|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
En juillet
dernier, les chefs d'Etat et de gouvernement africains présents à Kigali
(Rwanda) pour le sommet de l'Union africaine ont, faute d'accord, convenu de
reporter à janvier prochain l'élection de l'homme ou de la femme appelé à
succéder à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma à la présidence de la Commission de
l'organisation. Ils se sont ainsi donné le temps de poursuivre en toute
discrétion leurs négociations sur ce sujet porteur du risque d'accentuer les
lignes de fracture entre Etats africains.
L'Algérie, on le sait, ne brigue pas pour l'un des siens ce poste stratégique de l'organisation panafricaine et cela en dépit qu'une candidature de son ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamara aurait probablement, selon les observateurs, fait consensus. Ce n'est pas pour autant qu'elle se tient à l'écart des contacts, négociations et tractations ayant pour objet la succession à la tête de l'Union africaine. Elle y prend même intensément part avec pour objectif de faire barrage aux candidatures dont elle a quelque raison de se méfier des soutiens qui se profilent derrière. Les postulants à la présidence de la Commission de l'Union sont cinq : quatre ministres des Affaires étrangères du Tchad, du Kenya, de Guinée équatoriale et du Botswana ainsi qu'un diplomate sénégalais. Plus que celle des quatre premiers, c'est la présence de ce dernier parmi les candidats à la succession qui aiguillonne l'action de la diplomatie algérienne. Ce diplomate sénégalais, Abdoulaye Bathily, serait un intellectuel respecté et panafricaniste convaincu dont l'élection à la présidence de l'UA n'aurait pas posé problème à l'Algérie, n'eût été que sa candidature a été proposée par le Sénégal son pays et qu'elle a le soutien du groupe d'Etats de l'Afrique de l'Ouest qui bataillent pour un retour du Maroc au sein de l'organisation s'accompagnant de l'exclusion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de celle-ci. Ce que redoute et à bon droit l'Algérie de ce candidat, c'est qu'il devienne au sommet de l'Union le cheval de Troie de ce groupe d'Etats et l'instrument obligé qu'il utilisera pour tenter de faire aboutir son dessein. Pour faire échec à l'offensive diplomatique visant à rallier le nombre d'Etats nécessaire à l'élection du Sénégalais, la diplomatie algérienne n'est pas en reste et s'active à en rendre la perspective impossible. Il est clair que l'opposition de l'Algérie à son élection ne va pas contribuer à conforter ses relations avec le Sénégal qui n'ont jamais été chaudes du fait de l'alignement systématique de celui-ci derrière le Maroc et l'appui qu'il donne à sa thèse défendant l'appartenance du Sahara occidental au Royaume. Le sommet de janvier de l'Union africaine promet une confrontation sans concession entre les diplomaties algérienne et sénégalaise tant sur le dossier de la succession de la Sud-Africaine Zuma que sur celui du retour du Maroc dans l'organisation. Il paraît que sur celui-ci le déploiement et l'activisme de la diplomatie ont obtenu pour résultat que la motion parrainée par le Sénégal et le groupe des Etats de l'Afrique de l'Ouest pour « réclamer la suspension des activités de la RASD » au sein de l'organisation sera indubitablement mise en échec par le bloc d'Etats que l'Algérie a convaincu de ne pas trahir l'engagement dont il a fait montre en faveur de la cause sahraouie depuis qu'elle figure dans l'agenda de l'organisation panafricaine et autres forums internationaux. |
|