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Malgré
toutes les mises en demeure adressées aux chaînes de télévision privées, le
constat d'une dérive religieuse est toujours d'actualité ce qui a probablement
incité le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs
à se réunir avec le président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuelle
(ARAV). Mohamed Aïssa, qui n'est pas à sa première
tentative de recadrer le discours religieux véhiculé par les supports
audiovisuels, a insisté sur la promotion d'un discours modéré respectueux du
référant religieux de la société algérienne. Rappelant le rôle de sentinelle
des médias, en veillant à diffuser des programmes qui reflètent une certaine
image de l'Algérie, il a appelé à lutter contre les discours subversifs relayés
par les différents médias «notamment audiovisuels» ainsi que les autres
supports médiatiques avec leurs multiples réseaux, faisant certainement
référence à Facebook, «qui prônent la radicalisation violente, le sectarisme et
les idées étrangères aux valeurs nationales et à l'identité algérienne».
L'intervention du ministre Aïssa et son appel aux
professionnels d'«adopter une démarche commune pour sécuriser la vie
intellectuelle des Algériens», suscitent l'interrogation quant à une campagne
lancée par le gouvernement pour mettre Internet sous surveillance. Lors de
cette rencontre, il a annoncé que des rencontres seront prochainement
organisées pour débattre de questions relatives à la religion, dont un colloque
prévu le 4 décembre à Guelma avec pour thème «Le discours religieux dans les
médias».
Le sujet préoccupe en haut lieu et le contexte socio-économique d'aujourd'hui reste le terreau le plus fertile à une invasion de référents religieux extérieurs, avec le wahhabisme et le ahmadisme, et la multiplication des discours religieux basés sur la haine et la division confessionnelle. De son côté, le président de l'Arav, M. Benhamadi a plaidé pour l'installation d'un cadre «qui permettra de réguler ce discours». A l'époque de la présence de Miloud Chorfi à la tête de l'Arav, Mohamed Aïssa et, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, avait révélé que certaines chaînes TV sont «inconscientes» des dégâts qu'elles provoquent, estimant nécessaire d'aller vers leur réorganisation. «La course à l'audimat les pousse à l'extrême, sans mesurer l'impact de ce qu'elles diffusent sur la société», avait-il déclaré à propos d'une surenchère dans la présentation de prêcheurs cathodiques pas toujours inspirés. Alors qu'il est du premier ressort de l'Autorité de régulation d'intervenir directement à propos des dérives enregistrées par ces chaînes, on assiste souvent à un dépassement des fonctions du ministère de la Communication ou encore des Affaires religieuses dans ce genre de cas de figure. Mohamed Aïssa, apparemment excédé par le contenu des interventions de pseudo exégètes du culte, tient à rappeler les lignes rouges à ne pas dépasser. Même si son avis n'est que consultatif, il n'en demeure pas moins que les rappels à l'ordre du ministre dénotent d'un certain laxisme en aval qui donne des libertés incontrôlées et surtout irresponsables pour les patrons de certaines chaînes qui versent carrément dans des discours religieux surréalistes poussant le ministre des Affaires religieuses jusqu'à demander à «consulter», préalablement, la liste des invités devant participer à des débats d'ordre religieux sur les plateaux des chaînes TV. |
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