L'impression qui s'est dégagée audelà de
deux jours de séminaire, c'est ce constat d'échec de création de pont entre
l'université algérienne et l'entreprise. Malgré les signatures de conventions
ayant caractérisé les dernières éditions, le chercheur algérien se retrouve
seul. D'ailleurs, le Pr. Abdelaziz Taïri,
vice-recteur à l'UMBB, insiste sur la révision de ces contrats qui n'apportent
rien au chercheur ni à l'université mère. Ainsi, sur 206 travaux scientifiques
visant à traduire l'impact de la recherche sur le monde socioéconomique,
combien seront concrétisés sur le terrain, pris en charge et développés par les
entreprises, c'est toute la problématique à laquelle font face ces doctorants.
Pourtant, le 6e séminaire national sur les matériaux, procédés et
environnement, qui vient de se dérouler à l'université M'hamed-Bouguerra
de Boumerdès, offrait un forum pour discuter des
derniers développements sur l'utilisation des nouveaux matériaux organiques et
inorganiques et fournir aux participants œuvrant dans l'industrie des centres
de recherche une occasion de mettre en commun leur savoir et de se renseigner
sur les technologies nouvelles et novatrices et de discuter des perspectives
d'avenir et des orientations futures. Comme l'a souligné le président du 6e
SNMPE, le Dr Irekti Amar: «
Ce qui n'arrange pas aujourd'hui les choses, c'est que l'université travaille
en solo; nous nous retrouvons avec plusieurs travaux et essais émanant de tous,
ce à quoi la tutelle oriente le choix des sujets de thèses vers le
développement technologique national, avec la création de pôles doctorants ».
Un chercheur, qui a reçu le 1e prix du FCE pour sa thèse sur les polymères et
revêtements, fait le constat amer de la relation université
(chercheur)-entreprise, après qu'une entreprise privée lui a fait appel pour
prendre en charge un problème auquel faisait face le stade olympique du
5-Juillet. Pris en charge et résolu grâce à un procédé novateur dans les
revêtements en résine, notre chercheur n'a reçu aucun centime en contrepartie
et pourtant le marché était évalué à 10 milliards de centimes. 206 travaux résumés regroupés en trois thèmes : ?'Matériaux
polymères et composites», ?'Matériaux de construction (bétons liants et
céramique)» et enfin ?'Procédés chimiques et environnement» ont été présentés
au niveau de la bibliothèque universitaire, tous se liant directement au
quotidien de l'Algérien, tel ce travail sur la préparation d'un polymère
d'hydroxyde utilisé pour éliminer les phosphates des eaux résiduaires, ou
encore ces deux études très intéressantes et qui collent aux besoins actuels et
futurs de l'Algérie, la caractérisation de la boue d'épuration des eaux usées
séchées par l'énergie solaire. Confrontée aux problèmes de gestion des
boues des stations d'épuration des eaux usées, cette étude a pour finalité
d'évaluer la capacité physicochimique des boues et les premiers résultats
obtenus permettent la réutilisation des boues qui pourrait s'avérer très
intéressante dans le domaine agricole et énergétique. Et le second travail
avait pour but d'analyser les effets de remplacement du sable naturel par le
sable de concassage. L'étude répond à la demande excessive (logements,
autoroutes, complexes sportifs?) des sables naturels, engendrant des problèmes
économiques mais surtout environnementaux, et la substitution a donné des
résultats très encourageants, ce qui permettra de conserver les ressources
naturelles et de confectionner des mortiers et bétons plus performants dans la
construction des bâtiments et des ouvrages de génie civil. Devant ce large éventail
de travaux touchant tous les domaines, agricole, énergétique, environnemental,
sidérurgique et autres, en butte à des problèmes techniques conjugués avec la
crise actuelle due à la baisse des prix du pétrole, les entreprises doivent
saisir cette opportunité locale, jeune, clairvoyante et à jour des dernières
technologies. Mais plus, cette jeunesse novatrice et à moindre coût ne demande
qu'une main tendue au-delà des 09 conventions signées l'an passé mais sans
lendemain.