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Les
pays membres de l'OPEP sont «dos au mur, ils ne peuvent revenir en arrière»
après l'accord d'Alger, a estimé hier dimanche M. Abdelmadjid Attar, ancien
ministre de l'Hydraulique et ex-PDG de Sonatrach. A
quelques jours de la réunion de l'Opep à Vienne,
qualifiée de décisive par les experts pour la remontée ou la chute des prix de
pétrole, M. Attar s'est dit «pratiquement certain que les pays membres de
l'Organisation vont aboutir à un accord, quel qu'il soit». Il a déclaré à la
radio nationale que les pays membres de l'OPEP «ne peuvent pas revenir en
arrière après ce qu'ils ont fait ou ce qu'ils ont conclu à Alger». Pour M.
Attar, «c'est une bonne chose que l'accord d'Alger a été atteint, il y a eu les
efforts de l'Algérie, qui a fait pression». Mais, ce sont «les détails
techniques de mise en œuvre de cet accord qui posent problème», a-t-il dit,
avant de rappeler que «sur le marché, il y a trop de pétrole, cela tourne
autour de 1,5 mb/j supplémentaires. Les stocks aux Etats-Unis sont au maximum,
alors qu'il y a un élément important, un paramètre essentiel, qui a fait
baisser les prix de pétrole, c'est la récession économique dans les pays gros
consommateurs de pétrole, les pays du G20, qui sont touchés par une crise très
sérieuse et qui font de l'économie d'énergie actuellement». En fait, «tous les
pays Opep sont touchés de la même façon, ils sont dos
au mur, et ils sont obligés de sortir avec un accord à Vienne, quel qu'il
soit», escompte M. Attar. Pour l'Arabie saoudite, plus gros producteur de
l'OPEP, il estime que «Riyad est à son maximum (de production), elle est
touchée par la crise, donc les Saoudiens ne peuvent, ni n'ont intérêt à
produire plus».
L'ex-PDG de Sonatrach pense ainsi que ce sont les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, qui doivent «réduire leur production pour stabiliser les prix autour de 50 dollars. Une réduction autour de 750.000 b/j va porter le prix à 55 dollars et plus. Ce sont eux, les Saoudiens qui ont augmenté leur production, ils ont augmenté leur part de production car les autres pays étaient en baisse de production (le Nigeria faisait moins que son quota, comme le Venezuela ou l'Algérie)». M. Attar, qui rappelle que «l'objectif avant et au cours de la réunion d'Alger était de réduire (la production) au-delà de 500.000 b/j, que ce niveau n'est pas efficace», a indiqué qu'«à plus de 750.000 b/j, ce serait vraiment excellent». D'autre part, même les pays non-Opep ont «également intérêt à réduire leur production, comme la Russie, le Mexique, le Kazakhstan ou l'Angola. Et si la Russie participe à l'effort, même de façon symbolique à 300.000 barils/j, ce serait alors extraordinaire», souligne M. Attar. «A eux seuls, a-t-il dit, les Etats-Unis et la Russie produisent plus de 20 mb/j, les Etats-Unis étant la cause de la chute du marché avec leur pétrole de schiste depuis 2008, et ils n'importent plus de gaz naturel, ils en exportent et ont doublé leur production pétrolière depuis quatre ou cinq ans». Pour M. Attar, «la Russie doit être convaincue de participer à l'effort de stabilisation du marché, car elle est perdante, tout comme l'Arabie saoudite ou l'Algérie». Il a laissé entendre, ainsi, que le ministre algérien Nouredine Bouterfa «aurait eu une promesse de la Russie pour participer à l'effort de réduction de production, car sans la Russie, le Mexique, le Kazakhstan ou l'Angola, sans la participation de ces pays, le résultat de la réunion de Vienne ne sera pas extraordinaire». A Alger, a-t-il poursuivi, «l'accord sur le plan technique n'a pas été défini, et cela a été laissé au comité technique de réduire entre 32,5 et 33,5 mb/j». Hier dimanche, l'agence de presse du ministère iranien du Pétrole, Shana, a indiqué que la proposition de l'Algérie de réduction de la production que le comité d'experts a acceptée et qui sera soumise à la réunion de Vienne (30 novembre 2016), est que les pays Opep baissent leur production de 1,1 million de barils par jour. «Le gouvernement algérien a proposé une baisse de la production totale de l'Opep de 1,1 million de barils par jour», a déclaré M. Bouterfa à l'issue de ses entretiens samedi à Téhéran avec son homologue iranien, Bijan Zanganeh. Tous unis pour un bon accord L'autre volet de la proposition algérienne, a poursuivi M. Bouterfa, en tournée dans certains pays pétroliers avant la réunion de Vienne, est que les pays producteurs non-Opep baissent leur production de 600.000 barils/jour. «La baisse des prix du pétrole qui affecte l'économie mondiale doit être stoppée», a déclaré le ministre algérien à Téhéran et a ajouté que «nous espérons que cette prochaine réunion sauvera le marché pétrolier de la crise actuelle». Les prévisions de M. Attar, par ailleurs, ne sont pas loin de ces estimations. Pour lui, «s'il y a un effort supplémentaire au-delà de ce qu'ils ont annoncé, avec une réduction réelle de 700.000 b/j, ils vont stabiliser le prix autour de 55 dollars et, avec une réduction d'un mb/j, le prix sera stabilisé entre 55 dollars et 60 dollars le baril». Pour M. Attar, «ils ont tous le dos au mur, y compris la Russie. Ils doivent sortir avec un accord, même diplomatique, ils ne peuvent revenir en arrière». Face à ces choix difficiles, «l'Algérie doit aujourd'hui aller vers une diversification de ses ressources énergétiques qui est dans les énergies renouvelables», estime d'autre part M. Attar pour qui «cela ne sert à rien d'augmenter la production d'hydrocarbures». Car «ce sera au détriment des réserves ultimes des gisements. Ce n'est pas cela qui va sauver l'économie algérienne», a-t-il fait remarquer. «On a perdu 50% de la valeur du baril, est-ce qu'on peut augmenter de 50% notre production ? Non, c'est impossible, on ne le fera ni aujourd'hui, ni dans cinq ans, ni dans dix ans». Dès lors, pour atteindre l'objectif de créer des énergies renouvelables, il estime qu'il faut préserver Sonatrach comme compagnie pétrolière uniquement, mais «il faut créer une Sonelgaz-bis pour les énergies renouvelables, car on doit absolument créer une nouvelle industrie du renouvelable en Algérie». M. Attar se dit «absolument convaincu par le gaz de schiste : j'y crois personnellement, sur le plan technique du moins». Selon cet ancien P-DG de Sonatrach, il y a 22.000 milliards de m3 (de gaz) dans le sous-sol algérien. Et c'est prouvé. Ce qui n'est pas prouvé, c'est leur exploitabilité. Il faut avoir de l'argent pour les produire sans toucher à l'environnement, aux ressources en eau». «Il s'agit de problèmes techniques, ni plus ni moins». Les réserves prouvées de l'Algérie sont de 3.500 milliards de m3 de gaz et de 1,7 milliards de TEP pour le pétrole. Sur la consommation de ces réserves prouvées, il explique: «Si on produit comme on le fait aujourd'hui, une grande partie (du pétrole) exportée et la consommation interne au niveau actuel, on aura pour moins de 30 ans. Mais, si on finance nos importations par d'autres ressources, on en aura jusqu'en 2050 ou 2060. Cela dépend de ce qu'on fait des hydrocarbures». |
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