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Des oncologues alertent, la PCH rassure: Un médicament pour traiter le cancer du sein en rupture de stock

par M. Aziza

Le Pr Kamel Bouzid, chef de service oncologie au Centre Pierre et Marie (CPMC), exige au nom des oncologues la livraison en urgence de «l'Herceptin», un anticancéreux indispensable pour le traitement du cancer du sein, en rupture de stock dans plusieurs unités d'oncologie.

En colère, le professeur a affirmé, en marge de l'ouverture avant-hier du 8ème meeting international d'oncologie, organisé par la société algérienne d'oncologie médicale (SAOM) et l'association des médecins arabes de lutte contre le cancer (AMAAC) à l'hôtel Sheraton d'Alger, que le CPMC a reçu jeudi dernier 200 flacons d'Herceptin. Une quantité insuffisante, selon le professeur, qui peut tenir en tout et pour tout quatre jours seulement, en raison du retard dans la livraison qui a duré 15 jours. Mais, pour le professeur Bouzid, cette petite livraison ne peut en aucun cas régler le problème, car plusieurs unités sont en rupture de stock à travers le pays. Il a cité des ruptures à Tlemcen, Annaba, Biskra et à Sidi Ghilès à Tipaza. Le professeur Bouzid a ainsi exigé la livraison du traitement connu sous la dénomination commune internationale de «Trastuzumab» au profit de tous les malades qui traitent déjà avec l'Herceptin.

Kamel Bouzid a affirmé que cette rupture «est artificielle ». Il explique que jusqu'à juillet 2015, il n'y avait qu'un seul médicament de ce type, qui est un médicament de thérapie ciblée ayant pour nom commercial «l'Herceptin». Et de poursuivre «quand ils ont enregistré deux autres traitements biosimilaires qui ne sont ni des copies ni des génériques, on a émis des réserves». En signalant que les anciens malades doivent poursuivre «l'Herceptin » jusqu'à la guérison ou le décès. Et que ces deux biosimilaires doivent être administrés au nouveau malade seulement. Le professeur a précisé qu'il a adressé un rapport détaillé au ministère de la Santé, la direction de la santé et à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour alimenter les stocks d'Herceptin pour ne pas pénaliser les malades qui sont déjà sous traitement. A priori, et selon le Pr Bouzid, les acteurs chargés de la gestion des médicaments n'ont pas tenu compte des avertissements des oncologues, «on a réparti en quota si comme on va distribuer des oignons ou des kiwis», atteste-t-il. Il regrette, résultats des courses prévisibles, depuis 15 jours, il y a rupture en l'Herceptin. Pourtant, affirme-t-il, il y a 14.000 boîtes d'Herceptin à la PCH, mais qu'on refuse de livrer sous prétexte que la date de péremption est encore très loin.

L'oncologue n'a dans aucun cas remis en cause l'efficacité ou la qualité des deux biosimilaires récemment enregistrés. Et d'affirmer qu'il a déjà utilisé ces biosimilaires depuis quatre mois dans ses services pour le nouveau malade atteint du cancer du sein, sans aucun problème. Mais, le problème concerne exclusivement les malades qui sont déjà sous l'Herceptin. Il affirme que ces deux biosimilaires ne sont en fait ni des copies ni des génériques de l'Herceptin, ajoutant qu'il est interdit d'interchanger des médicaments au cours du traitement des malades.

C'est d'ailleurs ce qui a été relevé par Dr Moussaie Assia, chef de service d'unité d'oncologie à l'EPH de Sidi Ghilès dans la wilaya de Tipaza. Cette dernière a précisé que 15 à 20% des malades atteintes du cancer du sein doivent poursuivre leur traitement. A peu près une centaine qui est sous Trastuzumab et qui risque d'être pénalisée. Elle affirme qu'elle ne pourra pas donner les nouveaux biosimilaires aux anciens patients, et elle ne le fera pas en l'absence de réglementation.

Mohamed Ayad, directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), a affirmé pour sa part qu'il n'y a aucune intention de suspendre la livraison de l'Herceptin pour les anciens malades. Et d'affirmer que la disponibilité y est et en quantités suffisantes. Il a demandé, dans ce sens, aux oncologues de recenser avec précision le nombre des malades et la durée prévisible du traitement pour que la PCH leur livre les quantités demandées selon les besoins.