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Equipe nationale - De Gourcuff à Leekens: Chronique d'une décadence programmée

par Kamel Mohamed

L'élimination quasiment consommée de l'équipe nationale du Mondial-2018 de Russie a été programmée pour ainsi dire quand la FAF avait recruté le technicien français Christian Gourcuff, au lendemain du Mondial-2014 du Brésil. Gourcuff avait succédé à Vahid Halilhodzic, lequel avait su fructifier tout ce qui a été accompli par Rabah Saâdane. Gourcuff qui était présenté par le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, comme un "grand entraineur" avait fini par quitter la sélection sur la pointe des pieds, après avoir échoué dans ce qu'il avait appelé son "projet de jeu en sélection". Gourcuff avait démoli tout ce qui a été construit par Saâdane et Halilhodzic dans la mesure où il n'a jamais pris en main une sélection nationale. En fait, il faisait son apprentissage en équipe nationale, au sein de laquelle il avait inculqué l'esprit de club aux joueurs. Ces derniers avaient pris la grosse tête en se considérant comme des intouchables. Alors que Saâdane et Halilhodzic avant avantagé l'esprit du groupe, Gourcuff avaient mis en avant les individualités en citant dans ses déclarations des noms de joueurs au lieu de parler du groupe, comme ses prédécesseurs. Il faut reconnaitre que Gourcuff avait bénéficié d'une longue période de grâce. Cela n'a pas suffi car il avait vu ses carences dévoilées quand l'équipe nationale affrontait les grandes équipes. En ce sens, la FAF s'était rendu compte qu'avec Gourcuff, l'Algérie n'ira pas loin. Du coup, les manœuvres pour pousser Gourcuff au départ avaient commencé. Le technicien français avait fini par comprendre qu'il était indésirable à la FAF, d'autant plus que ses rapports avec le président de la fédération devenaient de plus en plus tendus. Gourcuff a fini par partir, laissant derrière lui des joueurs en pleurs, opposés à son départ. Il s'agit de joueurs ayant souffert de la discipline de Halilhodzic avant de jouir d'une liberté sans limite du temps de Gourcuff. Bien que ces joueurs aient signifié à Raouroua qu'ils étaient solidaires avec Gourcuff, le président de la FAF avait tenu à se séparer du technicien français. Cumulant erreur sur erreur, Raouraoua avait mis quatre mois pour engager un nouvel entraineur. Il avait recruté le Serbe Milovan Rajevac, lequel avait beaucoup de points communs avec Halilhodzic, notamment sur le plan de la discipline. Les joueurs, habitués à la gentillesse, voire à la passivité de Gourcuff, n'ont pas accepté la rigueur de Rajevac. Ils ont fini par se venger de Raouraoua qui a poussé Gourcuff à quitter l'équipe nationale. Leur vengeance consistait à se rebeller contre Rajevac, lequel voulait faire comme Halilhodzic, à savoir renouveler l'effectif de l'équipe nationale en écartant les joueurs ayant pris la grosse tête. Finalement, ce sont ces joueurs qui ont eu raison puisque Raouraoua a préféré sacrifier Rajevac. Alors qu'il avait promis de ramener un entraineur de renom, le président de la FAF a persisté dans ses erreurs en faisant appel au Belge Georges Leekens, dont le premier passage en équipe nationale en 2003 a été un échec. En témoigne le revers de samedi dernier contre le Nigeria (3-1). Cela a confirmé que Leekens n'a pas apporté un plus à l'équipe. Ses choix tactiques ont dévoilé sa panique et sa trouille dans les grands matches. On est ainsi tenté de dire que Leekens est venu achever l'équipe nationale, laquelle n'ira pas au Mondial et risque, à ce rythme, de rater la CAN-2017 du Gabon. Ce serait une triste fin pour l'équipe nationale bâtie sur du vent par Raouraoua, dont l'unique souci a toujours été le résultat immédiat. Cela explique la sélection des joueurs évoluant à l'étranger au lieu d'investir dans la formation. Le pire est à venir car les bons résultats de l'équipe nationale ne sont pas le fruit d'un championnat local fort. La faute incombe à la fédération dont le président a géré l'équipe nationale comme son propre club.