclature nationale des produits pharmaceutiques, à usage de la médecine humaine, sont autorisés à la commercialisation». Et de demander aux pharmaciens de faire preuve de vigilance à cet égard.

Aussi, la grande majorité des pharmaciens constantinois fait preuve de prudence, voire de réticence, pour se lancer dans la commercialisation du RHB. On affirme, aussi, que les conseils de l'ordre des médecins et des pharmaciens, s'ils n'ont pas rejeté explicitement ce complément alimentaire, ont laissé le choix à leurs adhérents d'agir «selon leur conscience».

Ainsi, pour M. Baghloul, le président du conseil de l'ordre des pharmaciens de la région de Constantine, «les pharmaciens connaissent la réglementation en la matière. En ce qui me concerne et en tant que conseil de l'ordre, le seul conseil que je donne aux pharmaciens qui veulent commercialiser ce produit est qu'ils informent, systématiquement, les malades en insistant pour leur dire de ne pas abandonner leur traitement. Sinon, ils pourraient avoir de graves problèmes de santé et risquent même d'y passer». Et de nous révéler qu'ils ont eu des échos sur certains diabétiques qui sont tombés en hypoglycémie après avoir pris ce complément alimentaire. «Est-ce que ce sont des rumeurs ou pas, cela reste à confirmer auprès des hôpitaux», a dit M. Baghloul, ajoutant qu'il faut insister, impérativement, auprès des malades pour qu'ils n'abandonnent pas leur traitement.