Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Des lycéens protestent: Le bac 2017 s'annonce déjà mal

par Mokhtaria Bensaâd

Les dernières déclarations de l'inspecteur général au ministère de l'Education, M. Nedjadi Messeguem, sur le maintien de la réforme de l'examen du bac et l'affichage d'une note du ministère dans tous les lycées confirmant cette décision ont été mal perçues par les lycéens qui ont exprimé leur mécontentement. Pour marquer le refus aux changements annoncés pour l'examen du bac pour cette année scolaire 2016/2017 des mouvements de protestation ont été organisés hier par des élèves à travers le territoire national. L'information sur cette action a d'abord circulé sur les réseaux sociaux pour une mobilisation contre cette réforme. A Oran, plusieurs lycées ont rejoint le mouvement. Les élèves de l'établissement Omar El Mokhtar de la cité Akid Lotfi ont même organisé un sit-in devant la direction de l'éducation pour exprimer le rejet de tout changement dans le calendrier du baccalauréat. Une manifestation qui a entraîné une perturbation de la circulation durant la matinée. Rencontrés sur les lieux, ces élèves se sont dits déterminés à poursuivre la mobilisation tant que le ministère campe sur sa position. Des lycéens ont exprimé leur frustration de voir les heures des épreuves réduites avec des matières compressées. 2h pour l'épreuve de math et l'épreuve de philosophie et 3h pour les sciences naturelles, c'est insuffisant, diront-ils. «Cela ne peut que charger l'emploi du temps de l'élève et le stresser davantage durant cet examen. Nous voulons revenir au système classique avec le maintien des horaires initiales». Pour d'autres élèves, c'est le début des épreuves du bac à 8h du matin au lieu de 8h30 habituellement qui pose davantage problème pour les candidats au bac du fait que «le bac 2017 se déroulera au mois de ramadhan et débuter l'examen à cette heure-ci est très contraignant pour nous. En plus, pourquoi avoir réduit le bac de 5 à 4 jours ?», ont lancé les manifestants. De nouveau un climat de tension au sein des établissements scolaires et un stress chez les parents d'élèves qui redoutent le pire notamment avec la grève de l'intersyndicale.

Du côté des syndicats de l'éducation, cette réaction des élèves était attendue, «vu la procédure entreprise par le ministère pour instaurer une réforme du bac».

Pour le Snapest, «il est clair», nous dira le coordinateur national de ce syndicat, M. Meziane Meriane, que «l'objectif recherché au départ par la réforme du bac était purement pédagogique, or on s'est aperçu que cet objectif a été détourné pour devenir financier. Réduire l'examen du bac de 5 jours à 4 jours en maintenant les mêmes matières ne peut avoir qu'une explication : le ministère a voulu gagner financièrement». Le même syndicat se dit déçu après tout le travail accompli par la commission chargée de ce dossier de voir que les engagements pris n'ont pas été respectés. Pour redresser la barre, M. Meziane estime que le ministère doit trouver une solution à ce problème en prenant en charge le côté pédagogique.

Le porte-parole du CLA, M. Bachir Hakem, a souligné pour sa part que cette réforme du bac s'est faite par improvisation et bricolage. «La réaction des élèves était attendue du fait qu'il y a une contradiction entre ce qui a été dit et ce qui a été appliqué». Une situation que le CLA dénonce arguant que ni les enseignants ni les syndicats n'ont été associés pour donner leur avis sur cette réforme. Pour le CLA, réduire le bac à 4 jours avec une réduction du temps pour chaque matière est pédagogiquement incorrect.

Même son de cloche du côté de l'UNPEF. Le chargé de la communication, M. Amraoui, a insisté sur la nécessité d'informer et d'expliquer aux élèves les changements qui seront opérés pour éviter tout amalgame sur ce sujet sensible et mettre fin à toutes les rumeurs. Il a réitéré la position du syndicat concernant ce dossier en soulignant que «l'UNPEF a toujours plaidé pour le maintien des matières qui sont en rapport avec l'identité nationale et l'histoire du pays avec une réduction des heures du bac sans que cela puisse constituer une contrainte pour les candidats».