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Derrière
tous les camouflets qu'essuie sa diplomatie sur le dossier du Sahara
occidental, le Maroc y voit systématiquement la main manipulatrice de
l'Algérie. Les autorités de Rabat et les médias du pays n'ont pas failli à
cette présentation s'agissant de celui cinglant que l'Afrique a administré à
Malabo à la délégation du Royaume qui a eu l'outrecuidance d'exiger d'elle
d'exclure celle de la RASD présente au forum afro-arabe en sa qualité de
représentante d'un Etat membre fondateur de l'Union africaine.
Comme il fallait s'y attendre, ces milieux marocains se sont déchaînés contre l'Algérie l'accusant d'avoir usé de toutes les « turpitudes » pour dissuader les Etats africains d'accéder à la demande de leur pays soutenue en l'occurrence par quatre des Etats arabes présents au forum, y compris celle d'avoir formulé à certains d'entre eux des menaces sur leur sécurité nationale qu'ils ont dû prendre au sérieux en tenant compte des capacités de nuisance en la matière dont elle disposerait selon « l'expertise » marocaine. Il y a pourtant que cette fois il n'y a pas que sur l'Algérie que les officiels et les médias marocains se déchaînent. Leur ressentiment fielleux se déverse aussi sur l'Egypte qui a non seulement refusé de suivre le Maroc et les quatre pays arabes dans leur protestation contre la présence au forum de la délégation de la RASD mais s'est franchement rangée aux côtés des Etats africains qui défendent le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance de son territoire. L'attitude égyptienne qui plus est manifestée par le président Abdel Fattah El Sissi présent en personne au forum de Malabo a sonné la délégation marocaine et fait crier à la « trahison égyptienne » les médias stipendiés du Royaume. Il n'est pas d'invectives que ces médias se sont interdits de formuler à l'encontre du président égyptien, pas même celle extravagante le donnant pour avoir « brisé le consensus » arabe sur le dossier sahraoui (consensus approuvant soi-disant le rattachement du Sahara occidental au Royaume) sur injonction de l'Algérie qui fournit à son pays l'approvisionnement vital en hydrocarbures dont l'Arabie saoudite le prive. Le président El Sissi fait l'objet au Maroc d'un lynchage médiatique en règle à la mesure de la sidération qu'a provoquée sa décision de démarquer son pays de la position pro-marocaine sur le dossier sahraoui commune aux pétromonarchies de la péninsule arabe. Ceci présage que les relations maroco-égyptiennes vont connaître des turbulences. D'Etat « frère » que l'Egypte a été tant qu'elle a soutenu la thèse de la marocanité du Sahara occidental, elle devient pour Rabat un pays hostile en vertu de l'axiome sur lequel repose la politique marocaine envers les tiers sur la question sahraouie consistant à considérer ennemi quiconque s'interrogerait sur la légalité de l'annexion du territoire du Sahara occidental. Le déchaînement marocain anti-égyptien est compréhensible car la position adoptée à Malabo par Abdel Fattah El Sissi et implicitement approuvée par la majorité des Etats arabes présents au forum afro-arabe de Malabo a fait voler en éclats l'illusion ayant été entretenue par la diplomatie marocaine d'une unanimité arabe sans faille en faveur de la thèse de son pays sur le conflit sahraoui et conforté ainsi les Etats africains à ne pas renier la leur à l'égard de la RASD qui leur a dicté leur fidélité au principe d'extirper du continent le dernier vestige de la colonisation qu'est l'occupation par le Maroc du territoire du Sahara occidental. |
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