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Après une participation honorable aux Jeux paralympiques: Les sportives plaident pour une prise en charge réelle des handicapés

par Mokhtaria Bensaâd

Ils veulent que le regard de la société change. Ils ne veulent plus être une charge pour leurs familles. Ils veulent une citoyenneté à part entière. Ce sont ces personnes aux besoins spécifiques qui se sentent marginalisés par la société, conçue juste pour les personnes valides. Après une participation honorable aux Jeux paralympiques de Rio de Janeiro au Brésil où la délégation algérienne a remporté 16 médailles dont 4 en or, 5 en argent et 7 en bronze, les athlètes et sportifs du clubs sportif des handicapés moteurs féminins «Ibtissama» ayant fait partie de cette délégation ont voulu sortir de l'anonymat et orienter les projecteurs sur cette frange de la société qui, malgré son handicap, arrive à faire des exploits grâce à une volonté de fer. Réunies samedi à l'hôtel Liberté, ces sportives du club Ibtissama sont venues témoigner de leur expérience à Rio et attirer l'attention des autorités locales sur la nécessité et le besoin crucial de prendre en considération les besoins de ces personnes dans tout projet d'intérêt public qui sera réalisé à l'avenir.

Les deux basketteuses, Yamina et Nebya, de l'équipe algérienne de handi-basket féminin sont venues à cette rencontre, organisée par le club, pour parler de leur situation, de l'expérience riche en enseignements vécue lors de leur participation aux Jeux de Rio et aussi secouer le cocotier pour que enfin les mentalités changent envers ces personnes dites handicapées.

Pour Nebya, «cette participation aux Jeux de Rio nous a ouvert les yeux sur la considération accordée à ces personnes en Europe et ailleurs. Sur leur prise en charge et surtout sur le statut d'être humain à part entière qu'on leur donne. Nous avons été éblouies de voir que des infirmes moteurs cérébraux (IMC) soient présents aux Jeux de Rio pour y participer en tant que sportifs avec une prise en charge incroyable sur tous les plans. En les voyant, nous avons oublié notre handicap».

Yamina enchaîne en soulignant que «nous avons été confrontées à une compétition de haut niveau. Nous avons relevé le défi avec une participation honorable. Mais au retour au pays, nous avons constaté que beaucoup reste à faire pour cette frange de la société pour l'aider à s'intégrer et à être indépendante, autonome. Nous ne voulons plus être une charge pour nos familles. Nous voulons vivre comme les autres. Il suffit juste que l'Etat pense à nous et nous facilite la vie et l'accès à tout sans avoir à recourir une aide quelconque. Nous avons vu comment les handicapés sont pris en charge dans les pays étrangers. Tout a été conçu pour leur faciliter la vie. Moyens de transport, accès à l'administration, aux soins médicaux, aux commodités quotidiennes. Tout a été pensé en prenant en considération les besoins de ces citoyens aux besoins spécifiques».

Les deux sportives reviennent sur leur situation en Algérie en expliquant que «dans notre pays, des projets sont réalisés et des infrastructures sont construites sans aucun aménagement pour aider la personne handicapée à mieux vivre et à avoir un réconfort. Se déplacer en chaise roulante, c'est pénible du fait que pour monter le trottoir ou dans un bus ou rentrer dans une administration, c'est un cauchemar. Nous ne sommes pas libres de circuler où on veut alors qu'il existe des moyens pour nos faciliter la vie».

La présidente du club Ibtissama, Halima Seddiki, a indiqué, pour sa part, que «l'exploit de ces sportives aux Jeux de Rio, incite désormais à prendre en charge ces personnes. La volonté existe, nous avons juste un handicap physique qui nécessite une assistance sociale en fonction de nos besoins.